Nous voilà, donc, revenus, à notre port d'attache ; l'aventure "LAVEZZI 1" est terminée.
Depuis les appontements du quai "Noël", nous partons, tous les jours, pour effectuer des entraînements, au large des "Îles du Levant" ; c'est que nous appelons, familièrement, la croisière des "Salins" (les salins d'Hyères).
Le départ se situe, aux alentours de 06h00, du matin, et nous sommes de retour, vers les 20h00.
Bref, c'est la routine : CASEX, RAM, Sécurité, Tirs, etc... ; pas de quoi fouetter un chat.
Et puis, un matin, une rumeur se fait jour (Radio Coursives) ; notre cher "Normand va quitter Toulon, pour Lorient, où il sera radoubé.
Stupeur, dans les postes.
Et oui, cela devient officiel ; notre ER va partir pour un grand carénage (IPER), dans le port du Ponant.
C'est par là que passent, presque tous, les ER et les AE.
La première question qui se pose, alors, à moi, est la suivante : vais-je rester à bord, ou débarquer ?
Rester à bord ; ah non !
Je n'ai pas demandé à faire mon service militaire, dans la Marine, pour rester, pendant 6 mois, à quai, ou au fond d'un bassin de radoub.
Cette question me taraude l'esprit, pendant une ou deux semaines : aller à Lorient et faire une croix sur mes visites, à Lyon, où m'attend ma fiancée (Lorient-Lyon ; c'est un long voyage), et renoncer à naviguer…
Ou embarquer, à Toulon (Toulon-Lyon ; c'est bon), sur un autre bâtiment, et pouvoir reprendre la mer…
La question va être tranchée.
Je suis convoqué au BM, et le secrétaire m'annonce que je serai affecté, dès le lendemain matin, 10h00, à l'équipage du D636 "Tartu" ; il est, à sec, au bassin "Vauban", et c'est là que je devrai poser mon sac.
Ok ! Je reste, à Toulon, et je vais naviguer ; tout est, donc, pour le mieux.
En fin d'après-midi, comme j'ai du temps de libre ; je me décide à me rendre, à la cale sèche, où se trouve mon futur navire.
Je contourne la darse "Missiessy", arrive, à l'îlot "Vauban" ; et là, je le découvre…
Hola ! Hola ! quelle horreur !
Les ponts, et les superstructures, sont pleins de toiles, de cabanes métalliques, de madriers, de rouille, de débris, etc... ; un vrai chantier, quoi.
Cependant, dès le premier abord ; il me plaît.
Chouette ! Je suis bien tombé.
Je retourne à bord du "Normand", très satisfait de ma découverte ; oui, ce nouveau navire, déjà, je l'aime.
Dilemme ; comment pourrais-je oublier mon cher "Normand", en m'attachant, si vite, à l'autre ?
Mais non, cher "Normand" ; jamais je ne t'oublierai, tu fais partie de ma vie.
Cependant, la vie est ainsi faite, et on n'en est pas toujours maître ; comprends le…
Toi aussi, tu vas repartir vers de nouvelles aventures, hélas, sans moi ; mais jamais tu ne quitteras mes pensées.
Alors, une dernière photo, de toi, au quai "Noël", pour le souvenir.
Bon vent, donc, mon bel ami.
Et puis, ce soir ; je suis allé faire mes adieux, au LV "Méchet", pour qui j'ai eu tant de respect et de reconnaissance (Il finira Amiral et Préfet Maritime de Cherbourg).
Ce fut un des "as" de la DSM ; Il m'a tellement appris, à ce sujet (en toute modestie, je pense que je fus un bon élève ; mais avec un tel professeur...).
C'est lui qui, au départ, m'a toujours "poussé", et qui m'a fait faire le cours des BE ASM.
Il m'a, ainsi, mis le pied à l'étrier ; ce qui m'a valu d'être promu QM2, du temps de mon Service National, alors que mes copains de l'EASM, ne l'ont été qu'à leur démobilisation.
Quelle fierté, pour moi (de l'orgueil ?...), et que de joie de demander à ma fiancée (excellente couturière), de coudre mes nouveaux galons…
Bien cordialement.
Xavier
PS :
Merci, Amiral.
R.I.P.