par Roger Tanguy Sam 03 Aoû 2013, 13:50
Physique, le cours de plongeur de bord, dis-tu, camarade secrétaire ? Sûr que l'on "rétrécissait au lavage". Quand je suis rentré ma mère m'a demandé si on ne me donnait plus à manger dans la Marine. Bien au contraire, à l'école de plongée nous étions traités comme des coqs en pâte, petit déjeuner copieux, casse-croute à 10 heures avec pain, pâté, sardines en boîte, miettes de thon sous toutes les formes, steack tartare à tous les repas en supplément. Bien sûr, il y avait des jours où "ça tirait un peu sur la bête", par exemple lors de l'épreuve de natation des 5 km. Nous étions largués au large de la pointe de St-Mandrier avec pour mission de rentrer au ponton de l'école dans un temps raisonnable, avant le dégagé en tous cas. Sauf que ce jour là il y avait un joli petit vent contraire qui générait un clapot qui nous fouettait le "museau" (ça va 5 minutes, mais à la longue c'est très désagréable) et freinait salement notre progression. Un moment, nous nous trouvions par le travers de la caserne Ronarc'h perchée sur sa colline. J'essayais de ne pas la regarder mais je ne pouvais m'empêcher de le faire pour évaluer ma progression. Misère de misère, elle était toujours là cette sacrée caserne. J'avais l'impression de ne pas avancer, voire même de reculer par moments. Quand je suis rentré à l'école j'avais la peau derrière les genoux toute "usée" par le frottement du néoprène. En rentrant au cercle à Toulon, je me suis allongé sur mon lit. Mon épouse qui m'accompagnait (j'étais jeune marié) m'a réveillé pour me dire qu'il était temps de me préparer pour prendre la navette pour rejoindre l'école. Nous étions le matin, j'avais dormi plus de 12 heures d'affilée. Mais mon morceau de gloire avait été l'épreuve d'oxycoupage. Nous devions découper un carré dans une plaque de fer pour ensuite boucher un trou, supposé être une brèche dans une coque. Seulement, moi secrétaire de spécialité, je n'avais jamais eu un chalumeau dans les mains. Je n'imaginais même pas que ça pouvait "cracher" sa flamme SOUS l'eau. Il aurait été sans doute judicieux de nous apprendre auparavant (en tous cas à des clients comme moi) le maniement de l'engin au sec et de faire un essai. L'apprentissage au mélange adéquat oxygène-acétylène c'est un peu compliqué à réaliser sous l'eau. Alors que la plupart des copains avaient fait une découpe nette de leur plaque, moi j'avais fait un truc du genre "à découper suivant le pointillé". Et effectivement, j'ai fini par découper suivant le pointillé, à coups de marteau (il y avait un établi installé au fond de l'eau). Encore un truc pas évident sous l'eau. L'essentiel est que j'ai quand même fini par boucher le trou dans la coque, et réussir donc l'épreuve.
Autre morceau de bravoure : l'inspection de l'amiral. Ca ce n'était pas prévu au programme. Chacun était venu avec la tenue en vigueur dans sa région. A Toulon, au moins de juin, c'était, bien entendu blanc complet. La cata, et tout le monde de chercher une relation qui pourrait le dépanner. Finalement la direction a pris la décision que nous nous présenterions dans la tenue qui était la nôtre. En arrivant devant le cours de plongeurs de bord, l'amiral a marqué l'arrêt. Il y avait de tout, bleu complet, panaché, blanc complet, et pour beaucoup, pas forcément la tenue n° 1. Mon voisin portait des chaussures avec des surpiqures qui dessinaient de jolies arabesques. De toute ma carrière, je n'en ai jamais vue de semblables, s'était exclamé l'amiral dans un grand sourire et il s'était éloigné, laissant tous ces "touristes" tranquilles. Le cours de plongeurs de bord ? court, intense et plein de souvenirs.