Nous devions séjourner aux Seychelles du 4 au 11 février 1979. Pour la première fois depuis mon embarquement début 76, le bord organisa quelque chose pour faire venir nos épouses ou compagnes, qui plus est dans un endroit idyllique.
Mon épouse posa ses congés à l'hôpital Bodélio de Lorient, se fit vacciner contre la variole et le choléra et refaire son passeport après être passée chez le photographe pour une nouvelle photo d'identité.
Avec Jean-Robert Audry, nous avions prévu de réserver une Minimoke et deux chambres à l'hôtel Beauvallon pour une semaine de rêve.

Le 7 janvier, des membres du commando Marine Jaubert embarquent à bord. Bizarre, bizarre. Le 8, nous appareillons de Djibouti. A peine étions nous en mer qu'un message Secret Défense et Urgent Opérations tombe sur les téléimprimeurs : le Commandant Bourdais doit immédiatement faire route vers les côtes iraniennes au large desquelles il restera pour un durée indéterminée. Le séjour prévu aux Seychelles est évidemment annulé. Interdiction formelle de téléphoner à nos familles par l'intermédiaire de Saint-Lys Radio. Les marins ayant donné rendez-vous à leurs épouses ou compagnes aux Seychelles sont cependant autorisés à leur envoyer un télégramme. Que l'on soit quartier-maître ou commandant, seuls trois mots sont autorisés, les mêmes pour tous : "escale Seychelles annulée" + la signature. Rien d'autre, aucune explication.
Imaginez la tête de ces dames lorsqu'elles ont reçu ce télégramme !

En janvier 1979, les évènements se précipitaient en Iran. La révolution était en marche, inexorablement. Chapour Bakthiar, le dernier premier ministre nommé par le Shah, ne parvenait pas à contenir les émeutes qui s'étendaient à tout le pays. Une bonne partie de l' Armée s'était jointe aux insurgés. Quelques jours plus tard, le Shah et sa famille prenaient la fuite. Le 1er février, l'ayatollah Khomeyni rentrait en Iran. Enfin bref, c'était le b****l !

Mission du Commandant Bourdais : être sur place les yeux et les oreilles du gouvernement français, "montrer le pavillon", dissuader, protéger et secourir des ressortissants français ou occidentaux éventuellement menacés, en particulier dans les installations pétrolières côtières ou offshore (d'où la présence de commandos Marine à bord). Si nécessaire, en collaboration avec les Américains qui avaient envoyé plusieurs navires sur les lieux.

Pour moi, une grande nouveauté : sauf en cas de danger imminent, Paris nous imposait un silence radio total pendant toute la durée de la mission dont la durée n'était limitée que par notre stock de vivres (45 jours max si j'ai bonne mémoire). En mode réception uniquement, nous avions une liaison radio "intérieure" avec les Américains (en mode F1 = par téléimprimeur) qui nous communiquaient en temps réel les renseignements en leur possession sur l'évolution des évènements à terre.

Que les mauvaises langues qui disent que les avisos-escorteurs ne faisaient que du tourisme lèvent le doigt !

Jusqu'à ce jour, je n'ai posté que des photos.




Des films Super 8, depuis 1968, j'en ai des dizaines et des dizaines, encore dans leurs pochettes d'origine (sauf ceux de Dakar 1968-70 montés sur deux grosses bobines). Il faudrait que je m'inscrive dans un club vidéo pour apprendre à les numériser, les monter, les sonoriser et, peut-être, les poster un jour sur ACB.