La barre était une grande roue en cuivre qui était manœuvrée soit par devant, soit par derrière.
Le Saintonge était équipé d'un répétiteur de barre qui fonctionnait par à-coups de 15° lorsqu'on passait en barre électrique.
Ce qui a rendu fou le pilote Australien qui nous accompagnait lors du passage dans le chenal de la Grande Barrière de Corail à l'Est de l'Australie.
Le Saintonge traçait des sinusoïdes dans le chenal.
Oui, étonnant !
Pourquoi l'Australie ?
Nous avons transféré la Saintonge à la Réunion en 1976.
La navigation la plus risquée que j'ai connue.
Pas de sondeur, pas de radar !
Tous ces matériels de navigation en panne dès la traversée des passes de Papeete !
L'ordre de transfert avait été donné au commandement car il n'y avait pas d'avis d'avarie depuis plusieurs mois.
En fait toute avarie était réalisée de gré à gré avec l'arsenal sans en informer Paris.
Donc le Saintonge a été déclaré apte à la traversée de la moitié du globe malgré nos tentatives de dissuasion.
Il faut noter que ce navire ne possédait pas de cloisons étanches et était tellement rouillé que la légende disait qu'il tenait par les couches de peinture et qu'un jet bâton de lance à incendie aurait pu le percer.
L'eau douce avait un goût d'eau de mer.
Ce qui confirme ce qu'écrit Michel Roux.
Ce bâtiment a probablement talonné sur une barrière de corail.
Le Saintonge a donc traversé la mer de Java sans les éléments indispensables de navigation hauturière mis à part le sextant et l'éphéméride.
Les veilleurs dormaient car pendant 3 mois, ils ont fonctionné par tiers !
Avec sieste interdite !
Combien de côtres feux éteints nous avons coulés dans la mer de Java ?
Moteurs en panne, nous avons continué avec la voile bâbord amure capelée au mât de charge.
Nous sommes arrivés en janvier 1977 à La Réunion... sains et saufs !
Beaux souvenirs d'une traversée inoubliable.
Dernière édition par droesch le Mer 30 Déc 2009 - 14:14, édité 2 fois