Pour Mangareva, je rejoins Jean-Claude Baud, fin connaisseur de la Polynésie et de sa langue, puisque ma version est : la montagne où pousse le reva. Le reva est un arbre vénéneux dont le fruit servait à empoisonner les malvenus.
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DERNIERS SUJETS
[Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
- Message n°476
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Pour Mangareva, je rejoins Jean-Claude Baud, fin connaisseur de la Polynésie et de sa langue, puisque ma version est : la montagne où pousse le reva. Le reva est un arbre vénéneux dont le fruit servait à empoisonner les malvenus.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
montroulez et Christian Suné aiment ce message
alain EGUERRE n'aime pas ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°477
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Le Mémorial Polynésien ; Hibiscus Edition ; 1978.
Mariage franco-polynésien ; P.-Y. Toullelan et B. Gille ; 1994.
Jacques-Antoine Moerenhout ; Paul de Deckker ; 1997.
Tahiti et l’aviation ; RP Patrick O’Reilly ; Société des Océanistes ; Paris 1974.
Aviation à Tahiti ; J.-L. Saquet ; 2004.
Les croiseurs de 10 000 tW Duquesne et Tourville ; G. Garier et P. de Cheyron.
Escadrille E8 ; OCE Pierre Gicquel ; 1986.
Les Tahitiens dans la guerre 1939-1945. (Mémorial)
Tahiti 40 ; Emile de Curton ; 1944.
Tahiti France Libre ; H Weill ; 2002.
Tahiti et ses îles ; Françis Cheung ; 1998.
Echec du Gaullisme dans le Pacifique après 1945 ; J.-M. Regnault.
Base américaine à Bora Bora ; R. Charlton ; traduction d’Alex W. du Prel.
L’escadrille du bout du monde ; L. Morareau ; 1998.
Sixième flottille d’exploration ; OCE Pierre Gicquel ; journal de bord 1981 ;
Les forces navales françaises libres du Pacifique ; cdt Lefebvre ; BSEO n° 300 ; mars 2004.
Les avisos coloniaux ; Henri Landais ; 2011.
Les hydravions des avisos ; L. Morareau.
Pacific Island Monthly Journal (Sept. 36, July 37, Oct. 37, April 41, Nov. 39.
Sous l’aile du Calao (1911-1953) ; CV Louis Ménès ; Ardhan 1997.
L’Aéronautique navale française au Royaume-Uni ; J.-.M. Commeau ; Ardhan 2000
La vieille équipe ; Bernard Dupérier ; 1951
Archives Territoriales de la Polynésie ; ATP-Papeete.
Les Français Libres et leurs emblèmes ; B. Le Marec.
La Dépêche de Tahiti (journal).
Avions de Lela Presse (revue).
Tahiti-Pacifique ; Alex W. du Prel (magazine).
Pacific Promotion Tahiti ; T. Sylvain (guide touristique).
SHM : service historique de la Marine
SHAT : service historique de l’armée de Terre
Les hydravions de la Luftwaffe ; J.-L. Roba et M. Ledet.
Lettres manuscrites de : W. Robson, J. Grand, E. Grand, A. Helme, M. Aubry, F. Fourlinnie, L. Le Caill, G. Dubois, R. Auque, P. Brothers, H. Le Moigne, G. Brault.
montroulez, D.THIEBAULT et Christian Suné aiment ce message
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°478
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Sérieusement, Farani et Popaa'a sont des termes courament employés sans caractère péjoratif, du moins c'est comme cela que je l'ai resssenti.
En Alsace, nous utilisons "Français de l'Intérieur". Le mot pour dire étranger est Welsch (c'est tiré du celte).
Par contre, on ne me l'a jamais dit, mais une expression plus complète circulait et là c'était légèrement plus salé, "Frani pourri", en roulant bien les r. Mais n'oublions pas que cela se dit d'une personne et non d'un groupe.
En clair, Popaa signifie que je ne suis pas du territoire (ce qui était vrai)
et Farani que j'étais Français (ce qui était également vrai). Il n'y a pas de malice, j'évoluais donc, moi, Popaa et Farani au milieu des Paumotus, des Marquisiens, des Tintos et autres, tout comme en tant que Zoreille, à la Réunion, j'évoluais au milieu de Zarabs, de Cafs, etc...
Ca me fait rire, un jour, j'avais besoin des services de la Mairie, il y avait le cadavre d'un chien (je vous dis pas l'odeur) derrière la cloture de mon faré. J'arrive à l'accueil, me présente au réré secrétaire et lui décrit le truc.
Immédiatement, il me demande si je suis inscrit sur la liste éléctorale ! Je lui réponds par la négative en n'omettant pas de préciser que je votais systématiquement par correspondance en donnant un mandat à ma mère, et je lui dis, "tu sais peï, je suis un Popaa, je ne suis que de passage, de quel droit désignerais-je tel ou tel candidat, pour la commune?".
Il (elle) a bien compris le message, avec un sourire, et, une heure plus tard, les services sont venus récupérer le pauvre animal.
Bien amicalement TUR2
alain EGUERRE, D.THIEBAULT et Christian Suné aiment ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°479
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Perso j'ai connu les Welsh girls ... en 1945 à Cardiff ... pour qui j'étais un stranger !!
A Stranger in the night ! of course ... C'était bien
JC
montroulez, alain EGUERRE, D.THIEBAULT, Christian Suné et Brand Robert aiment ce message
laurent jean-louis- QM 1
- Age : 79
- Message n°480
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°481
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Mais, je me marrais lorsqu'on me demandait mon nom de famille, je répondais, en Tahitien ça se prononce "Téouré"...
D.THIEBAULT, marsouin et Christian Suné aiment ce message
Jean-Léon- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 77
- Message n°482
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Des similitudes avec la langue malgache. Normal car toutes les deux issues du malayo-polynésien. Exemple: chiffre 2 = roa en malgache, rua en polynésien
Bien aussi de rappeler également que ces langues ne portent pas d'accent ni de pluriel, des vahinés qu'il faut écrire des vahine
Christian Suné aime ce message
Roger Tanguy- MAJOR
- Age : 76
- Message n°483
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Pour revenir à Papeete, nous avons tous un petit bagage parlé du tahitien de tous les jours (si ce n'est de toutes le nuits). Par contre J-C Laffrat, nous apporte un lexique original car peu d'entre nous, pas moi en tous cas, n'a un vocabulaire technique se rapportant à l'aéronautique.
La Marine ce n'est pas un métier, c'est une Aventure
Christian Suné aime ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°484
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
L'auteur cite tous ces aviateurs et marins aviateurs, chacun a son petit résumé, plusieurs d'entre eux se sont fait connaître par la suite , soit dans d'autres formations de l'Aéro, soit dans les Compagnies civiles .
- Sur les 22 aviateurs du contingent FAFL, seulement 12 d’entre eux seront sélectionnés en Nouvelle-Zélande pour aptitude au personnel volant. Benjamin Varney, inapte PN à la suite de son hospitalisation au Canada, servira comme instructeur radio.
- Spoiler:
- A leur arrivée en Angleterre, deux rejoindront les FNFL, Turner Chapman et Bernard Traqui. Six seront formés radio-mitrailleurs à l’Air Gunnery School n° 8 à Greenock, en Ecosse. Deux périront dans l’accident de leur appareil, lors de leur vol de qualification*. Les quatre autres seront affectés au squadron 342 « GB Lorraine ». Il s’agit de René Machecourt, Tavi’a Kainuku, Natapu Mara et John Bourne. Deux, formés pilotes de chasse, serviront au GC « Berry » (Guy Juventin) et au GC « Île-de-France » (Félix Lagarde). Peter Challier, pilote, après formation en OTU sur Boston, rejoindra le groupe de bombardement « Lorraine ». Sur les dix éliminés, trois rejoindront par la suite la Grande-Bretagne. Formés radio-mitrailleurs, ils serviront au GB « Lorraine » : Julien Allain, Raymond Bodin, Robert Mackittrick. Tauirarii Nehemia et Mapatoeke accompagneront les marins-aéros pour servir au squadron 340. Quatre d’entre eux, tomberont au champ d’honneur.
*-Eugène Aubry et Ernest Gournac à Inverness le 28.10.1942, Julien Allain en Hollande le 22.10.1943, Tavi’a Kainuku en Normandie le 05.08.1944. Le 25.06.1992, la base aérienne BA 190 de Tahiti Faaa fut baptisée « Sergent Julien Allain ».
Turner Chapman (1922-). Né à Papeete le 30.04.1922, il s’engage dans l’armée de Terre le 15.06.1940 puis dans les FFL le 15.01.1941 et embarque sur le Wairuna le 31 mars pour rejoindre l’Angleterre. En Nouvelle-Zélande, il est sélectionné avec onze camarades pour les FAFL. Arrivé à Londres en juin 1941, il quitte le contingent FAFL pour rejoindre les marins tahitiens FNFL du premier contingent en instruction à Portsmouth. Après un bref séjour de 70 jours dans la RAF au squadron 340, il embarque à Hull le 16.04.1942 sur le Léopard. Aux Canaries, son bâtiment, associé à deux navires anglais, coule l’U-Boot U-136 le 8.01.1942. « J’ai lancé 8 grenades au point de contact signalé par l’ASDIC
Le maître mécanicien Alain Le Saint, assisté du SM mécanicien Auguste Simon (1913-1979), sera le patron des appareils Seafire des PM pilotes Gaston Kerlan et Francis Delery du squadron 807 embarqué de février à octobre 1943 sur les porte-avions Indomitable (torpillé le 16.07.1943) puis Battler. Après la guerre, le PM Kerlan conservait encore un souvenir ému de ses deux mécaniciens, qui faisaient de leurs appareils les avions les mieux entretenus du squadron 807. Le PM Delery sera abattu le 7.04.1945 au-dessus de la Hollande.
Alfred Helme (1916-2013). Né à Makemo (Tuamotu) le 18.03.1916, il s’engage dans la Marine EFO le 7 août 1935 pour servir comme arrimeur à l’escadrille E8 de Tahiti. Avec trente de ses camarades aéro, il rallie le 2.09.1940 les FNFL et quitte Papeete le 31.03.1941 avec 22 d’entre eux sur le Wairuna pour rejoindre l’Angleterre. Affecté comme SM mécanicien dans la RAF il servira au squadron 340 « Île-de-France » jusqu’au début 1943. Le 19.01.1943, il embarque sur l’aviso Savorgnan de Brazza avec lequel il effectuera de nombreuses escortes de convois en mer du Nord, en Atlantique, en océan Indien, au Pacifique et enfin en Méditerranée où il débarque à Alger le 24.12.1944. Suivra une longue série d’affectations : BAN Agadir (Maroc), BE Khouribga (Maroc), 4F (Indochine), BPAN Karouba (Tunisie), PA Bois Belleau…
Combattant d’exception, titulaire de la croix de guerre 39/45 avec 4 citations, médaille du combattant volontaire, décoré de la Médaille militaire, le PM Helme est rendu à la vie civile après 27 ans de bons et loyaux services. Conseiller, puis maire de la commune de Faaa de 1977 à 1980, il sera nommé à ce titre chevalier dans l’ordre national du Mérite. Doyen et membre d’honneur de l’Association des officiers mariniers en retraite de la Polynésie Française, Alfred Helme, citoyen exemplaire, sera nommé chevalier de la Légion d’honneur le 27.04.2010. Il est décédé à Pirae (Tahiti) le 27.11.2013 et inhumé au cimetière de l’Uranie à Papeete le 29.11.2013.
Gaston Grellier (1917-2002). Breveté pilote U.S. Navy le 23.11.1943 (macaron FNFL n° 43). Entré à Air Algérie, il commandait l’avion transportant Ben Bella lorsque celui-ci fut intercepté le 22.10.1956, ce qui, disait-t-il, lui causa beaucoup d’ennuis par la suite.
Impressionnant, pour moi s'entend !!
montroulez, Matelot, Jean-Léon, alain EGUERRE, D.THIEBAULT, TUR2, Roger Tanguy et aiment ce message
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°485
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Remis dans la période que tu cites, cela prend un tout autre relief. Je l'ai déja dit, il y a un moment déja, à Mahina, vallée de la Tuauru, j'avais un voisin, miséreux, titulaire de la Légion d'Honneur. Les Polynésiens sont parmi les tous premiers à s'être ralliés à la France Libre. Lui avait fait, notamment Bir Hakeim puis tout ce qui s'en est suivi.
Et, ils ont mis un "certain temps" pour être rapatriés à la fin des hostilités.
Bien amicalement TUR2
Matelot et D.THIEBAULT aiment ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°486
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Tu connais mon intérêt pour la BAN Agadir sur ACB j'ai raconté à plusieurs reprises son histoire , en particulier celle de la flottille FNFL 6FE ...J'ai trouvé, toujours dans le même ouvrage, un témoignage qui vaut le détour !
Il s'agit du Mt radio Hippolyte Le Moigne (radio volant du 22.07.1943)
« A l’issue de notre départ du squadron 340 le 12 décembre 1942, à part Le Saint et nos onze tahitiens qui vont continuer le combat en Angleterre, les huit autres, accompagnés par nos camarades provenant de la RCAF, rejoignent la future 6FE en formation à Jacksonville en Floride. Avec Le Loch, Revault, Vachot, Rioual, nous avons quitté Glasgow le 17 décembre sur le cargo SS Andes pour débarquer le 25 à Halifax. Nous rallions Montréal par train le 26 pour arriver en gare d’Asbury Park, dans le grand New York, le 27. Le Gal et Pommier, en provenance de la station navale de Fare Ute dissoute en octobre 42, nous ont rejoints le 15 janvier 1943.
Dès mon arrivée, j’ai intégré l’Aviation Radiomen School pour une formation initiale de radio de 18 semaines mais, compte tenu de mon expérience, au bout de quatre semaines j’ai été choisi pour suivre le cours de radio volant. Passage indispensable à l’école de tir, la Free Gunnery School à 30 km de Jacksonville, qui dispense des cours théoriques pendant quatre semaines.
- Spoiler:
Mon premier vol d’instruction en mars 1943 est à jamais inscrit dans ma mémoire. Lors d’un amerrissage trop cabré par fort clapot sur la très large rivière Saint-John au sud de Jacksonville, des rivets ont sauté au niveau du compartiment radio, une dizaine de petits jets d’eau m’humidifiant les fesses ! J’ai dû briser des crayons pour boucher les trous de cette fontaine insolite ! Après huit semaines de vols opérationnels au squadron 15 et après avoir reçu une initiation au radar de deux semaines, j’ai obtenu mon certificat de volant. Puis j’ai suivi une formation de dépanneur sur le radar ASB (400 MHz) qui équipait les Catalina. Ce radar récent était fiable et performant pour l’époque : relèvements de trait de côte et échos de cargos de 80 à 120 nautiques et probabilité de détection sur schnorchel de 5 à 8 nautiques par mer calme.
Fin août, après la qualification terrestre sur PBY à Corpus Christi, la qualification amphibie est obtenue après 120 heures de vol effectuées sur PBM-3 à Banana River : PSV (pilotage sans visibilité), vols de groupe, patrouilles SURMAR de jour et de nuit, tirs et bombardements sur cible.
La 6FE est définitivement intégrée au sein de l’U.S. Navy sous la dénomination officielle américaine VFP-1 le 15 septembre 1943. Elle est désignée pour servir au Maroc au sein de la FAW-15, donc sous commandement opérationnel américain. Notre commandant est le LV Charles-Henry de Levis-Mirepoix. Le 26 novembre 1943, les quatre premiers PBY-5A avec les cocardes aux couleurs françaises sont livrés à Norfolk, suivis par neuf autres en décembre. Le 28, la VFP-1, à Elisabeth City, est désignée pour servir au Maroc sur la base d’Agadir. Les équipages sont constitués. Je fais partie de l’équipage du Catalina 48306, numéro de rang 3 : chef de bord, OE1 Gicquel (excellent pilote et très bon camarade, nous étions ensemble à Tahiti en 1938-1940), co-pilote SM Saout, navigateur EV1 Ramade, Mt Gloannec mecvo, QM1 Beurier mecvo, Mt Le Moigne radvo, QM Gouriou et Belkacem mitbo.
Un premier échelon de onze appareils décolle le 16 janvier 1944 pour Boca Chica, base sous-marine, pour un stage ASM de deux semaines puis regroupement à Morrison Field d’où nous décollons le 3 février pour un long périple de 14 000 km afin de rejoindre Agadir le 17. Pour des impératifs opérationnels liés au transit, nos deux mitbo Belkacem et Gouriou ont été momentanément remplacés par le PM radvo Lesterlin et le Mt mecvo Turgis. Surmontant leur déception, ils nous rejoindront par voie maritime et réintégreront notre équipage à Agadir le 24 février. Voyage dans l’ensemble sans histoire, seulement assombri par la collision au sol du PBY 48361 avec un B-17 trop pressé, le 6 février à Belem (Brésil) : une aile à changer ; réparé sur place il rejoindra Agadir mi-avril. A Natal (Brésil) Gicquel a acheté un ouistiti, minuscule petit singe très espiègle ; peu patient, il a vite été débordé et me l’a confié. Mon petit protégé a accumulé des centaines d’heures de vol dans la poche interne de mon blouson de vol et sur la table radio. Quand il y avait du soleil, il s’allongeait sur le panneau du cockpit et attendait qu’on le régale de cacahuètes ou de bonbons.
A Agadir, les appareils et les tentes où logeaient les OM et les marins étaient en zone américaine où stationnait également le squadron U.S. VB-132, équipé de bombardiers bimoteurs Lockheed PV-1 Ventura puissamment armés. Nos Catalina ont reçu une immatriculation avec la lettre F suivie d’un chiffre de 20 à 35 et seul le numéro était apposé sur la coque. Nous avions accès à tous les services américains : mess, bar, cantine, réfectoire, coopérative, cinéma. Nos officiers étaient logés en zone française dans un bâtiment neuf, leur bien-être agrémenté d’une piscine à peine achevée, d’un carré rénové avec cuisine, bar et salle à manger.
Notre zone de recherche et protection s’étend de la pointe sud-ouest du Portugal au détroit de Gibraltar incluant la côte Atlantique du Maroc limitée au large par les Açores et les Canaries. Nos missions sont variées : patrouilles ASM, protection de convois pendant des jours voire deux semaines, recherche et sauvetage en mer ; elles ont lieu quel que soit le temps et souvent en atmosphère très agitée et sont longues, dix à quatorze heures, et éprouvantes. En août 1944, lors du débarquement de Provence, nous avons effectué des recherches de champs de mines sur la côte varoise avec d’excellents résultats, ce qui nous a valu les félicitations de l’amiral américain commandant la Flotte de Méditerranée.
Nos rapports avec nos homologues navigants américains étaient très courtois voire amicaux ; il n’en était pas de même avec leurs officiers des services opérations et renseignements qui nous astreignaient, après des vols éprouvants, à des débriefings longs et fastidieux. Peut-être étaient-ils jaloux de la disponibilité sans faille des appareils et du personnel de la flottille ainsi que de la franche camaraderie qui nous animait. C’était pire à Port-Lyautey, QG de la FAW-15, où se trouvait notre soutien logistique en rechange et pièces détachées : tracasseries administratives, réprimandes injustifiées, paperasserie inutile entraînant des retards de signatures auxquelles n’étaient pas soumis les squadrons américains !
En juin, le CC Lahaye, notre ancien second à l’escadrille 8S5 de Tahiti, nommé commandant de la BAN Agadir, me désigne comme adjudant de compagnie.
Le 23 juin 1944, le Catalina F34 s’écrase en mer à 35 nq au large d’Agadir : deux rescapés et cinq victimes, dont mon camarade de chambrée Rubaud dans la RAF à Biggin Hill en 1942.
Le sort s’acharne de nouveau sur nous : dans la nuit du 11 au 12 juillet au retour d’une patrouille, le Catalina F35 à court de carburant s’écrase en mer lors d’un amerrissage forcé en baie de Safi : quatre rescapés dont Bert, un ancien de la 8S5. Cinq membres de l’équipage sont portés disparus.
En juillet, le squadron VB-132 est dissous et son personnel rentre aux Etats-Unis. Ses 14 Ventura sont transférés à la 6FE en complément de nos sept Catalina. Notre chef de bord, l’OE1 Gicquel, est affecté sur Ventura et commence sa formation. L’équipage est dissous, c’est la fin d’une belle aventure et de l’histoire d’une grande équipe… On n’en a tous gros sur la patate !
Le 21 août, lors de l’évolution du Catalina F29 sur le plan d’eau de Saint- Tropez, l’hélice du moteur gauche, arrachée, découpe la cabine de pilotage, tuant net le LV Le Meur. L’appareil, irréparable, est coulé.
En septembre, la flottille 8FE formée aux Etats-Unis avec du personnel en provenance d’AFN, arrive à Port-Lyautey. Le 15 octobre, les Catalina 6FE n° 21-22-23-24-25-26-30-31 forment une section Catalina de la 6FE qui deviendra en novembre le Groupe de transport de la Base Mobile n° 1, à Agadir.
Hors équipage, je suis affecté le 1er janvier 1945 au service entretien avion de la BAN Agadir pour la maintenance des Catalina et les vols de contrôle en sortie de visite d’entretien périodique.
Après la capitulation allemande du 8 mai 1945, nous sommes passés sous commandement français, le soutien logistique étant assuré par la Base Mobile n° 1. J’étais prévu pour rejoindre le Fenua avec mes amis tahitiens à la fin du mois de juin, mais comme mon épouse est venue me rejoindre et que j’étais en fin de lien dans les six mois à venir, j’ai été affecté à la BM1 en août jusqu’à ma libération le 13 février 1946. »
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Joël Chandelier- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 80
- Message n°487
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Pour rebondir (si je peux m'exprimer ainsi) sur ce qu'a écrit Michel nous avions pour ami (du temps de mon 2ème séjour 71/72 en famille) un couple de Tahitiens déjà âgés (mais pas trop quand même) la Mama (c'est comme celà que nous l'appelions) et sa fille tenait le shop de la Pointe Vénus et son "tane" un ancien militaire travaillait à la station radio de Super Mahina mais je ne sais pas à quel titre il était civil. Peut être ai je déjà narré cela sur ce sujet ou ailleurs mais bon ça fait tellement longtemps que je suis sur ACBTUR2 a écrit:Les Polynésiens sont parmi les tous premiers à s'être ralliés à la France Libre
Photo prise en 72 sur le muret du shop de la Pointe Vénus j'avais 28 ans et mon fils 3 ans
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† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
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- Message n°488
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Et leur statut, civils, militaires, à titre individuel ou faisant partie d'un corps constitué.
Dans ce dernier cas ce fut le plus compliqué avant d'arriver à un accord, il y eu des palabres.
Ce n'est pas comparable au jeunes qui sautaient dans une barcasse sur les côtes Bretonnes direction l'Angleterre en juin 1940.
Pour les Polynésiens ce ne fut pas avant septembre.
C'est relaté ainsi dans l'ouvrage L'Escadrille du Bout du Monde par Lucien Morareau d'après les sources officielles :
- Spoiler:
- Le ralliement
Vers la fin du mois de juillet 1940, les choses commencent à bouger parmi la population civile de Papeete.
Les Tahitiens qui, malgré l'agression de Mers-el-Kébir, avaient dans un premier temps cru que la Colonie allait continuer la lutte aux côtés de l'Australie et de la Nouvelle Zélande doivent déchanter.
Après avoir en effet fait acte d'allégeance au gouvernement du maréchal Pétain, le gouverneur des EFO se met à appliquer à la lettre les consignes reçues de De son côté, le CC Grange en tant que commandant de la Marine et commandant d'Armes de Tahiti, est lui confronté à un autre problème.
Depuis le 1er juillet en effet, le cargo mixte Ville d'Amiens est immobilisé dans le port de Papeete.
L'équipage (civil) qui n'a pas été payé depuis quelque temps déjà, est l'objet de "soins attentifs" de la part de quelques agitateurs et les manifestations et incidents en ville sont de plus en plus nombreux.
Mais dans l'immédiat, cette agitation ne touche heureusement pas l'équipage de l’escadrille 8S5 et les activités aériennes se poursuivent normalement.
Le 6 août, alors que le CAMS 55 N 046 se porte à la rencontre du paquebot américain Monterey, un malheureux accident, mais relativement courant sur ce type d'appareil, se produit.
Le SM mitrailleur-bombardier Saugnac a la main droite déchiquetée par l'hélice du moteur avant.
L'hydravion revient immédiatement à Papeete où Saugnac est transporté à l'hôpital pour y être soigné.
Malheureusement, les chirurgiens ne peuvent rien faire d'autre que de terminer l’amputation.
Une note de l'État-major général de la Marine datée du 8 août 1940 a ordonné la renumérotation de majeure partie des unités de l'Aéronautique navale.
Le 8S5 quant à elle a été rebaptisée 20S, mais à Tahiti et pour une raison que nous ignorons, ce changement dont la nouvelle est parvenue avant le ralliement de septembre n'est pas appliqué, et l'escadrille va continuer de porter son ancienne appellation.
Il est très probable que confronté à des problèmes plus importants et plus urgents, le commandant Grange n'a pas jugé bon de s'occuper de cette affaire somme toute secondaire.
Le 13 août, l'aviso colonial Dumont d'Urville, qui était en escale à Papeete depuis quelques jours, appareille pour la Nouvelle Calédonie.
Dès lors, les événements vont se précipiter.
Les manifestations publiques en faveur du ralliement des EFO à la France libre se font plus nombreuses.
Des tracts portant sur la même exigence commencent également à circuler parmi la population civile.
Le 30 août, le LV Lahaye informe le commandant Grange qu'un mouvement d'importance est en préparation.
Le 31, alors que la population de Tahiti est convoquée pour se prononcer par voie de référendum sur un éventuel ralliement, on apprend qu'une liste favorable au même ralliement circule parmi l'équipage de la 8S5.
Le commandant Grange diffuse immédiatement une note rappelant l'interdiction qui est faite à tout militaire de participer, directement ou indirectement, à toutes manifestations ou mouvement d'ordre politique.
Cette note provoque une altercation entre le commandant et le LV Gilbert, ce dernier déclarant que de toutes les façons, rien n'empêcherait ceux qui le désiraient de devenir "gaulois" Le soir même et alors que les résultats de ce qui est devenu un plébiscite sont connus, le LV Lahaye et l'Ingénieur mécanicien Hue Le lendemain 1 er septembre, le CC Grange se rend à la base de Faré-Uté et devant l'équipage réuni, l'exhorte une dernière fois à rester dans la légalité.
Tôt le matin suivant, le SM Le Gal, les QM Revault et Vachot forcent la porte de l'armurerie de la base et procèdent à la neutralisation des quelques armes qui s'y trouvent.
Ils espèrent ainsi empêcher une effusion de sang dans le cas d'affrontements entre les marins des deux tendances.
Dans l'après-midi du même jour, Grange est convoqué à la résidence officielle du gouvernement. Il y apprend que le Gouverneur Chastenet de Géry vient de se démettre de ses fonctions et qu'il a été remplacé par un conseil provisoire qui a immédiatement fait acte d'allégeance au Comité de la France libre de Londres.
Les membres du Gouvernement provisoire lui demandent s'il accepte de servir le nouveau pouvoir mis en place aux EFO.
Grange ne peut bien sûr que refuser et se démettre informé qu'il est remplacé à la tête de la Marine par le LV Gilbert et qu'il doit se considérer comme prisonnier sur parole en attendant un rapatriement vers la France.
Quelques instants plus tard, le LV Gilbert se rend à Faré-Uté où il réunit les hommes de l'équipage de la base afin de les convaincre de se rallier au mouvement.
La majorité d'entre eux acceptent, mais les motivations sont souvent différentes.
Si la plupart des marins ont fait ce choix pour rejoindre une unité combattante, quelques autres ont des motifs beaucoup plus prosaïques, notamment ceux qui sont mariés localement et ceux qu'un retour dans une métropole à moitié occupée par les Allemands n'enchantent guère.
Finalement, sur environ 150 marins de tous grades que compte la Marine à Tahiti, une vingtaine seulement refusent le ralliement et demandent à être renvoyés en France (dont les deux pilotes, le PM Battaglia et le SM Gicquel).
Le 14 septembre, ils embarquent en compagnie du Gouverneur Chastenet de Géry, du CC Grange, du LV Lahaye accompagnés de leur famille, sur le cargo mixte néozélandais Limerick à destination de Vancouver au Canada (26).
A Tahiti, après ce "coup de force" qui fort heureusement s'est déroulé sans qu'une seule goutte de sang ait été versé ni même un coup de feu tiré, les choses vont peu à peu se mettre en place, tout au moins sur le plan militaire.
Car sur le plan civil, on assiste hélas aux habituels errements qui accompagnent toujours ce genre d'événement : règlements de comptes personnels, retournements de veste de dernière heure, délations, révocations de fonctionnaires et mise au ban de ceux qui de bonne foi ont cru bien faire en restant fidèles à Vichy, déportation pour quelques-uns (on dit pudiquement "éloignement") à Maupiti, etc.
Avec inévitablement aussi, le corollaire classique des quelques mercantis, et non des moins bien placés, dont le "patriotisme" affiché n'a d'autre but que de profiter de la situation pour s'enrichir un peu plus.
L'intendant-commandant Mansart, personnalité assez contestée et qui avait un peu trop rapidement peut-être été installé au poste de Gouverneur des EFO par le gouvernement provisoire, est remplacé au mois de novembre par le médecin-capitaine de Curton, dont la nomination est approuvée par Londres.
Malgré son peu d'expérience des affaires politiques, ce dernier parviendra grâce à sa volonté, son désintéressement et aussi l'aide d'une petite équipe de fidèles, à restaurer un semblant d'ordre dans l'administration de la colonie.
Sur le plan militaire la situation se clarifie aussi ; le capitaine Broche qui commande la CAICT (Compagnie Autonome d'Infanterie Coloniale de Tahiti) a pris le commandement de l'ensemble des troupes de l'Armée de Terre et semble avoir la situation bien en main(27).
En ce qui concerne la Marine, Gilbert confirmé dans son commandement par le Général de Gaulle est confronté à un problème immédiat.
En effet, depuis le départ de ceux qui n'ont pas voulu se rallier à la France Libre, il se retrouve seul pilote qualifié de l'escadrille.
Il est pourtant impératif de continuer à assurer une activité aérienne et, en conséquence, il décide de former lui-même au pilotage le QM mécanicien volant Pommier...
Rien n'est simple.
JC
montroulez, jean-claude BAUD, alain EGUERRE, D.THIEBAULT, Jean-Marie41, J-L-14, Jean-Paul Bargain et aiment ce message
jean-claude BAUD- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 83
- Message n°489
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Il n'y a pas d'accents tels que ceux utilisés en Français, par contre il y en a plusieurs qui définissent la longueur, la brièveté des voyelles, et aussi le signe glottal avant une voyelle pour appuyer sa sonorité ..
Exemple
‘a‘ï cou
En Mangarévien :
Kaki , les accents tahitiens remplacent les "k" qui se sont perdus ..
Mangareva : Ma'areva, en Tahitien, la glottale "ng" a disparu
Je ne sais pas si j'ai été assez clair ....
Dernière édition par jean-claude BAUD le Dim 25 Juil 2021 - 20:27, édité 1 fois
"Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
[James Dean]
montroulez et D.THIEBAULT aiment ce message
Joël Chandelier- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 80
- Message n°490
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Nana
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°491
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
La Polynésie comme affectation c'était pas pour moi.... dommage , quand j'ai regagné mes pénates civiles en 1962 ,j'avais dix huit ans d'Aéro derrière dont deux campagnes INDO et AOF ... le compte était bon ...Mais quand même à tous vous lire , vivre dans vos iles c'était pas mal ...
Nana
JC
montroulez, alain EGUERRE, D.THIEBAULT, boboss, Christian Suné, Brand Robert et † j.l ODILLE aiment ce message
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°492
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
On se régale.
Bonne journée TUR2
loulou06000- PREMIER MAÎTRE
- Age : 70
- Message n°493
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
C'est comme toutes les iles que j'ai pu faire dans le Pacifique (Nlles-Hebrides,Fidji, Samoa, Guam etc...devenues paradisiaques à l'epoque ou je suis passé) qui furent des theatres de combats acharnés.
Continue à nous instruire ainsi cela ne fait pas de mal pour les jeunes generations dont tout leur est du !
Merci aussi à Jean Claude Baud pour ses leçons de tahitien.
ftaviot et † j.l ODILLE aiment ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°494
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Les premières compagnies aériennes civiles en Océanie
Ce seront encore des acteurs de l’Aviation maritime aux EFO des années 1940 qui seront les précurseurs de l’ouverture des premières liaisons commerciales et de l’établissement de compagnies aériennes régulières au Fenua.
Après la Seconde Guerre mondiale, les territoires français du Pacifique retrouvent leur calme et leur isolement. Les fonctionnaires d’Etat qui se succèdent, dont le seul souci est de passer au mieux leur séjour, évitent toute initiative qui pourrait perturber leur quiétude ! Les pistes de Bora Bora restent donc à l’abandon et l’hydrobase de Fare Ute n’a plus aucun rapport avec l’aviation. Les dirigeants locaux n’ont guère plus d’ambition et laissent aux Calédoniens le soin de faire la démonstration d’une possible aviation inter-îles.
Un DC-3 de la compagnie néo-zélandaise NAC (National Airways Corporation) effectuera deux vols expérimentaux de Nouméa vers Bora Bora. Le premier le 2 février 1947, via Norfolk, Tonga et Cook ; le second le 30 mars 1947 via Fidji, Samoa et Cook. L’aventure resta sans suite mais elle conforta d’anciens pilotes et navigants FNFL de l’Aéronautique navale dans la poursuite de leur entreprise vers Tahiti.
- Spoiler:
1947-1951 - La compagnie TRAPAS
Début 1947, Henri Dewez, industriel de Nouméa, achète deux hydravions amphibies PBY-5A Catalina aux surplus américains à Norfolk le 14 août 1946. Il crée la Société des Transports Aériens du Pacifique Sud (TRAPAS). Destinée tout d’abord à établir un réseau interinsulaire vers les îles et les Nouvelles-Hébrides, la compagnie voudrait étendre ses objectifs vers Wallis et Tahiti.
Il est assisté dans son entreprise par sept pilotes et onze navigants, en majorité anciens des Forces Navales Françaises Libres et déjà formés sur Catalina. Il y avait Léon Paumier pilote (FNFL n° 34 du 17.08.1943), nommé directeur général, J. Dewez pilote (n° 188A du 11.04.1945 aux Etats-Unis), fils d’Henri, adjoint à L. Paumier, Pierre Delaunay pilote (FNFL n° 9 du 6.09.1942) et ingénieur (ex 6FE), nommé chef du service technique, Joseph Pommier pilote (FNFL n° 49 du 15.12.1943), ex 8S5 et 6FE, Paul Guillou pilote (FNFL n° 30 du 6.08.1943), ex 6FE, André Métais pilote (n° 187A du 1.09.1945 aux Etats-Unis), Jacques Pontaillier pilote (n° 172A du 12.09.1944 aux Etats-Unis), René Allais pilote (n° 211A du 6.01.946 aux Etats-Unis), les radiovolants Marcel Pommadère, FNFL 6FE, Joseph Casaroli, FNFL 6FE, Jean Duhaut, FNFL 6FE et Robert Mathis, les mécaniciens navigants Pierre Beurier FNFL 6FE, Pierre Macé FNFL 6FE, Jean Costal, FNFL 6FE, Paul Mouligné, Jean Teyssère, Jean Bataille et Maurice Diard. (Souvenirs de J. Pommier)
En mai 1947, le Catalina F-BCJG sera le premier avion français à effectuer une trans-Pacifique reliant San Francisco à Magenta (N.-C.) via Honolulu, Canton et Fidji. Il sera rejoint le 8 octobre par un deuxième PBY-5A immatriculé F-BCJH. Le premier vol inaugural Nouméa-Papeete fut réalisé par cet appareil du 28 au 30 octobre 1947. Commandé par Léon Paumier, directeur général et chef pilote, ce vol avec six hommes d’équipage, quelques passagers et le courrier qui occupait un tiers du volume de la cabine, devait arriver à Tahiti le 29. Mais, lors de l’escale aux îles Cook, le consul de Nouvelle-Zélande demande l’assistance du Catalina pour rechercher la goélette Tahitienne en perdition dans la zone. Après six heures de patrouille, elle est localisée à 100 milles au sud de Rarotonga, l’avant enfoncé. La position est signalée par radio aux secours qui arriveront à temps pour sauver l’équipage. Les rapports avec le résident furent ainsi facilités par ce sauvetage inespéré, et l’escale fut aisément acquise pour la TRAPAS.
Un pionnier de cette ligne précise les détails de ces escales dans la Dépêche de Tahiti du 12 août 1964 :
« Nous ne pouvions prendre que dix passagers, le reste étant réservé à la poste. La liaison avec Nandi (Fidji) s’effectuait en six heures de vol. Décollage de Nandi à minuit pour se poser à Faleolo (Samoa) à huit heures. Décollage deux heures plus tard pour Aitutaki (Cook) où nous arrivons à 17 heures.
Croisière à 3 000 m, sans pilote automatique tant il faudra contrôler les embardées de l’appareil soumis à des turbulences soudaines et imprévisibles, car le radar qui nous aurait permis de localiser plus aisément les orages et ainsi les éviter, avait été déposé au profit du fret !
Les fûts d’essence ayant été débarqués par flottaison sur le rivage, il fallut faire les pleins en filtrant 4 000 litres avec une peau de chamois ! Après une nuit de repos dans les baraquements abandonnés par l’U.S. Navy en 1945, décollage à huit heures pour se poser en rade de Papeete à midi. » Ensuite, descente au-dessus de la ville de Papeete survolée à basse altitude pour reconnaissance du plan d’eau dégagé sur rade. Amerrissage au milieu des bouées et des goélettes éparses. Le quai est noir de monde comme pour l’arrivée d’un paquebot. Les Tahitiennes, arrivées en pirogues, prennent d’assaut l’avion. Qui sera la première qui passera au cou du Tomana ou d’un passager le traditionnel collier de tiare, signe de bienvenue ?»
L’escale de cinq jours à Tahiti permettra d’effectuer des liaisons avec le lagon d’Uturoa (Raiatea) et la piste en mauvais état de Bora Bora. Cette liaison commerciale commencera d’une façon régulière à partir du 12 décembre 1947.
« Hélas ! Un mauvais coup du sort frappa cette équipe pleine d’enthousiasme. Le 14 mars 1948, un cyclone sur Magenta détruisit le F-BCJG et endommagea sérieusement le F-BCJH qui fut envoyé en réparation à Sydney. La compagnie fit face à cette première crise avec l’achat de deux nouveaux Catalina, F-BCJN et F-BBCB.
En 1950 de graves difficultés affectent la TRAPAS qui réduit ses vols sur Tahiti, puis les arrête, avant d’être liquidée en septembre 1951 après avoir vendu ses trois Catalina à Saigon. » (J. Pommier au RP O’Reilly le 29 juin 1972)
En 1950, une mission composée de l’amiral Nomy, chef d’état-major de la Marine, du contre-amiral (2s) Hébrard, directeur commercial d’Air France, de l’ingénieur Thouvenot et du CV Durand Couppel de Saint-Front, est organisée pour reconnaître l’exploitation d’une ligne qui relierait la France à Tahiti. Le transfert Paris - Bora Bora est effectué par le DC-4 F-BELH d’Air France. Le Catalina F-BBCB de la TRAPAS, qui a assuré la veille radio et a servi de tour de contrôle à Bora Bora, va acheminer ces éminents passagers vers Papeete pour leur séjour du 30 mars au 4 avril.
Les conclusions de cette mission sont que d’une part, la piste principale de Bora Bora est à réhabiliter ‒ elle ne le sera réellement qu’en 1956 ‒ et que d’autre part, c’est sur le récif de Faaa que l’implantation d’une piste d’aéroport à Tahiti serait la plus propice. Pour ce faire, il faudra adosser un remblai sur le Motu Tahiri.
1950 - La compagnie AIR TAHITI
A Tahiti, ce sont des personnes privées qui, en 1950, osent se lancer dans cette aventure sans précédent. Jean Arbelot et Marcel Lasserre, associés à MM. Tourneux (médecin) et Hollande (importateur), achètent un petit amphibie américain Grumman J4F Widgeon, immatriculé F-OACX.
En avril 1950, avec trois anciens de la regrettée TRAPAS, Joseph Pommier, René Allais et Maurice Diard (note 55), naît la première compagnie du Fenua : Air Tahiti. Elle utilise les anciennes infrastructures de l’escadrille E8 de Fare Ute, le hangar et la rampe de mise à l’eau.
Immédiatement, La Poste loue les services du Grumann qui doit, chaque semaine, acheminer et récupérer le courrier aux îles Cook desservies par un DC-3 de la compagnie néo-zélandaise NAC (National Airways Corporation) Des DC-4 de la Panam déposent le courrier à leur escale de Bora Bora et Air-Tahiti, avec son amphibie, fait la correspondance vers Papeete.
En 1950, la très jeune compagnie a transporté 650 passagers et 7 200 kg de fret sur 30 000 km entre Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea et Bora Bora.
Le Widgeon remplit bien son rôle mais sa capacité marchande est modeste (7 passagers) et son autonomie limitée (1 100 km). Aussi le Territoire fait l’acquisition d’un amphibie Grumman G-73 Mallard d’une plus grande capacité (11 passagers) et d’une autonomie de 2 000 km qu’il louera à Air Tahiti pour une somme symbolique, à charge d’en assurer l’entretien.
1959 - Retour de l’Aéronautique navale en Polynésie Française
Après sept années de présence ininterrompue, il n’y a plus d’hydravions français à Tahiti. Il faudra attendre 17 ans (1959) pour que les appareils de l’Aéronautique navale volent de nouveau dans le ciel de la Polynésie française. Tout d’abord, c’est un Lancaster de la 9S piloté par le LV Valette, commandant de l’escadrille et de la BAN Tontouta, en Nouvelle-Calédonie, qui effectue en octobre 1959 la liaison Tontouta - Bora Bora en onze heures de vol sans escale. Son successeur, le LV Belfort dira plus tard de ce vol mémorable : « Effectuer un trajet de plus de 3 000 km, même avec un vent très favorable, sur un appareil qui n’a que 12 heures d’autonomie, il faut être "gonflé". C’est un exploit ! »
Il faudra attendre un an de plus, le 16 octobre 1960, pour voir le Lancaster WU41 codé 9S-3 via les Wallis, se poser sur la piste inachevée (1 965 m) de Faaa, réalisant ainsi la première liaison aérienne Nouméa-Papeete par l’Aéronautique navale.
A partir de décembre 1961 la liaison Tontouta-Faaa via les Wallis, nécessite 15 à 16 heures de vol. Une noria est organisée tous les 45 jours avec un séjour d’un mois. Les missions sont longues, 8 à 9 heures de vol (10,7 pour celle du 9S-2 le 16.09.1962) et dangereuses. Sur des trajets aller-retour de 2 800 km, il n’existe aucun moyen de radionavigation au sol, aucun terrain de secours ; seul le dragueur La Bayonnaise positionné aux Actéon servait de point météo. Fort heureusement, la navigation à l’estime peut être recalée par des fixes-radar sur des atolls très caractéristiques tels que : Anaa, Hikueru, Hao, Vanavana, Moruroa. Ce seront encore les Lancaster de l’escadrille 9S qui effectueront des missions photos sur le littoral de Tahiti et sur les atolls des Tuamotu-Sud-Est (Hao, Moruroa, Fangataufa, Mangareva…) afin d’établir la cartographie de ces régions pour le choix des futurs sites du CEP.
(Voir les extraits du carnet de vol à la 9S du PM pilote Louis Hunaut, pour les mois d’août et septembre 1962. Les annotations sur le carnet concernant les lieux des missions étaient interdites)
Bonne lecture
JC
criard, jean-claude BAUD, alain EGUERRE, ftaviot, J.Revert, Christian Suné et Brand Robert aiment ce message
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°495
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
L'oncle de mon épouse a participé en tant qu'ingénieur à la construction de l'aéroport de Faaa de 1959 à 1960. Il a d'ailleurs épousé une Tinto. Son beau frêre, premier polytechnicien du territoire a été directeur de l'aviation civile de Polynésie.
Ces pilotes qui volaient au dessus de cette immensité devaient parfois se sentir bien seuls... Cela me rappelle les inquiétudes que nous avions lorsque les fox mike ne nous transmettaient pas leur PNR au moment attendu.
Bien amicalement TUR2
alain EGUERRE et Christian Suné aiment ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°496
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Je dirais à contrario que ces fameux pionniers ex FNFL avaient tous fait de la recherche ASM et de l'escorte de convoi , et ceci à basse altitude scrutant la surface à partir de leurs Catalina pendant des heures ...parfois jusqu'à 17 ! Alors les immensités ils connaissaient .
Bien amicalement
JC
J.Revert, Christian Suné et Brand Robert aiment ce message
J.Revert- QM 2
- Age : 80
- Message n°497
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Ces premières liaisons vers la Polynésie sont une véritable épopée.
Depuis 2018, il y a même un groupe Vendéen qui a de multiples activités ( Groupe Dubreuil ) qui assure des vols réguliers Paris-Papeete par l'intermédiaire de ses deux filiales Air Caraïbe et French-bee , ce n'est plus dans les même conditions...!
C'est peu connu, mais ils disposent d'une flotte importante (je pense 14 appareils dont des A350-90 et un A350-1000).
La Vendée est dynamique
Brand Robert aime ce message
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°498
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Toujours sympa ! Ce que tu dis montre que le côté un peu aventurier n'a pas disparu , on trouvera toujours des pilotes qui veulent concrétiser leur rêve d'Icare ...Voler come un oiseau Certes aujourd'hui ce sont de gros zoizeaux et quoi de mieux que les immensités du Pacifique pour réaliser ça , en plus en travaillant.
Je ne bouge plus de mes quatre murs et je n'étais pas pilote, mais j'ai toujours imaginé me poser en mer , en hydro auprès d'un atoll, avec un Catalina ! Avant de commencer à hydroplaner , le pilote disait dans l'interphone Radio lancez l'APU ! L'APU (c'était le pouet-pouet , groupe électrogène de secours qui permettait d'avoir du courant a bord , moteurs coupés, pour les servitudes électriques la radio et le réchaud à café ...) Ce pouet-pouet était comme une tondeuse à gazon et se lançait avec un cordon !! Folko mais sympa .Tout seul au milieu de l'immensité
JC
Brand Robert aime ce message
Joël Chandelier- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 80
- Message n°499
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Ingénieur de l'Aviation Civile
† J-C Laffrat- PREMIER MAÎTRE
- Age : 98
- Message n°500
Re: [Papeete] PAPEETE HIER ET AUJOURD'HUI - TOME 3
Henri Cadousteau (1890-). Premier pilote d’avion des EFO. Né à Papeete en 1890, engagé comme mécanicien, il entre à l’Ecole d’aviation militaire d’Istres au début de 1918. Il termine son perfectionnement sur Nieuport le 4.06.1918. Il est ensuite affecté à l’escadrille SAL 50. Le sergent Cadousteau est cité à l’ordre de l’Aéronautique le 31.12.1918. Son avion était baptisé Tahiti. Lors de son retour, il s’installe, loin des vrombissements des avions, dans sa paisible propriété de Mahina.
- Spoiler:
- Francis Tematiti Gasse (1916-1968). Né le 21.08.1916 à Papeete, fils de René Gasse (QM radio sur la Zélée en 1914) et de Jane Temaramauruarii Drollet, il sera le premier Tahitien breveté pilote de l’Aéronautique navale (n° 2310 le 01.04.1937) qu’il quittera le 1.10.1945 pour entrer à Air-France. Titulaire de la licence de pilote de ligne n° PL-0516, il devient le premier pilote de ligne d’origine polynésienne. Décédé le 4.05.1968 à Izaourt, dans le département des Hautes-Pyrénées.
Louis Rollin (1887-1972). Médecin de l’administration en place aux îles Marquises de 1923 à 1930. C’est grâce à ses efforts dans le domaine de l’hygiène et des soins que ces îles voient, enfin, remonter la courbe de leur natalité. On lui doit l’ouvrage très bien documenté Les Îles Marquises, Paris, 1929. Il suivra le bataillon du Pacifique comme médecin capitaine de 1941 à 1944. Décédé à Papeete le 5 janvier 1972.
Marcel Le Bras (1899-). Commissaire à bord du croiseur Tourville, il est, sous le nom modifié de Le Braz, l’auteur de Croisière merveilleuse du Tourville autour du monde, Paris 1930. Il écrit assez lâche, ne donne pas de date et manque souvent de précision ! Voir aussi L’Illustration du 3.11.1929 et Le Monde Colonial Illustré d’octobre 1929 sur le tour du monde du Tourville.
Jacques Bellando (1898-1966). Entré à l’Ecole navale en 1917, il a été breveté observateur en 1920 et pilote en 1924. Lieutenant de vaisseau, il est chef du service aviation du croiseur Tourville de 1928 à 1930. Plus aviateur que marin, son intrépidité n’avait d’égale que son imperturbable sérénité. Il a commandé les escadrilles 4E1 (devenue E7), E5 et E11, puis la BAN Hyères et la BAN Rochefort.
Michel Ferté (1906-1986). Né le 2.02.1906, il entre à l’Ecole navale en 1924. Attaché au service Transmissions du bord, l’enseigne Ferté fait fonction d’observateur aérien en 1929 lors de la croisière du Tourville. Il quitte la Marine en 1962 avec le grade de capitaine de vaisseau. Il rencontre le RP O’Reilly à Paris en 1972 et fait le récit de la première rencontre de l’Aviation maritime avec Tahiti.
Robert Jeanpierre (1898-1948). Entré à l’Ecole navale en 1917, il embrasse tout d’abord la spécialité de canonnier. Observateur en 1928, il passe son brevet de pilote en 1929. En décembre 1933, le LV Jeanpierre, en équipage avec le CC Jean Bonnot, pilote, effectue sur le Latécoère 300 Croix-du-Sud le trajet Berre ‒ Saint-Louis-du-Sénégal, battant le record du monde en ligne droite : 3 877 km en 23 heures.
Il commande la Marine aux EFO et l’escadrille E8 de novembre 1935 à janvier 1938. Le 17.03.1937, en compagnie du gouverneur par intérim Sautot, il recevra le nouveau gouverneur des EFO, M. Chastenet de Géry à son arrivée à Papeete.
Laurent Le Bihan (1905-1983). Il s’engage à 16 ans à l’école des mousses. Breveté mécanicien après plusieurs années de navigation, il se porte volontaire, malgré une insuffisance visuelle, pour l’Aviation maritime et obtient le brevet de pilote en 1928. Pilote du Potez 25 Bleu n° 6, et en équipage avec le LV Mathon, il participe à la Croisière Noire organisée par le général de brigade aérienne Vuillemin ; départ d’Istres le 8.11.1933, arrivée au Bourget le 15 janvier 1934. Pilote de réception à Orly, il est affecté de novembre 1935 à février 1938 à l’escadrille E8 de Tahiti comme chef pilote et patron de l’escadrille.
Pendant le Seconde Guerre mondiale, il rejoint le maquis en 1944. A la Libération, il réintègre l’Aéronautique navale. En 21 ans, il a piloté 52 types d’appareils.
De retour à la vie civile en 1948, il revient à Papeete et crée une entreprise de distribution de gaz en bonbonnes, Le gaz de Tahiti (qui existe encore aujourd’hui), tout en assumant également les fonctions d’expert en aéronautique pour le compte du Bureau Veritas. Elu conseiller municipal de la ville de Papeete, puis adjoint au maire de 1959 à 1963, il est également connu et apprécié dans les milieux sportifs où il assume la présidence du club des Tamarii Nahiti pendant de nombreuses années. Laurent Le Bihan décède le 9.07.1983 à Tahiti.
Hippolyte Le Moigne (1909-1999) fera partie de l’équipage de l’OE1 Pierre Gicquel sur PBY-5A à la flottille de la France Libre 6FE, de janvier 1944 à décembre 1944. C’est probablement le premier navigant de l’Aéronautique navale qualifié opérateur et dépanneur radar aux Etats-Unis. Brevet de radio-volant délivré le 25.05.1943 avec qualification opérateur radar. Certificat de dépanneur radar ASB, délivré le 23.07.1943 (2285 EMG/PM2 Aéro du 29 mars 1944).
Jean Battaglia (1907-1941). Né le 20.08.1907 à Paris. Breveté pilote d’hydravions n° 1321 à Hourtin le 25.04.1928, il est affecté en janvier 1938 à l‘escadrille E8, comme PM pilote, patron d’escadrille. Non rallié à la France Libre le 2.09.1940, il quitte Papeete sur le Limerick le 14 et arrive à Vancouver (Canada) le 3 octobre. Il s’engage dans la RCAF le 16 décembre. Lors d’un vol d’entraînement sur North American Harvard, avec le pilot officer Armstrong, il se tue à Picton (Ontario) le 10.04.1941.
Pierre Gicquel (1914-1991). Breveté pilote d’aviation maritime n° 2094 le 5.06.1934, il est affecté à l’escadrille E8 de Tahiti en novembre 1937. Copilote du CC Brachet, il assume les fonctions de responsable du bureau des vols. Non rallié à la France Libre, il quitte Papeete sur le Limerick le 14.09.1940 pour Vancouver (Canada). Il s’engage dans la RCAF le 16.12.1940. Avec son camarade Battaglia, il est moniteur pilote dans la RCAF où on lui propose les épaulettes d’officier, qu’il refuse, et rejoint la France Libre en décembre 1941 à Saint-Pierre-et-Miquelon où l’amiral Muselier le nomme officier des Equipages de 2ème classe. Il est affecté en 1942 à l’état-major FNFL à Londres aux ordres du CC Lahaye. Le 10.10.1942, il fait partie du premier détachement FNFL envoyé aux Etats-Unis pour former la première flottille FNFL, sur PBY-5A. Il quittera le service en 1970 comme OCE avec 6 000 heures de vol. Il a écrit deux manuscrits, dont le présent auteur s’est inspiré : flottille FNFL 6FE en 1981 et escadrille E8 de Tahiti en 1986.
En 1944 le SM mécanicien volant André Bert (1917-2011), matricule 248FN42, sera l’un des quatre survivants de l’accident d’un PBY5-A de la 6FE, dont le chef de bord était le LV Jacquemin qui, en panne d’essence, s’est écrasé en mer lors d’un amerrissage dans la nuit du 11 au 12 juillet, à 15 km au large de Safi (Maroc). Trente ans plus tard, il a fait le récit détaillé des déplorables circonstances qui ont précédé ce tragique accident entraînant dans la mort quatre membres de l’équipage. (La flottille 6FE, pages 80 à 85, par l’OCE Gicquel, 1981)
Le SM Alain Rioual, né en 1917, mécanicien volant à la 6FE, sera en 1944 le chauffeur du CC de Levis-Mirepoix, commandant la flottille.
QM1 arrimeur à l’escadrille 8S5, Georges Glover est né en Russie en 1917, de père anglais et de mère française. Breveté pilote dans l’U.S. Navy (FNFL n° 45 le 29.10.1943) il fera partie de l’équipage de l’OE1 Gicquel sur Lockheed PV-1 Ventura en novembre 1944. Gicquel dira de lui : Glover c’est une figure ! Arrivé à Tahiti à la E8, il s’ingéniait à en faire le moins possible et n’arrêtait pas de jouer des tours pendables à son chef, le SM Vadurel. Il réservait ses forces pour la chasse aux vahines, où il excellait d’ailleurs. A Agadir, le tableau est moins important mais plus savoureux ! Car il s’attaque aux femmes dont les maris sont absents et qui ressentent le poids de la solitude. Comme il a rapporté des Etats-Unis une bonne cargaison de rouge à lèvres, vernis à ongles et bas de soie, ça l’aide beaucoup. Il est aussi célèbre par ses uniformes made in Hollywood. Je n’ai pas eu à me plaindre de lui. Après la guerre, il pilota l’avion de France-Soir. (d’après La flottille 6FE, page 98)
Jean Clovis Gilbert (1907-1942). Né le 20.04.1907 à Libermont (Oise), il intègre l’Ecole navale le 1.10.1926. Il entre à l’Ecole d’Aéronautique de Versailles le 3.01.1931 et obtient son brevet de pilote d’hydravions à Hourtin en 1932. Il sert deux ans à l’escadrille 3E2 de Berre puis il est désigné comme pilote du FBA HE2 embarqué sur l’aviso colonial Amiral Charner sur lequel il effectue une campagne de deux ans en Extrême-Orient dont un séjour de quatre mois aux EFO du 31.03 au 22.07.1935. A son retour en métropole, il est affecté à l’escadrille E4 à Biscarrosse en 1936. Le 1.10.1936, il démissionne de la Marine, car il n’a pu obtenir le commandement d’un des trois Laté 302 (Mouneyrès, Guilbaud, Cavelier de Cuverville) auquel il prétendait.
Il revient à Tahiti où il épouse Simone Martin, la fille d’un important industriel de Papeete, M. Emile Martin, membre du conseil du gouvernement. A la mobilisation, il est affecté à la Marine à Tahiti comme officier du chiffre ; il vole alors comme pilote à la Section de surveillance (ex-E8). Le 2.09.1940, il sera un des principaux artisans du ralliement des EFO à la France Libre et nommé commandant de la Marine et de l’escadrille 20S.
Le 31.03.1941, il embarque sur le Wairuna en direction de l’Angleterre où il arrive le 19.06.1941. Désigné initialement pour une escadrille de chasse de la RAF à Ternhill (stage à la SFTS n° 5), il est promu capitaine de corvette en juillet et nommé en novembre 1941, commandant de la Marine en Nouvelle-Calédonie. Le 8.06.1942, au cours d’une mission auprès de l’amiral (U.S. Navy) Chormley, alors qu’il est passager à bord d’un B-17 de l’USAAC qui doit l’emmener à Melbourne, il trouve la mort dans l’accident de cet appareil au décollage d’Auckland (Nouvelle-Zélande). Après son inhumation dans le cimetière d’Auckland le 10.06.1942, le général Patch annonce son décès à son épouse en écrivant : « Un impeccable gentleman and an outstanding officer… »
Le CC Gilbert a été fait Compagnon de la Libération, avec croix de la Libération décernée à titre posthume par décret du 4.08.1942, signé par le général de Gaulle à Londres.
À l’issue de son séjour aux EFO, dans son rapport au ministre de la Marine, le commandant Auphan ne tarit pas d’éloges sur les équipages de l’E8 avec lesquels il a collaboré pendant trois semaines. Il insiste, en particulier, sur la nécessité de conserver la base de Fare Ute et son escadrille au sein de la Marine. D’autre part, il préconise le remplacement des CAMS 37 et CAMS 55 par des Breguet Bizerte ou des Loire 130. A cette époque, la Marine et l’armée de l’Air étaient en transactions sur un transfert de la base de Fare Ute, comme cela avait été le cas cinq ans auparavant pour l’escadrille du Calao à Cat-Laï en Indochine. Les mauvaises langues ont laissé penser que les aviateurs de l’armée de l’Air, à l’idée de se trouver au-dessus de la Grande Bleue sans moyens de radionavigation, n’étaient pas enthousiasmés par ce projet !
Joseph Pommier (1914-1994). Engagé en 1933 comme apprenti mécanicien, il devient mécanicien volant en 1937 et est affecté en décembre 1938 à l’escadrille E8. Il fait partie de l’équipage du CC Brachet avec le SM Gicquel qui l’initie au pilotage. Rallie le mouvement France Libre. Après avoir reçu un brevet provisoire de pilote sur CAMS 55, il fera partie de l’équipe de gardiennage de la station navale de Fare Ute pour mettre en œuvre les deux CAMS restants. Après le départ du deuxième contingent de volontaires le 31.03.1941, il reste le seul pilote de la station navale. Promu second maître en décembre 1941. Ayant rejoint les Etats-Unis en février 1943, il sera breveté pilote U.S. Navy et affecté à la flottille 6FE où il effectuera 311 missions de guerre. Promu maître en octobre 1945. Libéré en 1948, il sera un des précurseurs de l’aviation commerciale aux EFO, à la Trapas (PBY-5A) de 1948 à 1950 puis à Air Tahiti (Widgeon) de 1950 à 1952. Le 15.07.1952 il sera grièvement blessé aux commandes de l’Aeronca F-OAGY de l’aéro-club d’Océanie, qui sera détruit. Cette perte entraînera la mise en sommeil de cet aéro-club qui renaîtra sous le nom d’Aéro-Club de Tahiti en 1963.
Coïncidence d’un sort contraire à un personnage hors du commun, Joseph Pommier est à l’origine de la fermeture des deux premiers aéro-clubs (accident du Pou de Ciel en 1940 et de l’Aeronca en 1952) puis de la Station navale de Fare Ute (CAMS 55 accidenté à l’amerrissage en 1942). Il décède le 20.03.1994 à l’île de la Réunion et est incinéré. Une plaque commémorative a été apposée sur la sépulture de son épouse la princesse POMARE X au cimetière de l’Uranie à Papeete.
Marcel Grange (1899-1975). Entré à l’Ecole navale en 1919, breveté pilote en 1928, capitaine de corvette en octobre 1939, il est nommé le 1.03.1940 commandant de la Marine aux EFO et de l’escadrille 8S5 basée à Fare Ute, où il prend ses fonctions le 17.04.1940. Non rallié à la France Libre, il sera relevé de son commandement par le gouvernement provisoire, le 2.09.1940. Parti de Papeete le 14.09.1940, il rejoindra la France via le Canada, les Etats-Unis, le Portugal et l’Espagne. Il sera révoqué sans traitement par Vichy en avril 1944 (on lui reprochera sa mollesse lors du ralliement des EFO). Il sera cependant promu capitaine de frégate de réserve en avril 1946 et rayé de la réserve par limite d’âge en 1961.
Charles Edouard Lahaye (1910-1978). Entré à l’Ecole navale en 1929, il est breveté pilote d’hydravions le 1.10.1937. Après une première affectation à la 4S1 de la BAN Karouba (Tunisie) il est affecté le 1.03.1940 à l’escadrille 8S5, dont il prend les fonctions d’officier en second le 17.04.1940. Non rallié à la France Libre, il suit le CC Grange et le gouverneur Chastenet de Géry pour rejoindre Vancouver au Canada où il débarque avec sa famille et neuf officiers mariniers et marins, qui s’engagent dans la RCAF. Avec le grade de Flight Lieutenant, il vole sur les hydravions du squadron 5BR, basé à Dartmouth près d’Halifax (Nouvelle Ecosse). En mai 1941, il obtient de servir dans la RAF au 4ème Coastal Command OTU (Catalina) sur la base d’Invergordon en Ecosse. Le 18.11.1941, il rallie les FNFL et le général de Gaulle le charge de créer une Aéronautique navale au sein des FNFL. Capitaine de corvette en juin 1942, il assumera jusqu’en août 1943 le commandement de l’Aéronautique navale au Royaume-Uni.
A la suite des négociations avec l’amiral (USN) H. Stark, commandant les Forces navales américaines en Europe, deux flottilles de PBY-5A, soit 30 appareils, la 6FE (VFP-1) en 1943 et la 8FE (VFP-2) en 1944 seront armées aux Etats-Unis. Responsable de la formation des équipages et de l’instruction du personnel, le CC Lahaye s’installe à New York et assume les fonctions de chef du détachement des Free French d’octobre 1942 à mars 1943. Puis il rejoint Londres. En août 1943, il est nommé à Alger comme adjoint du CV Nomy, commandant l’Aéronautique navale. Du 15.07 au 21.12.1944, il commande la BAN d’Agadir, au Maroc. Capitaine de vaisseau, il commande l’Arromanches en 1952-53. Contre-amiral, il occupe la fonction d’ALAIRMED à Toulon du 01.10.1958 au 22.04.1960. Il quitte le service actif en 1971 avec le rang d’amiral et deviendra président de l’Association des Français Libres. Il décède en 1978.
Alain Gerbault (1893-1941). Il s’engage en 1914. Breveté pilote militaire d’avion en mars 1916, il termine la Première Guerre mondiale avec trois victoires. Il est finaliste du championnat du monde de tennis (double messieurs) en 1921 à Saint-Cloud. Il devient célèbre après avoir traversé en solitaire à la voile l’Atlantique d’est en ouest, de Gibraltar à New York, en 101 jours sur le Firecrest en 1923. De 1924 à 1928, il effectue le premier tour du monde en solitaire à la voile. En 1937, son voilier est en rade de Papeete. Gerbault est en délicatesse avec les autorités locales, aussi est-ce naturellement qu’il se retrouve comme invité permanent au mess des officiers mariniers de Fare Ute où il trouve, en sa qualité d’ancien aviateur, des oreilles compatissantes et, très souvent, sinon le gîte au moins le couvert. Après le ralliement de Tahiti, aigri et dépité, il entreprend son dernier voyage vers Bora Bora, Samoa, Tonga, Nouvelle-Guinée et enfin Timor où il mourut de la malaria le 16.12.1941. Ses cendres sont transférées en 1947 par l’aviso Francis Garnier et reposent à Bora Bora.
Emile de Curton (1908-1993). Né en 1908 à Saint-Cernin (Cantal), ce médecin militaire arrive à Tahiti en 1938 pour occuper les fonctions de chef de la maternité. En juin 1940, il sera nommé médecin administrateur aux îles Sous-le-Vent. Il sera un des principaux artisans du ralliement des EFO à la France Libre. Nommé gouverneur des EFO le 3 novembre 1940, il essaiera, confronté à des difficultés économiques et politiques exceptionnelles, de les résoudre par des mesures draconiennes qui iront à l’encontre de trop d’intérêts particuliers locaux. C’est le seul gouverneur des EFO qui fut plébiscité et élu par les gens du Territoire. Il est l’auteur de Tahiti 40 dans lequel il donne une intéressante description de la société tahitienne de l’entre-deux-guerres et où nous pouvons trouver les péripéties du ralliement des EFO. Ses opposants obtiendront son expulsion par le nouveau gouverneur Brunot. Réhabilité, il sera d’abord affecté, le 8.AA.1942, à Londres puis à Saint-Pierre-et-Miquelon, Alger, Madagascar, puis Paris de 1943 à 1945. Gouverneur honoraire de la France d’Outre-Mer, il quitte en 1946 la rue Oudinot pour le Quai d’Orsay. Il sera ambassadeur de France aux Philippines en 1963 et directeur adjoint à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale de 1965 à 1970.
Gérard Saugnac(1917-1990). Le SM mitrailleur bombardier Saugnac, breveté en 1935, amputé de la main droite lors de son accident du 6.08.1940, est toujours en soins à l’hôpital Vaiami lors du rapatriement des non-ralliés. Ayant fait part au SM Gicquel de son désir de partir avec eux, celui-ci l’en dissuada en ces termes : « Je lui ai expliqué que malgré notre bonne volonté et ne sachant pas dans quelle situation nous allions nous trouver, nous ne pourrions pas le soigner correctement et qu’il nous serait difficile de nous occuper de lui. Malgré mon insistance, il n’a pas cédé. Après notre départ ‒ je l’ai su beaucoup plus tard ‒ il a été expulsé de là-bas, sans frais de mission, sans indemnité et l’un de ces soi-disant patriotes, le QM1 Van Parys, l’a vidé en ces termes, bien que n’étant investi d’aucune autorité : « Tu n’as plus rien à faire ici, fous le camp de la base, on ne veut plus te voir rôder ici. » « Un peu salaud de sa part ! » Le SM Saugnac a vécu quelque temps de la charité d’amis. Malgré son handicap, grâce à sa volonté, son obstination et son courage, il effectuera une très belle carrière dans l’industrie et passera même ses brevets de pilote privé.
montroulez, jean-claude BAUD, AMBROISE, alain EGUERRE, D.THIEBAULT, ftaviot, Noël Gauquelin et aiment ce message