Je suis le matelot Missilier fraîchement émoulu de St Mandrier le plus à droite sur la 6ème photo.
Photo prise à Lubeck lors de la fête des villes Hanséatiques comme la première de la série.
Je suis aussi présent, sur celle où nous sommes habillés en Cow-boys (à gauche de notre second).
Mon nom est Didier Hebrard et j’ étais le Missilier en charge de notre magnifique canon de 40mm, des 12,7mm et de nos très inutiles SS12.
Et c'était mon premier embarquement, (sacré entrée en matière !).
C'est dingue comme des souvenirs que je croyais oubliés peuvent resurgir à la simple vue de quelques photos.
Chacune de celles que tu as placé sur ce site, font remonter de grands moments de mer, de camaraderie et d'épreuves surmontées ensemble sur ce sacré rafiot.
J’ai maudit la Pertuisane plus d'une fois, mais ce bateau et son équipage sont restés pour moi l'image même de ce que j’ai recherché dans la Marine Nationale sans vraiment le savoir.
Dommage qu’il m'ait fallut des années pour m'en rendre compte.
Je me souviens parfaitement de toi, de ta compétence technique, mais aussi (et surtout) de ton humour.
Des flashs me reviennent de sorties rue de la soif, ou lors de nos rares escales, de fous rires lors de briefing à la passerelle ou à l'appel du matin quand, talent rare, tu réussissais à faire bouger tes oreilles tout en gardant un visage de marbre.
Tiens encore un flash, (il me semble bien que c'était toi).
C'était lors d’ un test de l’ amirauté visant à voir combien de temps nous pouvions patrouiller sans « craquer » dans des conditions de mer très éprouvante sur ce navire qui donnait l'impression d'être dans une lessiveuse dès que la mer dépassait force 3, (lorsque nous étions à quai un Zodiac passant a proximité nous faisait rouler).
Nous avions donc navigué en Manche et en mer du nord pendant 2 semaines d'affiler, avec juste une escale de ravitaillement de quelques heures.
Au bout de plusieurs jours dans des conditions de navigation plutôt dures (euphémisme !), tu as décidé de prendre une douche, (expérience que le reste de l'équipage s'était bien gardé de tenter).
Pour ceux qui lisent ces lignes sans connaître les patrouilleurs rapides, il faut préciser que la douche se trouvait à l'avant du poste équipage, qui lui-même était à l'avant du bateau.
Jusque là pas de problème, sauf que dans le poste équipage de la Pertuisane, il nous arrivait fréquemment de décoller du sol, au sens littéral du terme, lorsque qu'à la faveur d'une grosse mer le bateau descendait (ou plutôt plongeait) dans la vague, (voir photo plus haut).
Toujours est-il, que je te vois encore ouvrir fièrement (quoique t'accrochant à ce que tu pouvais) la porte du sas des douches, la serviette sur l'épaule et en ressortir quelques minutes plus tard le visage en sang, car tu avais subit le fameux décollage, mais avec une variante « petit coup de roulis » en même temps, ce qui t'as valu un atterrissage assez vigoureux sur le lavabo.
Marrant, plus j'y pense et plus je me dis que ces années sur la Pertuisane ont été parmi les plus beaux moments de mon existence, bien qu'ils aient été parmi les plus dures.
En consultant quelques sites, j'ai appris la fin de la Pertuisane comme cible pour des essais de missiles.
Enfin, les bateaux ne meurent jamais tout à fait, tant que ceux qui y ont servis leur garde une petite place dans leur cœur.
Ce sera avec un grand plaisir que j'échangerai encore avec toi d'autres souvenirs communs, Jojo.
En attendant merci de m'avoir remis un temps dans la peau d'un matelot de 19 ans.
Ci-dessous un site donnant quelques infos sur la Pertuisane, (il y a même une photo du super-étendard qui à coulé notre bateau).
http://www.netmarine.net/f/bat/pertuisane/index.htm