Bonjour à tous,
merci
Jean Paul de nous faire partager les photos de Michel 501, qui nous permettent de se rendre compte de l'état avancé des dégradations faites par le temps et les hommes sur le lieu de travail pour certains d'entre nous et de départ de Diégo pour d'autres
Merci à Roger, notre historien de Lorient
Une petite parenthèse sur le pinard et le moral de la troupe
Son origine n’est pas exactement connue.
Certains chercheurs affirment que “pinard” viendrait du mot grec “pino” qui signifie boire.
D’autres auteurs lient son origine à Jean Pinard qui, au XVIIe siècle représentaient pour les Bourguignons l’archétype du vigneron.
Une troisième catégorie de chercheurs indique que “pinard” est un mot régional du XVIIe siècle désignant le cépage pinot qui serait passé dans le vocabulaire parisien à la fin du XIXe siècle.
Toujours est-il que le mot “pinard” inscrit dans la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie publié en 1935, a maintenant une acceptation péjorative et qu’il désigne uniquement le vin ordinaire, autrement appelé le “picrate” par les soldats (allusion aux vapeurs piquante d’acide picrique dégagée par les obus).
Le vin fut élevé au rang de personnage mythique (avec cartes postales et chansons) : du Père Pinard (réconfort du soldat) à saint Pinard (patron des poilus) en passant par les multiples chansons à sa gloire comme “La Madelon” composée par le Languedocien Louis Bousquet “Comme son vin, son œil pétille”, “Rosalie” par le Breton Théodore Botrel “Rosalie, verse à boire ! “l’Ode au pinard” de Max Leclerc “Salut, pinard, pur jus des treilles… c’est tout le pays qui vit en toi” ou surtout la fameuse chanson de Louis Bousquet, pour les paroles et Georges Picquet pour la musique “Vive le pinard” , “Le pinard c’est de la vinasse , ça fait du bien là où qu’ça passe, vas-y bidasse, remplis mon quart, vive le pinard ! vive le pinard !
Le poète Guillaume Apollinaire était du même avis “J’ai comme toi, pour me réconforter le quart de pinard qui met tant de différences entre nous et les boches” Calligrammes, 1 918.
En bon artilleur, Apollinaire connaissait sans doute le code des coups à boire :
un 75, c’est un canon, un 105, c’est une chopine, un 121 court, un litre de vin pur, un 120 long, un litre de vin mouillé. (et pour nos canonniers qu'est que cela devait être)
Et, le vin aidant, on ironisait sur les Allemands qui devaient vider
“leur Verdun trait”Dès août 1914, les vignerons du Midi avaient offert 200 000 hectolitres à l’Armée. Celle-ci commanda six millions d’hectolitres en 1916 et douze millions en 1917. Le “quart du soldat” de 1914 deviendra cinquante centilitres en 1916 puis soixante-quinze centilitres de vin en 1917. Par là même, des milliers d’hommes venus de l’Ouest et du Nord se transformèrent en consommateurs réguliers. Ceux qui étaient rentrés se firent également les prosélytes de la langue française que beaucoup ne parlaient pas avant la guerre, s’exprimant habituellement en patois ou en idiome régional. C’est ainsi que depuis cette époque le vin procède de l’unité nationale au même titre que notre langue. Après l’Armistice du 11 novembre 1918, une seconde “Madelon”, “La Madelon de la victoire” , “Madelon, emplis mon verre, et chante avec les Poilus, nous avons gagné la guerre, hein crois-tu qu’on les a eus ! Madelon, ah ! verse à boire, et surtout n’y mets pas d’eau, c’est pour fêter la victoire, Joffre, Foch et Clémenceau !”
Certains hommes politiques, journalistes voudront même que le pinard soit cité à l’ordre de la Nation pour avoir concouru, à sa manière, à la victoire. Pour eux, “Le Père pinard est un père la victoire” qui a vaincu le schnaps allemand : il a fait triompher le chaud soleil du Midi sur les froides brumes germaniques
Extrait de l'Histoire de la vigne et des grands vins des Côtes du Rhône par Robert Bailly
Les temps ont bien changés