Second porte-avions : MOPA2 boucle son offre commercialeLe PA2, ou CVF-FR MOPA2, société commune de DCN et Thales en charge du projet de second porte-avions, a bouclé son offre commerciale.
Le dossier devait être examiné hier soir par le conseil d'administration de DCN.
Il sera ensuite validé par le CA de MOPA2 avant d'être déposé, dans les tous prochains jours, sur le bureau de la Délégation Générale pour l'Armement.
Cette étape fait suite au passage, cet été, de la revue de conception entre les industriels et le ministère de la Défense, l'objectif étant de présenter un navire le plus semblable possible au modèle britannique (CVF), tout en conservant les spécificités requises pour la Marine nationale.
Ces spécificités, trop importantes pour réaliser un sistership des bâtiments anglais, portent principalement sur la mise en oeuvre d'avions nécessitant catapultes et brins d'arrêts, ainsi que l'espace nécessaire à la politique de maintenance embarquée, plus poussée que dans la Royal Navy.
La coque du bâtiment sera néanmoins très voisine de celles de ses cousins d'outre Manche, le taux de communalité entre les deux plateformes dépassant les 80%.
Pour développer ce projet, qui a nécessité plusieurs dizaines de millions d'euros et trois contrats d'études, dont un signé le 25 septembre dernier, DCN et Thales se sont entourés de plusieurs grands partenaires : Aker Yards (ex-Chantiers de l'Atlantique) a travaillé sur la plateforme, EADS sur des éléments du système de combat, MBDA sur la gestion embarquée des munitions, Bertin Technologies sur l'étude des facteurs humains et Thales Naval UK sur la définition du périmètre du design commun.
D'une longueur de 283 mètres pour un déplacement de 74.000 tonnes en charge, le PA2, ou CVF-FR, pourra embarquer 32 chasseurs Rafale Marine, 3 avions de guet aérien E2-C Hawkeye et 5 hélicoptères NH 90.
Un projet sur cale depuis quatre ansLa présentation de l'offre engageante marque la fin d'un long processus débuté en 2002, avec l'inscription de la phase de conception du second porte-avions (PA2) dans la loi de programmation militaire. Initialement, le Charles de Gaulle devait être suivi par un second bâtiment, éventuellement agrandi afin d'embarquer un nombre plus important de Rafale.
Ce projet s'était néanmoins heurté aux difficultés financières du pays, qui avait déjà eu grand mal à achever la tête de série, dont le ralentissement de la construction à quatre reprises avait fait bondir le coût total à 20 milliards de Francs.
Le choix de Jacques Chirac s'est finalement porté, en février 2004, sur une propulsion classique.
Cette décision ouvrit la voie à une coopération avec la Grande-Bretagne, qui avait lancé en 1999 ses propres études en vue de réaliser deux porte-avions lourds.
Après avoir étudié dans un premier temps une version nucléaire dérivée du Charles de Gaulle, puis les projets nationaux à propulsion classique Roméo et Juliette, en 2005, la France décide d'opter pour un programme européen permettant, sinon d'obtenir des réductions de coûts substentielles, du moins d'offrir une sanctuarisation politique au projet.
Cette volonté aboutira, en mars 2006, à la signature entre la France et la Grande-Bretagne d'un Memorandum of Understanding, consacrant la coopération des deux pays pour les études des navires et l'achat d'équipements en commun.
En échange de l'accès aux travaux déjà menés par les industriels britanniques, Paris s'est engagé à verser 145 millions d'euros à Londres, le tiers de ce budget ayant déjà été payé.
Alors que Michèle Alliot-Marie s'est dite prête à approuver le dossier de lancement et de réalisation, ainsi qu'à passer commande des approvisionnements de longue durée, comme les catapultes, début 2007, les prochaines semaines devraient être marquées par de nouvelles négociations entre la DGA et les industriels sur le coût du navire.
Souhaité initialement à deux milliards et demi d'euros, le prix du PA2 pourrait être plus élevé.
Le chiffre de trois milliards d'euros, équipements compris, est parfois évoqué.
Texte & photo : Mer et Marine