43 ans aujourd'hui que le sous-marin EURYDICE et mes copains nous quittaient pour leur dernière plongée...... Une grosse pensée pour eux.(Photo collection personnelle)
4 Mars 1970
" ...... L'Eurydice est en contact , de 6h10 à 6h30 environ avec la base aéronavale de Nîmes-Garons dont dépend l'avion qui doit être engagé dans l'exercice. Ce dernier arrive sur zone vers 6h45 et prend un premier contact avec le sous-marin qui navigue à l'immersion périscopique , à 4 milles nautiques environ dans l'Est du cap Camarat ( à l'Est de la presqu'île de Saint Tropez) , avec des aériens sortis , mais pas le tube d'air du schnorchel , d'après les contacts visuels des membres de l'équipage de l'avion. Ceux-ci remarqueront , peu avant 7 heures , la présence à proximité de l'Eurydice de bâtiments de commerce , dont quatre faisant route vers l'Ouest , confirmant ainsi les échos radar captés par l'avion. Un bâtiment à la coque noire et aux superstructures blanches sera aperçu à faible distance de la route du sous-marin.
L'avion et le sous-marin se préparent à l'essai. L'avion donne par radio ses consignes au sous-marin vers 07h07 et lui demande son accord pour fixer le départ de l'essai à 7h12 , précédent immédiatement la plongée du sous-marin pour une durée de 10 minutes. Le sous-marin donne son accord à 7h13 débute l'exercice.
A 7h23 l'avion se dirige vers la position estimée de reprise de vue du sous-marin , à partir de laquelle celui-ci doit se manifester par un contact radio prévu peu avant 07h30 d'après la chronologie de l'essai. Il ne peut que constater l'absence de contact radio , radar et visuel avec l'Eurydice.
A 8h55 l'avion envoie à sa base de Nîmes-Garons un message alerte rendant compte de l'absence de toute manifestation de la part du sous-marin. Il a établi par ailleurs la situation en surface du moment dans la zone et pris des photos des cargos croisant sur les lieux.
Les informations données par l'avion sont répercutées vers la Préfecture maritime de Toulon , qui déclenche officiellement à partir de 10h50 , la procédure Submiss/Subsunk relative à la recherche de sous-marins disparus.
De nombreux aéronefs et bâtiments sont envoyés sur les lieux , dont certains dès 9 heures , le commandement du groupe de recherches ainsi constitué étant confié à un capitaine de vaisseau , puis à un amiral , embarqués sur l'escorteur d'escadre Surcouf
De nombreux bâtiments et des aéronefs ont été dépêchés sur place , le 4 Mars:
- Deux avions de patrouille maritime Breguet Atlantic et un super frelon équipé d'un téléphone sous-marin , à 9h30
- la gabare La fourmi , à 11 heures
- Des unités de la Marine Nationale participant à l'exercice Olive verte à 11h45
- L'escorteur d'escadre Surcouf et l'escorteur rapide Le Picard , à 13 heures
- L'escorteur rapide le Vendéen et le bâtiment d'accompagnement Commandant Robert Giraud , à 15 heures
- Le bâtiment d'accompagnement Arago à 20 heures,
- Les sous-marins Doris et Argonaute , à 22 heures.
Vers 13 heures ce 4 Mars , une tâche de combustible est repéré par un des avions , puis des débris sont récupérés par la gabare La Fourmi , parmi lesquels:
- Un morceau de caoutchouc de table du type de celui utilisé dans les carrés de sous-marins
- Des résidus d'isolant Klégecel ( tissu de protection thermique)
- Un embout de bouée bouteille
- Une fiche mécanographique de rechanges concernant le système de lancement des torpilles des sous-marins du type Daphné.
L'analyse d'un échantillon prélevé sur la nappe de combustible confirmera qu'il s'agit effectivement de gazole marine.
Vers 15h30 les débris sont identifiés avec une quasi certitude comme provenant de l'Eurydice.
Le 5 Mars d'autres bâtiments rejoignent l'opération de recherche de l'Eurydice , notament le sous-marin Daphné et 4 dragueurs de mines italiens accompagnés d'un navire spécialement conçu pour les missions de sauvetage , le Protéo , doté d'une chambre de décompression.
Un signal sismique attribué à une forte explosion (en fait une implosion , peut être suivi d'un choc) , était enregistré
le 4 mars à 07h28 par les trois stations de Provence du laboratoire de détection et de géophysique (LDG) dépendant de la Direction des Applications militaires du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA/DAM) . D'autres stations sismiques de la région confirmeront ce signal . Le professeur Rocard , responsable du LDG put , à l'aide des éléments ainsi recueillis , localiser l'origine de cette implosion dans un carré de 4 nautiques de côté situé au large du cap Camarat.
Finalement , à partir des éléments suivants , il était possible de restituer convenablement la position du sous-marin à 7h28 , heure de sa disparition.:
- position connue du sous-marin lors de son rendez vous de 7 heures , le 4 mars
- étendue de la zone ou pouvait être localisée le signal sismologique,
- Position des débris recueillis en surface , corrigée pour tenir compte de la vitesse du courant et de sa direction,
- Hypothèse sur la distance parcourue par le bâtiment durant les vingt-huit minutes qui séparent l'heure de son rendez vous avec l'avion de celle de l'implosion. "
(Extrait du livre Accidents des sous-marins français 1945-1983 de Georges Kévorkian)
Nota :
Nos 57 camarades reposent dans l'épave du sous-marin EURYDICE localisée à 750 mètres de profondeur. Avant de toucher le fond , le sous-marin à implosé vers 575 mètres , l'immersion de résistance maximum des coques de sous-marins du type Daphné.