par Max Péron Mar 25 Jan 2022 - 17:37
CV Cussac, CV de Gaulle et CF Marfaing : je les ai également connus tous les trois à bord du Suffren.
Comme je l'ai sans doute déjà dit, mon pacha était donc le fils du général de Gaulle et mon chef de service, Aymar Pétyst de Morcourt, était le neveu ou petit-neveu du maréchal Pétain. Etonnant, non ?
Anecdote à propos du commandant en second, le CF Marfaing :
(1967) A l'issue de sa croisière d'endurance, après une courte escale à Lorient, le Suffren arrivait à Toulon le 22 décembre. De façon totalement arbitraire, il fut décidé qu'une seule bordée de l'équipage serait autorisée à prendre des permissions pour fêter le réveillon à la maison. Matence, second maître radio comme moi, faisait partie de la bonne bordée. Il n'était pas marié ni fiancé et n'avait pas de petite amie. Trouvant cette décision particulièrement injuste, il était d'accord pour partager ses perms avec moi et même de me faire cadeau de l'intégralité de cette courte permission. J'ai oublié de vous préciser que j'étais fiancé avec une Lorientaise qui allait devenir - et qui est toujours - mon épouse.
Tout heureux, j'allais voir Pétyst de Morcourt pour lui faire part de cet arrangement et lui demander son accord officiel. En principe, simple formalité. Il ne voulut rien savoir. J'insistais poliment, argumentant que pour le service, cela ne changeait rien du tout, l'un de nous étant toujours présent à bord. De nouveau, il me confirma son refus mais sans me donner la moindre explication. C'est comme ça. Point. Ulcéré, j'interrompis brusquement la conversation et quittai son bureau en claquant très violemment la porte derrière moi.
La porte se rouvrit.
Péron, revenez !
Péron, revenez immédiatement !
Cause toujours.
Moins de trente secondes plus tard, tous les haut-parleurs intérieurs et extérieurs du bord diffusaient :
Le second maître Péron est convoqué immédiatement chez le commandant en second.
Cette diffusion était répétée une deuxième fois. Aïe ! Aïe ! ça sent le roussi pour mon matricule. Evidemment, je me rendis aussitôt dans le bureau du capitaine de frégate Marfaing, commandant en second. Evidemment, j'en pris "plein la figure".
Votre comportement est inadmissible. Si vous recommencez une seule fois, vous m'entendez, une seule fois, je m'occuperai personnellement de vous. Etc, etc.
Chambre suivante, en 1968, devant l' Officier des Equipages de 1ère classe Kellener, chef de la station radio de Rufisque au Sénégal :
Je ne sais pas ce que vous avez fait à bord du Suffren mais "ils" vont ont massacré !
Pour rappel, à l'époque, la notation était secrète.
Dernière édition par Max Péron le Mar 25 Jan 2022 - 17:49, édité 1 fois