Pour visiteur
C’est bien vrai, ton évacuation sanitaire de Rapa a été une péripétie, je l’ai lue et relue, je n’en avais pas connaissance ; c’est une aventure, dirait-on, et que l’on ne peut rencontrer de nos jours pratiquement que dans les océans, là où se trouvent des archipels où tout se fait encore par bateau, mais de moins en moins puisqu’en Polynésie Française par exemple pour 110 îles on a une cinquantaine d’aérodrome, ce qui contribue à sauver des vies humaines. A Rapa, il n’y a toujours pas de piste d’atterrissage. Comme tu sais c’est un problème de vent irrégulier, changement brusque et fort, avec cisaillement, qui l’empêche.
On a beaucoup d’exemple de personnes qui ont péri dans le passé, sur les îles, parce qu’il était impossible de les transférer sur Tahiti ; là où l’on aurait pu traiter leur cas, en un mot les soigner. Pour ton affaire à Rapa, tout s’en mêlait, le dragueur ne pouvait pas rentrer dans la baie, c’est bien connu, surtout par houle d’ouest ; les Rapas sont des marins nés, aucun souci à se faire pour se rendre à couple du bâtiment, mais le moteur tombe en panne et immanquablement la baleinière se fiche en travers et aurait pu chavirer. On passe mais on joue dangeureusement de l’ascenseur le long du bord. Ils ont pris un risque.
Il y avait une autre solution, la meilleure selon moi : c’était te brancarder par les collines et descendre derrière le GMD/2 vers la baie Anarua sur la côte ouest ; cette baie de bon mouillage constitue un refuge d’attente pour les bateaux venant à Rapa er ne pouvant pas entrer dans la baie. J’aurais été le commandant du dragueur c’est la solution que j’aurais choisie et ordonnée ; mais dis-tu, il arrivait de France, peut-être n’était-il pas assez documenté sur Rapa ? Je crois que dans les Instructions Nautiques c’est précisé et l’hydrographie de la baie Anarua est parfaite.
Qui nous dit qu’il n’y a plus d’aventure au XX ème siècle ? Je pense que tu en as fait un beau récit pour tes petits enfants ?
La piste recouverte de roches de cailloux et de graviers à Hao, c’est suite au passage d’un cyclone, j’ai connu cela à Mururoa à deux reprises en 1982 /83. 500 personnes avec balai, pelles et camions citernes pour arroser, afin de déblayer et laver le tout et pas qplus de premier maître que de matelot ou de deuxième classe ; tout est à grande echelle dans cet océan illimité. Tu sais sans doute que un cyclone les eaux montent. Elles peuvent monter de deux mètres à la verticale de l’œil, pas étonnant si la passe de Hao était invisible, tout était recouvert par les eaux, par la marée de tempête.
Monsieur de Verneix n’était pas à Rapa pendant la guerre, il est arrivé à Tahiti venant de Rapa le 8 mai 1940. Il s’est retrouvé en Indochine ; c’est feu le RP Patrick O’reilly, qui était un historien, qui l’écrit. Chacun sait que les troupes japonaises, ne sont pas venues en Polynésie française. Un japonais vivait à Rapa, marié à une polynésienne, presque française et au nom bien Français et que normalement tu as connue en 1969, ce Japonais s’appelait Watanabé. Même si les japonais ont fait de l’espionnage sur Rapa, je me demande bien ce qu’ils auraient fait de cette île quasiment impraticable tant sur le plan maritime que sur le plan aéronautique.
Mais monsieur De Verneix avait un tempérament galéjeur, et puis en 1968 quand je l’ai connu, il était déjà malade. Il devait ressasser tous les épisodes de sa vie et broder dessus.
Quand à ton copain Morville, il est dans son pays, la Réunion.
Amicalement
André Pilon