par † sagnimorte albert Ven 12 Mai 2017 - 9:07
Campagne en Indo .
Après les mésaventures du 101, voici la suite.
Notre 263 est prêt. Nous descendons le Nha-Bé et cap au Nord, direction Haï-Phong. Notre commandant provisoire, chargé seulement de convoyer le L C I est un enseigne nommé Levasseur. Son rôle se terminera lorsqu'il remettra le bateau au commandant de la dinassaut en formation. Nous allons longer toute la côte d'Annam qui est une des plus belles que je connaisse. Plages infinies au sable doré, bordure de cocotiers dans l'eau bleue. En arrière plan, le bleu des montagnes de la chaîne annamitique. Aux environs de Tourane (Da Nang) la montagne plonge dans la mer turquoise, formant une baie presque fermée. Escale à Nha-Trang. Pas de port, le LCI s'approche lentement de la plage pour la toucher du nez. A vitesse réduite, il talonne sur une barre. Le bateau s'est échoué à marée haute et le coefficient des prochaines marées va diminuant pendant quinze jours. Nous voici en villégiature forcée. L'enseigne recevra sans doute des félicitations , bien qu'il ait été prudent dans sa manoeuvre . En attendant, bains de mer et sorties à terre quasi-quotidiennes. A Nha-Trang, ce sont encore des pousse-pousse tirés par des hommes trotteurs qui font la liaison entre le "port" et la ville distante d'environ trois kilomètres. Dans les villes du Sud ou les grandes villes du Nord, ce sont des cyclo-pousse, renforcés à Saïgon par les cyclo-moteur, qui ont pris le relais.
Les bains de mer sont parfois troublés par l'apparition d'ailerons de requins. C'est alors la ruée en direction du bateau. Le soir, nous allons à terre en débarquant par l'arrière dans un canot, puisque nous n'avons pu accéder à la plage. L'ancre à jas est à poste, sur le tableau arrière. C(est elle qui nous sert d'échelle. Le copain qui descend en dessous de moi n'a pas l'idée d'éviter de mettre ses doigts dans l'oeil du jas. Je n'ai pas l'idée d'éviter de mettre le pied sur le jas qui bascule et lui sectionne le doigt. Le bout de l'index ne tient plus que par un morceau de peau. Me voila bien ennuyé. Fort heureusement, le doigt sera recollé et le copain rejoindra le bord après trois jours d'hospitalisation.
L'amplitude de la marée est maintenant suffisante et c'est d'une seule étape que, pour rattraper une partie du retard, nous allons rejoindre Haï-Phong. Nous laissons sur tribord de petites îles paradisiaques habitées par un peuple de pêcheurs.ces gens doivent tirer l'essentiel de leurs ressources de la mer. Ils ont conservé un mode de vie primitif, loin des besoins croissants que crée le modernisme. Il n'en sera plus de même en 2000, lors de mon voyage au Vietnam. La population globale aura alors quadruplé, passant de vingt à quatre-vingts millions d'habitants. Les ressources naturelles de la mer, surexploitées, ne suffiront plus.Il faudra, comme depuis pas mal d'années au Japon, pratiquer l'aquaculture, l'élevage intensif.
A plus les amis (pour un peu plus d'action).