En deux ans de dragage l'éventualité du poisson après explosion de mines ne nous a jamais effleuré. Faut dire qu'on était quand même en opérations et je ne nous voit pas faire un demi-tour (en langage navig. ça s'appelle un Boutakoff, du nom de l'officier russe qui a inventé cette manoeuvre) pour épuiser la poiscaille ! En revanche, en 1955, travaillant avec les inventeurs du bathyscaphe, Houot et Willms, on a fait exploser une tonne de TNT au large de Toulon, pour je ne sais quelle obscure expérience. Enfin obscure pour moi.
- Spoiler:
- Comme de bien entendu, on avait publié un AVURNAV pour prévenir les pescadous de ne pas s'approcher à moins d'un mille. Ils étaient pile-poil à distance, et après l'explosion, ça a été la ruée, car là il y avait de quoi faire ! On s'est dit "le cours du poisson va en prendre un coup à la criée demain matin!". Eh bien, pas du tout ! Les pescadous avaient mis le gros de la récolte au frigo et ils l'ont vendue jour après jour, avec seulement les quantités habituelles. Pendant une semaine, au lieu d'aller à la pêche, ils étaient peinards devant le pastis à discuter. C'est pas la sagesse ça !
Michel Guilloteau, merci de rappeler la fin de la Glycine, victime effectivement d'une mine japonaise. On en parlait souvent dans les postes avant, en discutant de l'évolution du matériel de dragage. Ce serait maintenant, il y aurait peut-être une cérémonie aux Invalides... Pardon, c'est une petite aigreur qui me remonte...
Et pour Roli 64, les dragueurs étaient pile devant l'entrée de l'U.M. Saïgon. En général à couple par deux. Géranium-Aubépine et Belladone-Digitale. 33ème division. Juste à côté du magnifique yacht blanc de Bao Daï, pour lequel nous avions consigne de surtout ne pas le toucher lors des manoeuvres. Vous pensez, avec nos défenses faites avec des pneus, risquer de maculer ce beau barlu de m... que je n'ai jamais vu prendre la mer !
Quant à qualifier les dragueurs de gros c... c'est faire trop d'honneur ! D'abord, on se tapait les fleuves, le Mékong et le Rouge au Nord, avec nos petits tirants d'eau. Et puis, faut dire qu'à côté des vrais gros c... qui étaient mouillés dans la rivière de Saïgon, près de l'arroyo de l'Avalanche, on était plutôt minus non ? Je pense aux Jules Verne, La Gracieuse et la Boudeuse, au Cdt de Pimodan, au Savorgnan aussi, il me semble.
Et question ravito, on mangeait du riz tous les jours aussi. Riz au gras en général. Et, plus souvent du paddy, qui est le riz encore enveloppé, plus goûtu. Surtout quand il était cuisiné par un matelot tahitien, Tuahiné. Vous voyez j'ai la reconnaissance du ventre !