par Max Péron Ven 30 Aoû 2019 - 18:53
Pascal,
tu mélanges un peu deux événements importants dans lesquels le Cdt Bourdais était directement impliqué :
le révolution iranienne et l' "interception" de l'armada soviétique (sujet déjà évoqué)
Révolution iranienne
Un seul bâtiment français sur place, le Commandant Bourdais !
En France, personne ne le savait (familles, radios, télés, presse), mission Top Secrète.
Vacances aux Seychelles annulées. La faute à Komeyni.
Le 7 janvier, des commandos Marine du Commando Jaubert embarquent à bord. Bizarre, bizarre. Le 8, nous appareillons. Un message SECRET DEFENSE et URGENT OPERATIONS tombe sur les téléimprimeurs du PC Trans : sur ordre direct de Paris, le Commandant Bourdais doit immédiatement faire route vers les côtes iraniennes.
Le séjour prévu aux Seychelles du 4 au 11 février est évidemment annulé. Interdiction formelle de téléphoner à nos familles par l'intermédiaire de Saint-Lys radio. Les marins ayant donné rendez-vous aux Seychelles à leurs épouses ou compagnes sont cependant autorisés à leur envoyer un télégramme. Que l'on soit second-maître ou commandant, seuls trois mots sont autorisés : "ESCALE SEYCHELLES ANNULÉE". Rien d'autre, aucune explication. Imaginez la tête des épouses et compagnes concernées lorsqu'elles reçurent ce télégramme !
En janvier 1979, les événements se précipitaient en Iran. La révolution était en marche, inexorablement. Chapour Bakhtiar, le dernier premier ministre nommé par le Shah, ne parvenait pas à contenir les émeutes qui s'étendaient à tout le pays. Une bonne partie de l'armée s'était jointe aux insurgés. Quelques jours plus tard, le Shah et sa famille prenaient la fuite. Le 1er février, l'ayatollah Khomeyni rentrait en Iran. Enfin bref, c'était le bor..l !
Mission du Bourdais : être sur place les yeux et les oreilles du gouvernement français, "montrer le pavillon", dissuader, protéger et secourir des ressortissants français ou occidentaux qui seraient éventuellement menacés, en particulier dans les installations pétrolières côtières ou offshore. Si nécessaire, avec les Américains qui avaient envoyé plusieurs navires sur les lieux.
.../... Particularité technique : Paris m'imposait un silence radio total pendant toute la durée de la mission. Interdiction d’émettre, sauf en cas de danger immédiat et/ou d'usage des armes. En mode réception, même si la propagation était mauvaise, je n'avais pas intérêt à rater un seul message. Je n'avais plus la possibilité de demander éventuellement une répétition.
.../... (je résume) .../... Seules consolations : un message de félicitations du ministère de la Défense pour l'ensemble de l'équipage. Ensuite, pour le service Transmissions, un message de félicitations d' ALINDIEN, le même qui m'avait engueulé à l'Ile Maurice pour avoir utilisé les services de l'ambassade. Pendant toute la durée de la mission, nous n'avions en effet raté aucun message. L'amiral n'était pas rancunier.
Après cette mission TOP SECRET, retour à Djibouti.
Tout début avril, ce sera la mission "Sus aux Soviets !", mission elle aussi TOP SECRET. Seul le pacha était au courant.
Mais ceci est une autre histoire ...
Dernière édition par Max Péron le Sam 31 Aoû 2019 - 11:08, édité 1 fois