par Christian15603 Sam 14 Mar 2009 - 19:03
Bonjour,
Je me nomme Christian PACRAUD, j'étais QM1 électricien d'armes sur le SURCOUF cette nuit du 4 juin, j'étais de veille optique et j'ai quitté mon quart passé minuit. Déjà le bateau Russe avait été signalé avec un CPA nul par le PC radar.
L'officier de quart au moment de l'accident était l'officier artillerie, je le connaissais bien (ce ne fut pas le meilleur que j'ai connu en 5 ans, je lui donne le nom de X). Cette nuit là, il ya eu une fête au carré des officiers. J'ai vu la prise de quart de X, il est monté à la passerelle avec l'officier mécanicien (je crois), b****é, il est allé direct dans le fauteuil du Pacha.
J'ai quitté la passerelle pour rejoindre le poste sous la plage arrière vers les minuit 30. Je n'étais pas avec les choufs, qui eux ont failli se noyer dans le fuel lourd, il y avait les bondes en laiton des cuves, qui sous la pression de l'étrave du pétrolier ont fusées comme des bouchons de champagne, remplissant le poste de ce liquide visqueux.
J'ai retrouvé des potes qui jouaient aux tarots, j'ai fait le cinquième durant 1 ou 2 heures, nous sommes allés aux banettes, étant chef de poste et ayant le bidel souvent sur mes fesses, j'ai trouvé qu'il était temps de faire dodo.
Je ne sais plus ce qui m'a réveillé, le bruit du choc surement, mais c'est le silence brutal surement qui m'a intrigué. J'étais le premier du poste sur le pont et j'ai vu le Russe battre arrière.
Ma première pensée, "putain en plein dans les machines" je m'en souviens comme d'hier.
Je suis redescendu dans le poste, j'ai gueulé tout le monde sur le pont avec les brassières. Je suis passé de banette en banette, certains dormaient encore, y'a pas eu de mouvement de panique.
La mer était belle, bonne visibilité. Plus rien ne fonctionnait à bord. ET de notre plage arrière nous apercevions les feux du reste de l'escadre qui continuait sa route, y'a eu un moment assez long moment d'angoisse.
C'est la première fois que je parle de ça sur un forum et je m'aperçois que peu d'anciens l'ayant vécu se manifestent.
J'ai vu la boulange brulé gravement (il est décédé à Lyon) et j'ai été à l'enterrement du maître Jean MARTY à Ouessant, je faisais parti de la garde d'honneur. Je n'ai pu retourné dans cette ile que l'année dernière.
Dès que le reste de l'escadre a été au fait de ce qui se passait, je dois dire que les secours furent bien organisés.
Une anecdote, nous étions sur l'Arromanches en route vers Carthagène. Nous dormions sur l'avant, à son arrivée en rade et losrqu'il a mouillé, le bruit des maillons nous a réveillé en sursaut et nous étions quelques uns à courir dans les coursives, la trouille....
Je parle de tout ça avec beaucoup d'émotions encore aujourd'hui. C'est d'ailleurs le 3eme message que je fais les 2 premiers je ne les ai jamais "Envoyer".
Christian
Dernière édition par le Moelannais le Sam 14 Mar 2009 - 19:40, édité 1 fois (Raison : suppression d'un terme par *****)