Au cours d'une escale à Bizerte, je me trouvais dans le souk de Tunis avec des collègues, 2 ou 3. Je portais des lunettes de soleil pas des Ray Ban mais sympathiques, comme on en trouvait partout à l'époque. Partout oui, mais pas en Tunisie.
Un jeune vendeur m'interpelle et me demande si je les lui vends, je lui réponds que non mais, je vous rappelle je suis né dans ce pays, je peux les échanger contre des objets de son bazar.
Il me propose une paire de babouches ordinaires comme il y en a des milliers. Je les refuse et sort retrouver mes amis.
Le vendeur me court après et me demande ce que je veux, je lui dis que j'ai changé d'avis et part. Je connais ces gens là, voir plus haut, il faut les laisser mijoter.
Un bon quart d'heure plus tard nous repassons devant mine de rien. Me voyant ou plutôt reconnaissant mes lunettes, il revient à la charge, je lui réponds que je ne veux toujours rien mais que lui veut mes lunettes.
Pour faire court, ce qui ne fut pas le cas des palabres entre ''pays'', il a eu ce qu'il voulait. Nous sommes tous repartis avec une paire de babouches sophistiquées chacun, des tambourins de plusieurs tailles, des peaux de moutons dont nous avons dû nous séparer en mer tant elles empestaient, des ''bagues'' de pacotille et surtout un service à thé complet théière, plateau et les six tasses posées sur des pieds en céramique le tout en cuivre et non pas en laiton.
J'avais payé mes lunettes en France dans les 25 F environ, une misère mais qui représentait le montant de ma solde à l'époque.
Je ne me faisais pas de soucis pour le vendeur ou l'acheteur suivant le cas, le lendemain arrivaient des bâtiments US et chacun sait que leurs équipages ne regardent pas à la dépense et ignorent le marchandage.
Savez- vous que ''chez nous'' on appelle des chèvres ceux qui ne marchandent pas?
Car le marchandage est un signe de savoir vivre!