Le Marion-Dufresne indisponible au moins jusqu’à mi-janvier.

TERRES AUSTRALES

Le 4 décembre après que ses ballasts ont été purgés, le Marion-Dufresne est entré en cale sèche à Durban. Le navire ravitailleur des TAAF devrait demeurer indisponible au moins jusqu’à la mi-janvier mais les réparations indispensables pourraient demander davantage de temps.

Le côté bâbord est endommagé sur 60 mètres et la coque est déchirée par endroits. Mais, ce ne serait que de la tôlerie, indique Christophe Jean, secrétaire général des TAAF. « A priori, la structure ne serait pas touchée. Toutefois, certains doutes demeurent quant à l’état d’équipements scientifiques. »

Le 14 novembre dernier, alors qu’il transite à l’ouest de l’île de la Possession pour ravitailler une "cabane" scientifique (un poste isolé où séjournent des chercheurs), le Marion-Dufresne heurte un haut-fond. Une voie d’eau se déclare à l’avant gauche du navire. La mer s’engouffre dans deux compartiments étanches. Le Marion-Dufresne parvient par ses propres moyens à se mettre à l’abri dans la baie du Marin en face de la base Alfred-Faure. En dépit de l’avarie, le navire conserve sa stabilité. A bord, tout le monde est indemne. Heureusement les conditions de mer sont bonnes.

Les 145 marins et passagers sont hébergés pendant une dizaine de jours sur la base Alfred-Faure. Le câblier de France Télécom Marine Léon-Thévenin a rapatrié 85 personnes, techniciens, scientifiques, pour la plupart envoyées par l’Institut polaire Paul-Émile Victor (IPEV), basé à Brest. Le Marion-Dufresne, après inspection de la coque par des plongeurs, est parvenu à regagner Durban par ses propres moyens à petite vitesse, escorté par un remorqueur.

L’administration des TAAF a pris des dispositions pour assurer le ravitaillement des bases. Outre la Curieuse et le patrouilleur Osiris, deux frégates de surveillance de la marine nationale, le Nivôse et le Floréal qui appareilleront début janvier transporteront sur place hommes et matériels.

Le talonnage du Marion Dufresne va coûter trois millions d’euros

TAAF
Le Marion Dufresne avait heurté à l’avant gauche un haut-fond à l’ouest de Crozet, le 14 novembre dernier. Bloqué en baie du Marin, le sort du navire ravitailleur des Taaf restait alors incertain. Une importante mobilisation avait suivi pour lui porter assistance. Quatre navires avaient pris la mer, dont le câblier Léon Thévenin de France Télécom. Escorté par le Coral Sea, le navire ravitailleur des Taaf avait finalement pu rejoindre les chantiers navals de Durban (Afrique du Sud) le 3 décembre. Mais les opérations de dépollution puis de longues manœuvres de mise au sec n’ont pas permis le démarrage du chantier avant le 17 décembre. Sébastien Mourot, directeur de cabinet des Taaf, liste les dégâts constatés alors : "Les 8 premiers mètres de la coque sont intacts. Ensuite, sur 40 m, il y a des déchirures et une déformation importante. Les 10 m suivants sont intacts. Les 25 m suivants arborent plusieurs brèches et une déformation importante. Le navire a raclé durablement". Il souffle : "Quelques cales à gasoil et des ballasts ont été inondés, mais ni les hélices ni le safran n’ont été touchés. Les dommages ne concernent que du métal". Les réparations vont tout de même durer plus d’un mois. Elles doivent s’achever vendredi prochain. Le Marion Dufresne sortira de cale le lendemain avant d’effectuer 48 heures d’essais en mer. Il prendra ensuite la direction de La Réunion, où il est attendu le 2 février.

Un million de dollars de réparation
Dans la foulée, le navire effectuera une partie des campagnes océanographiques prévues par l’Ipev dans les Kerguelen. Il apportera également un peu de ravitaillement aux bases, privées de rotation en novembre. Même si la Curieuse et l’Osiris ont apporté une partie du nécessaire et le Nivôse fera l’appoint la semaine prochaine, les Taaf veulent assurer la soudure. La prochaine rotation, dédiée au ravitaillement et à la relève de personnel, est programmée à compter du 15 mars.
La mauvaise fortune du Marion a d’importantes conséquences financières. Les réparations vont coûter environ un million de dollars, soit plus de 750 000 euros. Quant à l’affrètement des différents navires, le remboursement des touristes embarqués… il va coûter "environ trois millions de dollars", soit 2,25 millions d’euros.
La majeure partie de la facture devrait être supportée par l’armateur, la CMA-CGM. Les enquêtes, dont celle du BEA, s’orientent avec "certitude sur une erreur humaine".
Ce talonnage aurait pu réveiller de vieux projets visant à acquérir un second navire pour assurer la relève en cas d’indisponibilité du Marion. Que nenni. Sébastien Mourot clôt le débat : "Cet incident majeur a permis de tester notre capacité de réaction. Nous sommes plutôt satisfaits, notamment du partenariat avec la Marine et les différents services de l’action de l’État en mer. Investir dans un nouveau bateau dépasse nos capacités financières. Ce n’est pas à l’ordre du jour". Le choix des Taaf est tout autre. "Ce navire unique aura vingt ans en 2015. En lui offrant une cure de jouvence à court terme, on espère doubler son espérance de vie initiale"