Environnement : 29/06/2008 à 13:01
Anciens sites du CEP : une réhabilitation sur la bonne voie.
(Tahitipresse).
Arrivé mercredi soir à Tahiti, le Délégué à la sûreté nucléaire, Marcel Jurien de la Gravière, a rencontré l'association Moruroa e tatou.
Pour clôturer sa visite, il s'est rendu samedi à Rikitea (archipel des Gambier), afin de constater, en compagnie du président Gaston Tong Sang et du Haut commissaire Anne Boquet, l'avancée des travaux de réhabilitation des anciens sites du Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP).
Au nom de l'Etat, Marcel Jurien de la Gravière s'était engagé, en réponse à une demande de la Polynésie française, à mener à bien les travaux de déstructuration des installations réalisées par le Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP) tout au long de la période des essais nucléaires effectués en Polynésie française (1966-1996).
Cette demande du Pays a été faite, suite au rapport de la Commission d'enquête diligentée par son Assemblée, en 2006.
Le site de Totegegie a été la première étape de la visite.
Sur place étaient installées des stations météorologiques et de surveillance radiologique.
De l'époque du CEP restaient 70 dalles de bétons, éparpillées sur près de trois kilomètres, des ferrailles enfouies qui ressortent de la couche de corail, et une quarantaine de plots situés dans le lagon.
Depuis environ un mois, des morceaux de ferrailles qui sont récupérés par un détachement du Génie et des militaires de la Légion étrangère, sont stockés avant d'être envoyés sur Tahiti, où ils seront traités.
Les blocs de ciment récupérés sont conservés pour servir par la suite de matière première.
En effet, ils seront transformés en granulat, qui servira à la réfection des quatorze kilomètres de route de l'île de Rikitea.
Rikitea fait place nette.
Les plots dans le lagon servaient autrefois de structure à des antennes ou autres appareils de mesures.
Depuis toutes ces années, une faune marine et des coraux y ont élu domicile.
Après une étude de la protection marine, il a été décidé que ces plots seraient coupés à deux mètres sous le niveau de la mer, pour éviter tout incident avec les bateaux, mais ne seraient pas entièrement détruit afin de préserver les nouveaux habitants.
Quatre mois de travaux devraient être encore nécessaires pour réhabiliter complètement le site.
Sur l'île de Rikitea, le grand hangar Pantz qui servait de protection à la population lors d'un essai, a été totalement détruit.
Il ne reste de ce bâtiment long de 130 mètres qu'un grand terrain et quelques bloc de bétons que la municipalité a souhaité conserver, pour la construction prochaine d'un enrochement afin de protéger le rivage de la houle.
Cet espace retrouvé pourrait devenir un parc pour la population, mais il reste à régler des soucis d'indivision pour une partie du terrain.
Le blockhaus de Taku a également été détruit.
Il en reste deux, par ailleurs, sur l'atoll de Tureaia.
Selon Marcel Jurien de la Gravière, les quatre atolls devraient être entièrement réhabilités à la fin du mois de mars 2009.
Les travaux suivants se feront à Hao, où l'inventaire est actuellement en cours de finition.
Une publication scientifique fin 2009 sur la dosimétrie lors des essais aériens.
Sur la proposition de résolution votée à l'Assemblée de la Polynésie française le 24 juin dernier, concernant la communicabilité des archives nucléaire, le Délégué à la sûreté nucléaire n'a pas souhaité faire de commentaire.
Il a tenu a préciser qu'il était possible de consulter des archives par le biais de la commission de déclassification.
Marcel Jurien de la Gravière est également revenu sur l' engagement d'un précédent ministre de la Défense, qui a habilité trois membres de l'Académie scientifique.
L'objectif est de les laisser revoir toutes les archives datant de 1966 à 1974, et grâce aux informations ainsi recueillies, de les laisser rédiger une publication scientifique sur l'état de la dosimétrie à l'époque des essais aériens.
Ce document devrait servir de référence dans le domaine, une fois rendu disponible fin 2009.
Un point a également été fait sur les accès aux dossiers médicaux des anciens travailleurs.
Ils sont disponibles sur demande des personnes concernées, de leurs médecins traitants ou de leurs ayant-droits.
Actuellement, ce sont chaque mois une centaine de demandes qui sont effectuées.
Pour une meilleure organisation, les réponses vont être envoyées à une seule et même adresse, le centre médical de suivi, qui redistribuera à qui de droit.
Marcel Jurien de la Gravière a tenu à déclarer de nouveau que "selon toutes les études effectuées, les retombées des essais ne sont pas responsables de maladies avérées en Polynésie française, sauf pour le cas particulier dans cette région en ce qui concerne la thyroïde des jeunes de 0 à 15 ans, lors des essais aériens".
Une dernière mission pleine de symboles pour Anne Boquet.
Cette visite a été l'occasion de se rendre à la cathédrale Saint Michel de Rikitea, construite dans les années 1840, le plus grand et le plus ancien monument historique chrétien de la Polynésie française.
Des travaux de réfection devraient débuter dans les prochains mois.
L'Etat, par la voix de Christian Estrosi, s'était engagé à participer aux travaux.
Les fonds devraient être débloqués sous peu, et permettre ainsi à ce monument d'accueillir de nouveau les fidèles pour célébrer la messe.
Cette visite s'est déroulée lors du dernier jour en Polynésie française du Haut Commissaire, Anne Boquet.
Avec beaucoup d'émotion, elle a offert son dernier discours aux habitants de Rikitea, venus nombreux accueillir la délégation.
Cette ultime mission a revêtu tout un symbole pour la représentante de l'Etat, pour qui il était important d'être sur le terrain, loin de Tahiti et auprès des habitants de Rikitea, pour cette dernière journée.
Elle était d'autant plus émue qu'elle a ainsi assisté "à un partenariat parfaitement réussi entre l'Etat, le Pays et la commune".
Anne Boquet s'est par ailleurs engagée à revenir pour la réouverture de la cathédrale, une fois restaurée.
Amicalement
Daniel