C'est le défi des grands constructeurs automobiles : développer un moteur qui consomme moins, mais plus efficace. Le bureau d'étude MCE-5 Development, à Lyon, a mis au point ce qui sera peut-être le standard de demain.
MCE-5, un nom de code à retenir pour deux raisons. D'une part, parce qu'il équipera probablement nos berlines d'ici à quelques années. Et d'autre part, parce qu'il divisera du même coup notre facture d'essence de plus d'un tiers ! Et ce, quelque soit le type de carburant choisi.
Le MCE-5 est un principe de compression variable, appelée aussi VCR, pour Variable Compression Ratio en anglais. Il s'agit en fait d'une "vieille" innovation qui fait une première apparition dans les années vingt, pour ressurgir dans les années quatre-vingt, mais sans jamais vraiment parvenir à maturité. Et ils sont nombreux les constructeurs automobiles à s'être essayés à la mise au point d'un moteur exploitant le principe du MCE-5. Ce que Volvo, Voklswagen ou Nissan n'a pas réussi à développer, un bureau d'études lyonnais, MCE5 Dévelopment, est en passe de le réaliser.
Adapter le volume de la chambre de combustion
Pour bien comprendre, un rappel des principes mécaniques s'imposent. Dans un moteur, meilleure est la compression du mélange air/carburant dans la chambre de combustion, meilleur est le rendement. Cet optimum est atteint sur autoroute, à vitesse stabilisée. Trop compressé, le mélange s'enflamme et entraîne un phénomène de cliquetis. Lorsqu'il ne l'est pas assez, en ville par exemple, le moteur fonctionne au ralenti, loin de sa charge optimale. Le rendement est mauvais et la consommation élevée. D'où l'intérêt d'adapter le volume de la chambre de combustion, entre faible charge et fortes sollicitations.
C'est là toute la justification des recherches faites autour du VCR. Le dispositif fait varier le volume de la chambre à combustion qui entraîne donc une variation du taux de compression. À tous les régimes, le moteur reste efficient, combinant le maximum du couple et de la puissance. Si le principe est simple, et logique, la mise en oeuvre reste plus délicate comme l'a démontrée une étude approfondie de Porsche en 1979. Toute la difficulté réside dans le fait de trouver des solutions techniques qui n'induisent pas plus de défauts par ailleurs.
Une économie de carburant d'au moins 30%
La proposition du bureau d'études MCE-5 Development rompt avec les pistes de recherche déjà explorées. La solution apportée se résume à deux éléments : une roue dentée et une crémaillère. C'est cet engrenage qui permet de contrôler le taux de compression. Il fait varier la taille de la chambre à combustion, raccourcit la course du piston et réduit les frottements.
Pour Vianney Rahbi, le concepteur du bloc moteur, « il s'agit d'un nouveau seuil technologique dans le développement du moteur à essence ». Les avantages annoncés sont énormes : une économie de carburant d'au moins 30% pour un véhicule de 150 à 200 CV et une réduction d'un tiers des gaz polluants.
Le MCE-5 peut aussi apparemment intégrer toutes les améliorations actuelles des moteurs, en particulier la multi-carburation gaz / essence / biocarburant. Aujourd'hui, de nombreux constructeurs automobiles semblent intéressés. Le Suèdois SAAB a présenté un premier prototype VCR en 2000, au salon de Genève. En France, Peugeot compte entamer les tests du moteur MCE-5 à l'automne 2007 sur son modèle 407. Cinq véhicules seront équipés du dispositif dès janvier 2008. Une adaptation en série pourrait intervenir à l'horizon 2015, selon les décisions des différents constructeurs.