Le port de Brest se prépare à accueillir l'ex-Clemenceau
BREST (AFP) - Brest prépare activement les conditions d'accueil et de sécurisation de l'ex-Clemenceau, attendu fin mai à la base navale à l'issue de son long périple depuis l'Inde.
Après avoir franchi le goulet de Brest, l'ex-fleuron de la Marine française, qui n'est plus "qu'une coque baptisée Q 790", sera conduit par une dizaine de remorqueurs et pousseurs de la Marine nationale jusqu'à son poste d'amarrage dans l'arsenal. Il y retrouvera l'épi n°4 qu'il occupait avant son départ pour Toulon en 1974, à côté de celui du Foch, son sistership aujourd'hui incorporé à la marine brésilienne.
Le président Jacques Chirac avait décidé le 15 février le rapatriement de l'ex-fleuron de la marine, après la décision du conseil d'Etat suspendant son transfert vers l'Inde où il devait finir d'être désamianté avant son démantèlement. Le coût du remorquage de l'ex-Clemenceau s'élève à quelque 12 millions d'euros, dont 725.000 euros pour son retour, hors charge de gazole.
"Tout est disponible sur place, l'eau et l'électricité notamment", explique Jean-Marie Figue, le porte-parole de la Préfecture maritime de l'Atlantique.
D'autres solutions ont été abandonnées car moins pratiques, dont un amarrage en mer sur coffre, en rade ou en haute rade.
D'importants travaux de sécurisation seront réalisés afin de permettre la venue à bord d'experts indépendants qui auront la charge d'estimer et de cartographier les produits nocifs toujours présents, essentiellement l'amiante.
Après l'amarrage prévu sur deux jours, viendra une phase de sécurisation d'environ deux semaines avec des "mesures de respirabilité de l'air et d'empoussièrement" par les marins-pompiers et, si besoin est, l'expulsion de l'air vicié par extracteurs.
L'ex-Clem, long de 266 mètres pour une largeur de 51 m, recèle pas moins de 2.800 locaux, plongés dans le noir depuis le début des opérations de démantèlement. Une électrification des parties les plus exposées au passage des experts est donc prévue ainsi qu'une vérification complète, pas à pas, pour déceler d'éventuels pièges dangereux, trous ou trappes non fermées notamment.
Un assèchement de certaines parties est également prévu après le périple de cinq mois de mer, tout comme un contrôle de la coque tant intérieur qu'extérieur par des plongeurs de la base navale.
Si l'accès à la base navale est toujours strictement réglementé, l'ex-Clem sera visible au loin par tous les habitants de la zone de Brest.
"On veut jouer la transparence dans ce dossier", affirme M. Figue, précisant qu'une commission locale d'information sur la venue de l'ex-Clem présidée par le préfet maritime et le sous-préfet de Brest se réunira vendredi avec les élus et les responsables des principales associations.
Un appel public à candidatures a été lancé fin mars pour sélectionner un expert dont le diagnostic est attendu pour octobre, selon le ministère de la Défense. Parallèlement, une mission pilotée par le secrétaire général de la mer, Xavier de la Gorce, doit réfléchir aux moyens de faire évoluer la réglementation internationale sur les navires en fin de vie et rechercher l'endroit en Europe où une filière de démantèlement pourrait être installée.
Les travaux de cette mission ne devraient pas être bouclés avant mars 2007. D'ici là, l'ex-Clemenceau restera dans l'arsenal de Brest.
Source: AFP