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    Message par FUSILIERS Ven 18 Avr 2008 - 10:44

    Merci les ancien de nous parler de nos frères de François, car peu de monde en parle.
    Encore merci pour eux.

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    Age : 88
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    Message par JPP29N Sam 26 Avr 2008 - 14:56

    Un très grand bonjour à tous, avec du soleil présent dans le 29 N.
    Je vais vous relater comment j'ai fait la connaissance du Quartier-Maître FUSCO YONGER, rescapé du Commando " FRANÇOIS " lors de la tragédie de NINH-BINH le 29 Mai 1951, grièvement blessé lors de ce massacre.
    Fin 1959, après mon cours de Quartier-Maître du Cadre Spécial " C.S " FUSCO, j'embarque à bord du Croiseur Anti-aérien " C.A.A " COLBERT.
    Spoiler:

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    Message par Tinto Sam 26 Avr 2008 - 15:56

    Merci à tous pour vos récits et anecdotes..
    Quelques photos du très beau livre d'Erwan Bergot..." Indochine 1951 ".

    Rocher de Ninh-Binh, 29 Mai 1951:

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    LSSL Dinassaut Ninh-Binh, 30 Mai 1951:

    [Divers commando] Commando François - Page 9 Lssl_d10

    Commandos Marine, 29 Mai 1951, Ninh-Binh.
    "...Berger, Wagner, Heurtault, Rose et les autres... ".
    Des commandos-marine qui supporteront le 1er choc de l'attaque Viêt-Minh, sur le rocher de Ninh-Binh:


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    André RODRIGUEZ, Chouf toujours (1967-73).

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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Avr 2008 - 16:05

    Pour faire prendre conscience à tous du "martyre" qu'ont subit les rescapés du commando "François" après le combat de Ninh-Binh, je mets en ligne ci-après la relation par René BAIL du récit des hommes capturés par l'ennemi et la description du véritable "crime de guerre" dont se rendirent coupables les Viêts en assassinant des prisonniers enchaînés.

    Les survivants

    La rage au cœur, une dizaine d’hommes ont assisté, de loin, à la reddition de leurs camarades.
    Ce sont ceux qui ont réussi à s’infiltrer dans le rach et à s’y maintenir, échappant aux grenades, aux rafales et aux regards des Viêts.
    Ils nagent, poussés en avant par la rage de réussir.
    Deux groupes sont là, séparés par une cinquantaine de mètres, rassemblés autour de leurs blessés.

    Spoiler:



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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Avr 2008 - 16:10

    Suite du récit des survivants du combat de Ninh-Binh

    En effet, se découpant en ombre chinoise sur le fond plus clair d’une fenêtre, les commandos distinguent précisément la carrure frêle d’un Viêt qui observe le terrain :
    - Arrêtons-nous, ordonne Mahé, et allongeons-nous dans la boue.

    Pour se masquer aux regards de l’ennemi, il fait enduire de vase noirâtre le corps nu de ses camarades de façon à les confondre avec la terre.
    Une heure passe ainsi.
    Le jour est maintenant complètement levé.
    - Que faisons-nous ?
    - Attendons : les Viêts vont finir par s’en aller...


    Spoiler:


    Dernière édition par BONNERUE Daniel le Mar 29 Avr 2008 - 13:53, édité 2 fois



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    Message par BONNERUE Daniel Sam 26 Avr 2008 - 16:17

    Un crîme de guerre : Le massacre par les Viêts des rescapés de "François" fait prisonniers

    - Di, di ! Maolen !
    Les commandos courent sur la diguette, gauches, hébétés, mains entravées, harcelés sans cesse par les cris des petits bo-doïs en noir, le pantalon relevé au genou. Ils refont, en sens inverse, le dur chemin effectué la nuit, retrouvant au passage le carrefour de piste, l’entassement de ruine où ils ont combattu durement. De jour, cela leur semble extraordinaire, comme s’ils découvraient une autre planète : tout, maintenant, semble facile. À peine une centaine de mètres entre le bord du rach et l’église. Moins d’un quart d’heure en petites foulées.

    Spoiler:



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    Message par Laurent Sam 26 Avr 2008 - 18:30

    récit et période émouvante.



    [Divers commando] Commando François - Page 9 Insign16

    Va petit mousse, ou le vent te pousse.
    Bon vent matelot

    3eme ligne
    3eme ligne
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    MAÎTRE PRINCIPAL

    Age : 77
    Radio NON

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    Message par 3eme ligne Sam 26 Avr 2008 - 21:53

    Texte à conserver afin que leur mémoire perdure et se transmette.

    Hommages à eux.

    Je me souviens bien de Caroff, qui dans les années 68/75 était chauffeur de taxi à la Seyne, un gars avec toujours le sourire.



    [Divers commando] Commando François - Page 9 Rubanreconnaissance [Divers commando] Commando François - Page 9 Insign33

    "Give blood, play rugby !"

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    Message par Invité Dim 27 Avr 2008 - 8:59

    Bonjour.
    J'ai fait l'Indo, pilote de Corsair 1954/55, et je me sent tout petit, petit après avoir lu vos récits.
    Dans la 14 F, il y avait un pilote, ancien fusilier, Berger Gérard est ce celui dont un post parle ?
    Il est dcd lors d'un meeting aérien à Ajaccio en 2003, sur Fouga.
    BONNERUE Daniel
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    Age : 87
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    Message par BONNERUE Daniel Dim 27 Avr 2008 - 17:09

    Bienvenue l'ami SARTOR, très heureux de t'accueillir pour ton retour dans l'équipage. Avec ton expérience de pilote durant les périodes difficiles des guerre d'Indochine et d'AFN, tu dois pouvoir, si tu le souhaites, nous raconter des moments intenses vécus par toi-même ou des camarades proches.



    [Divers commando] Commando François - Page 9 Rubanr10[Divers commando] Commando François - Page 9 Insign10
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    Message par Invité Dim 27 Avr 2008 - 21:57

    Salut,je vais y songer mais après avoir lu ces faits d'armes je reste coi pour le moment !!!!!
    jean-claude BAUD
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    Message par jean-claude BAUD Dim 27 Avr 2008 - 22:27

    Merci Daniel pour ces récits d'inhumanité qui foutent la chair de poule..
    Comment ces survivants ont - ils pu reprendre une vie normale...
    Dire que de nos jours on crée des cellules psychiatriques pour n'importe quoi...



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    "Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
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    Message par Invité Lun 28 Avr 2008 - 9:22

    C'est l'OE3 NICODEMO qui n'est malheureusement pas rentré de sa mission.
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    Message par Invité Lun 28 Avr 2008 - 12:43

    J'ai ces photos ,les avions en armement c'est Bach-Maï,pour la vue du parking ,rangement non opérationnel ,je pense au retour des AU1 avant restitution aux américains donc Tansonhut.
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    Message par Invité Lun 28 Avr 2008 - 16:06

    Moi j'en ai eu qu'une : une manche (remorquée) de tir que j'ai abattue à Bizerte !!!!
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    Message par webtcdorage Mar 29 Avr 2008 - 12:16

    serait-il possible d'en avoir une photo pour mettre sur le site du musée ?

    cordialement



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    Message par BONNERUE Daniel Mar 29 Avr 2008 - 17:16

    Un modeste hommage aux hommes du Commando "FRANÇOIS".

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    L'insigne du Commando "FRANÇOIS" que je viens de redessiner.

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    Message par † GUILLARD Mer 30 Avr 2008 - 10:17

    Bonjour à toutes et tous.
    Réponse pour la demande de signification de la broderie sur la cravate.
    Il s'agit de l'insigne ou broderie des amicales d'anciens fusco, deux fusils croisés avec une dague en faisceau.
    Amitiés et merci encore pour l'évocation des combats de la bataille du Day.

    jc guillard

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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 10:41

    Dans le groupe de cinq figurant sur la photo dans laquelle Marceau SIMON est cerclé de rouge, le copain situé à sa droite (à sa gauche sur la photo) est "Bébert" TORTAY, qui appartint au Cdo "FRANÇOIS", mais qui avait débarqué au moment de l'affaire de Ninh-Binh.

    Vous pouvez utiliser le dessin de l'insigne du commando "FRANÇOIS" à votre convenance.
    Ce que je publie sur ce forum est à la disposition de tous.



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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 10:59

    • Commando “François” à Ninh-Binh, le 29 mai 1951 •

    Commandant : Lieutenant de Vaisseau Labbens.

    Spoiler:



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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 11:25

    Comme je l'ai déjà écrit, j'ai réalisé pour mon copain René BAIL la saisie informatique de son manuscrit de "COMMANDOS MARINE AU COMBAT" édité chez GRANCHER.

    J'ai pas mal de pain sur la planche en ce moment, mais dans un prochain post je publierai le récit du combat de Ninh-Binh et des raisons pour lesquelles, à l'origine, le Commando "FRANÇOIS" se trouvait à cet endroit en mai 1951. Ce texte a été écrit sur les témoignages des commandos rescapés déjà cité plus avant.



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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 15:34

    Il me semble, mais je ne pourrais l'affirmer avec certitude, que j'avais rencontré ABJEAN lors des cérémonies pour le cinquantenaire de la DBFM à Lorient en mai 2006.



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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 15:49

    NINH-BINH - (La bataille du Day)

    Le Day

    L’année 1949 s’est achevée. Pour les commandos-Marine, celle-ci s’est traduite par des raids de débarquements sur la côte d’Annam. Brèves opérations qui ont apporté leur part de succès, de pertes aussi. À son tour, l’année 1950 s’est écoulée, marquée d’accrochages dans les îles du golfe du Tonkin, entre Haiphong et Port Wallut (1).

    Et puis, au mois d’octobre, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, une nouvelle a frappé de stupeur l’ensemble du corps expéditionnaire. Sur la R.C. 4, l’armée française a subi sa plus lourde défaite coloniale depuis la mort de Montcalm devant Québec. Face à trois divisions viêt-minh, deux colonnes aux ordres des colonels Charton et Lepage –sept mille hommes– ont été anéanties au cours d’une fantastique bataille de dix jours. Désormais, la R.C. 4 est perdue et les noms des villes qui la jalonnaient résonnent comme une litanie funèbre : That-Khé, Dong Khé, Cao Bang, Langson...

    Pendant les mois qui ont suivi, tout s’est passé comme si, d’un coup, le moral avait déserté le camp français. Ayant découvert la puissance de l’adversaire, jusque là insoupçonnée, plus personne ne semble devoir réagir. Par bateaux entiers, les civils fuient Hanoi, Haiphong, les villes du Tonkin. L’exode s’amorce.

    Paralysé, l’état-major du général Carpentier n’ose plus donner d’ordres, sinon pour faire évacuer les dernières places fortes qui verrouillaient la frontière de Chine, Lao Kay, dans l’extrême nord, et Moncay, au bord de la mer. Là, les commandos-marine sont présent. Encore des accrochages, des morts, du sang.

    Mais quelque chose semble brisé. L’hiver tonkinois s’installe peignant tout en gris, participant de l’atonie générale. Il semble que l’armée attende le coup de grâce. À Hanoi, la population Viêtnamienne, sensibilisée, agitée par les commissaires politiques infiltrés en masse dans les quartiers autochtones, commence à broder les drapeaux rouges du prochain défilé de Giap qui a promis :
    - Nous serons à Hanoi pour le Têt.

    Le “Têt”, le nouvel-an Viêtnamien, aura lieu au début de février. Et Giap entend bien ne pas manquer ce rendez-vous qu’il a lui-même fixé. À l’orée du Delta, à portée de canon de Hanoi dont il peut apercevoir les lueurs nocturnes, il a rassemblé son corps de bataille. Trente mille bo-doïs fanatisés qui vont enfin se jeter sur la ville.

    Mais, à la place du général Carpentier, démoralisé, brisé, déjà battu, un nouveau chef est arrivé. En quelques mots, en quelques phrases, il a redonné aux soldats le goût du combat, du succès, de la victoire. Ce général, c’est de Lattre de Tassigny, le “ Roi Jean ”. Un homme de fer, à la fois ascète et fastueux, exigeant avec ses hommes, mais fraternel pour les combattants. Il arrive à point pour relever le défi de Giap.

    Celui-ci a pourtant tous les atouts pour gagner. Il dispose de 81 bataillons d’infanterie, 12 groupes d’artillerie, 8 bataillons du génie. En pointe du dispositif deux bataillons de “volontaires de la mort” armée de bengalores et de canons sans recul –en Vietnamien Sung Khong Zat, S.K.Z.– et disposent de 300 000 grenades chinoises. Ce n’est plus une guérilla, c’est un rouleau compresseur. Giap n’a rien négligé pour remporter sa bataille du Delta. Il a la supériorité absolue, en tout. Effectifs et moyens.

    Et, le 13 janvier 1951, la formidable armée communiste se met en branle. La bataille de Vinh Yen est engagée.

    Giap escomptait anéantir en trois jours les unités françaises qui lui étaient opposées. Peut-être y fût-il parvenu avec un autre général que Jean de Lattre. Mais il a sous-estimé son adversaire. Dix jours de combats furieux lui prouvent que le moral a changé de camp. Face aux Français, les bo-doïs fuient. Vaincus.

    Giap est têtu. Deux mois plus tard, le 29 mars, il reprend l’offensive, à l’autre bout du Delta, dans un terrain coupé, marécageux, qui d’après ses estimations, devrait interdire à l’adversaire d’utiliser chars et canons.

    Il comptait aussi sur la surprise. Une fois encore, de Lattre a réagi. Mieux il l’a deviné. Un de ces intuitions fulgurantes qui n’appartient qu’aux grands hommes et qui l’a fait se dresser, au milieu de la nuit -la veillée d’armes de Giap- pour affirmer, le doigt sur la carte :
    - L’ennemi attaquera là. Il ne peut faire autrement. (“Là”, c’était Mao Khé.)

    Et une fois de plus, les bo-doïs de Giap, lancés en vagues compactes sur le petit poste niché dans les calcaires, déferlent sur une section de parachutistes retranchés dans l’église. Au jour, ils sont hachés par les chars, l’artillerie et les canons de marine que de Lattre a fait acheminer malgré le terrain. Durant quatre jours, Giap s’acharne. En vain. Il a déjà perdu sa bataille du Dong Trieu.

    La route de Hanoi lui est désormais interdite.

    Deux mois ont passé. Maintenant, avec le printemps, approche le temps de la moisson ; le delta du Tonkin est pour Giap, l’enjeu primordial. Vital. Le riz du mois de mai est en effet pour lui le fondement de son économie. Il doit servir à payer les armes chinoises. Et à nourrir six cent mille hommes, soldats et coolies, dissimulés dans la brousse et qui pansent leurs plaies. Il doit donc, sous peine de mort, arriver à prendre pied dans les rizières avant la récolte. De Lattre le sait.

    Depuis le début de l’année 1951, grâce à ses interventions répétées auprès du gouvernement français, le corps expéditionnaire commence à recevoir du matériel en bon état. Jusque-là, il était équipé avec des surplus usagés, à bout de souffle, de la Seconde Guerre mondiale. Maintenant, les commandos-marine ont pu échanger -avec la satisfaction que l’on devine- leurs antiques P.M. allemands modèle 1940, contre le dernier-né de la Manufacture de Tulle, la robuste MAT 49.

    De Lattre voit tout, s’acharne à tout corriger, tout obtenir. Il a fait édifier, en quelques mois, une gigantesque barrière de béton ceinturant le Delta. L’époque des “ postes à la Dubout ”, construits en terre glaise et en bambou est révolue : face aux armes modernes du Viêt-minh, les Français ont autre chose que leurs seules poitrines nues à opposer.

    Entre Giap et son adversaire une course de vitesse est maintenant engagée. Le premier sait qu’il doit entrer dans la plaine avant qu’elle ne soit complètement verrouillée. De Lattre n’ignore pas que son dispositif présente un “ trou ” ; dans une faille de quatre-vingts kilomètres, au sud-est du Delta, de Phu-Ly, sur les bords de la rivière Day, jusqu’à Phat Diem, siège de l’évêché catholique du sud, au bord de la mer.
    - Si Giap attaque, a dit de Lattre en masquant sur la carte le “trou” de sa main : ce sera là. C’est là, en effet. Cette campagne d’invasion, d’infiltration des évêchés est dénommée “Quang Trung” ou “Ha Nam-Dinh”.

    Depuis le début du mois de mai 1951, Giap a rassemblé, dans les montagnes du massif de Chiné – un véritable labyrinthe de calcaires verticaux comme des cierges plantés dans un entrelacs de jungle inextricable – trois de ses meilleures divisions. Deux d’entre elles, la 304 et la 308, ont participé naguère aux durs combats de l’hiver, il a fallu près de deux mois pour les reformer, les encadrer et les approvisionner. La troisième, la 320, n’a encore jamais connu de bataille rangée. Mais ce n’est pas la moins solide : elle est encadrée par des durs du Parti, de vieux militants formés par les Japonais, puis par des Américains. Une division vêtue de noir, à l’ancienne mode(2) dont les soldats sont presque tous originaires des villages du sud du Delta : ceux que, précisément, ils sont chargés de conquérir.

    L’ordre opération de Giap est simple. Le delta du Tonkin affecte la forme d’un triangle isocèle, dont la base –la plus courte– longe la mer, et les côtés se rejoignent à Phu Ly.

    Dans un premier temps, la division 304 fera sauter le verrou de Phu Ly pour tenter une percée vers l’est. Simultanément, la 308, se portera sur Ninh Binh, au centre du “ trou ” et s’efforcera d’atteindre au cœur du Delta, la ville de Nam Dinh, distante de trente kilomètres à peine. La 320, elle, attaquera en dernier, en direction des “ évêchés ” de Phat Diem et de la province de Bui Chu, le long de la mer.

    Pour Giap, ce plan “ en tiroir ” présente toutes les garanties de succès : l’attaque de Phu Ly constitue un test, mais aussi, en cas d’échec, une diversion : elle monopolisera l’effort français, et laissera dès lors toutes leurs chances aux offensives vers Ninh Binh, ou à la limite vers Phat Diem. Logiquement, Giap a appliqué la tactique des Soviétiques au cours de la Seconde Guerre mondiale : une attaque frontale combinée avec une attaque à revers venant de l’extérieur. En prévision, il a déjà infiltré, dans la région de Nam Dinh, deux des meilleurs régiments réguliers, le 42 et le 64. Face aux fissures qui se produiront, les Français ne pourront pas régir partout, en même temps, et d’une façon durable. Il y aura nécessairement une brèche, d’autant plus prévisible que les deux régiments infiltrés dresseront tous les obstacles possibles sur la route des renforts.

    Depuis le début du mois d’avril, les services français de renseignement sont perplexes. Ils ont “ perdu ” deux des divisions du corps de bataille viêt-minh. Ils savent seulement que la 304 et la 308 ont abandonné leurs cantonnements de Yen Bay sur le Fleuve rouge. Ils ignorent vers quelle destination elles ont fait mouvement. Mais de Lattre, lui, le sait. Depuis le 5 mai, le commando du célèbre adjudant Vandenberghe, composé d’anciens Viêts retournés, a nomadisé sur les arrières ennemis. Il a localisé les dépôts de ravitaillement, capturé des officiers de l’État-Major de la 304. Et ceux-ci ont parlé.
    - L’attaque aura lieu à partir du 28 mai, ont-ils dit.

    Ils ignorent l’endroit exact où elle se produira, mais de Lattre s’en doute et la présence de cette division confirme ses pronostics. Aussi, préventivement, le 20 avril, entre le Song Giap Ho et la mer, il déclenche l’opération “ Méduse ”. En douze jours, groupements mobiles et commandos enlèvent 42 villages fortifiés. Le 5 mai, les communistes ont perdu le contrôle de 400 villages. De durs combats s’engagent notamment au village de Vinh Bao où les réguliers et les partisans laissent sur le terrain 1 400 tués et 2 000 prisonniers parmi lesquels les chefs militaires et politiques les plus importants. Du coup, la collecte rouge du riz s’effondre. Giap est acculé à la bataille.

    La 304 étant handicapée, la 308 passera la première à l’attaque. Objectif, Ninh Binh.

    Le 18 mai, Giap donne ses derniers ordres. La 308 –12 000 combattants épaulés par 15 000 coolies– entame son mouvement vers la rive ouest du Day.

    Le même jour, à Haiphong, à l’État-Major de la Marine, un message arrive enjoignant aux commandos de quitter le Tonkin pour regagner leur base de repos du cap Saint-Jacques, en Cochinchine. Depuis leur arrivée au Tonkin, huit mois plus tôt, les bérets verts n’ont connu aucune vrai détente. Ils vivent en nomades, de base avancée en base opérationnelle, leurs cantines et leurs paquetages sont restés au Sud.

    La nouvelle est accueillie avec soulagement. Ils sont épuisés et l’opération “Méduse” à laquelle ils ont participé, a achevé de les exténuer. Fébrilement, ils se préparent au départ, tout en tirant, “ à terre ”(3) des bordées mémorables...

    Et puis, comme d’habitude, la veille du départ, arrive un contrordre : seuls deux des trois commandos seront rapatriés sur le cap. Le troisième restera à la disposition de la Marine-Tonkin.
    - Quelle sera la mission ? demandent les “Pachas”.
    L’État-Major reste vague. Il est question d’envoyer le commando désigné du côté du Delta pour “y effectuer des patrouilles de reconnaissance près du Day où l’on redoute une prochaine attaque ennemie ”.

    C’est peu. Trop peu pour ne pas être alarmant. Toutefois, puisqu’il s’agit d’un ordre, il ne saurait être question de s’y dérober, Le commando désigné est primitivement “ Jaubert ”, mais, après une discussion entre les lieutenants de vaisseau, Allongue et Labbens, “Pacha” de “ François ”, c’est finalement ce dernier qui accepte de rester au Tonkin.
    - Vous partirez demain, 23 mai, par LCT. Destination initiale, Nam Dinh où l’on vous donnera les ordres de détail. Théoriquement, vous serez implantés à Ninh Binh.
    Labbens salue et s’éloigne pour dicter les ordres en vue du départ, surpris toutefois de cette nouvelle mission qui lui semble bien davantage dictée par le souci des autorités de la place de Haiphong, d’éloigner les commandos jugés trop bruyants, plus que par une intention opérationnelle précise (4).

    Le commando François aligne à l’effectif trois officiers, six officiers mariniers et soixante-dix quartiers-maîtres et commandos (5). C’est une petite compagnie d’infanterie qui est envoyée au front. Face aux vingt-cinq mille combattants de Giap, massés non loin d’elle, prêts pour l’assaut, elle ne pèsera pas lourd. Et quand, le 23 mai, elle s’embarque à Haiphong, son sort est déjà scellé.


    (1) - Voir en annexe le détail de ces opérations.
    (2) - Les divisions du “ Nord ” ont reçu les tenues vertes de l’armée chinoise.
    (3) - Héritier du jargon “ Marine ”, les commandos disent “ à terre ” quand ils vont en ville.
    (4) - Plus tard, l’un des rescapés, Max Pivin apprendra que la mission initialement impartie au commando consistait à servir d’élément de recueil aux commandos Viêtnamiens de Vandenberghe, Rusconi et Romary qui devaient s’infiltrer en zone profonde ennemie.


    Dernière édition par BONNERUE Daniel le Mer 30 Avr 2008 - 21:47, édité 1 fois



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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 16:08

    Suite de la bataille du Day :

    Ninh-Binh

    Après ces opérations particulièrement éprouvantes, les commandos-marine se remettent de leurs émotions par quelques sorties mouvementées dans Haiphong. Leurs agapes bruyantes agacent les oreilles des “sédentaires” qui attendent avec impatience un nouveau départ au combat de ces trublions pour retrouver leurs habitudes peinardes.

    Cela fait maintenant huit mois que les trois commandos sont “montés” au Tonkin. Le capitaine d'armes de la base arrière, au cap Saint-Jacques, vient d'envoyer un message pour signaler le mauvais état des affaires personnelles des commandos gardées dans les caissons. L'humidité et le manque d'aération se font sentir ; l’odeur de moisi.

    Le commandement, estimant que les commandos ont bien gagné un peu de repos, décide que deux commandos regagneront le cap Saint-Jacques, le troisième restant à la disposition de la marine au Tonkin.

    Au départ, “Jaubert” devait assurer cette permanence, mais après concertation entre les lieutenants de vaisseau Allongue et Labbens, “François” est retenu.

    Le commando ne végétera pas longtemps à Haiphong. Des renseignements d’origines diverses (3) indiquent que les Viêts vont envahir massivement la plaine du Than-Hoa afin de se ravitailler en riz. On parle même de l'effectif d'une division...

    Bien sur, la veille de leur départ, les commandos ignorent tout de leur destination. Aussi sont-ils surpris lorsque dans un bar où ils “dégagent”, les filles leur lancent :
    - Surtout, n'allez pas à Ninh-Binh !


    A l'aube, “François“ embarque sur un L.C.T. civil : direction Nam-Dinh. sitôt arrivé, le “Pacha” se présente au PC du secteur pour prendre les ordres du colonel Gambiez, commandant la Zone-sud du Delta. Apparemment, celui-ci ne sait que faire de cette unité mise à sa disposition au point qu'il lui est même impossible de la loger.

    Labbens parvient néanmoins à caser ses hommes dans une caserne de tirailleurs. Quelques-uns d'entre eux, notamment ceux du groupe d'assaut, décident de partir en bordée. Les plus agités sont Czarnecki, Denis, Guyon et le Huédé. Le retour est si bruyant qu'ils réveillent tous les copains.

    Un des anciens, le quartier-maître chef Malecot, entré dans la marine en 1945, les engueule :
    - Que vous soyez défoncés comme un champ de manœuvre, je m'en fous ! Mais que vous empêchiez les autres de pioncer, pas d'accord !
    - C'est que, mon vieux,
    se défend Czarnecki, avec une certaine difficulté d'élocution, c'est la dernière cuite qu'on a pris ce soir, parce que dans huit jours, on sera morts !
    Ça Jette un froid. Les gars n'aiment pas ça... Parler de la mort, porte la poisse...

    Le calme revient un peu dans la chambrée, mais pas pour longtemps. Denis, voulant s'asseoir sur son lit, cale incidemment son postérieur dans un casque rempli de gasoil servant au nettoyage des armes. Cette fine plaisanterie n'était pas du meilleur goût, mais des farceurs avaient voulu sanctionner à l'avance, ces “bringueurs” réputés. Relance du vacarme, tumulte crescendo, puis la victime écœurée décide d'aller dans le rach de la cimenterie, pour laver son honneur et ses fesses.

    Dés le lendemain matin, le “Pacha” réunit ses gradés pour expliquer et commenter leur mission. Il faudra procéder à des reconnaissances par demi-groupes dans la Cordillère annami¬tique, se livrer à des incursions dans le pays afin de harce¬ler l'ennemi, bref, créer chez les Viêts un climat d'insécu¬rité. Tout cela avec... soixante-seize hommes, dont un tiers venait d'arriver en Indochine. Ils étaient la relève des anciens en fin de séjour...

    Dans la nuit, le colonel Gambiez a enfin reçu les ordres attendus. À l’aube, un secrétaire est allé prévenir le lieutenant de vaisseau Labbens :
    - Vous embarquez à 9 heures sur un LCT. Direction Ninh Binh : vous cantonnerez dans l’église, à la sortie de la ville.

    Labbens convoque ses gradés, transmet les ordres. À 9 heures, les commandos s’installent dans la cuve non couverte du chaland. Ils ont les traits bouffis, le regard fatigué. Le ciel est bas, laissant filtrer une bruine interminable qui écrase le paysage, noie la rizière, s’accroche aux clochers des églises du Delta, toutes semblables avec leur style néogothique, pareilles à ces églises de France, seul obstacle où l’œil s’arrête. Elles ont l’air de veiller des troupeaux de paillotes désertées.

    Dans le LCT les conversations se poursuivent à mi-voix. Aucune n’évoque la mission à venir. Les commandos se bornent à vivre au présent, trempés et transis, contraints à l’inaction, à l’immobilité, isolés du reste du monde par l’ambiance de cocon que font planer la bruine et le crachin.

    Il n’y a que vingt kilomètres à vol d’oiseau, une trentaine par la route, entre Nam Dinh et Ninh Binh. Mais il faut au LCT toute la journée pour les franchir, sur une eau plate, entre deux rives également plates, uniformément couvertes de roseaux.
    - Voilà Ninh Binh, dit soudain le second maître Poullelaouen, un ancien, qui a parcouru le Delta en tous sens et reconnaît aussitôt les trois rochers verticaux (Nga-ba-non), masses de calcaire triasique qui ont inspiré des poètes annamites, qui semblent placés là, en sentinelle sur la rive ouest du Day, factionnaires isolés en territoire Viêt. Un peu plus loin, il y a la ville. Ou plutôt ce qu’il en reste. Lors de la reconquête du Delta, en 1947, les Viêts ont dynamité toutes les constructions avant de se replier vers la brousse. Seule, debout, l’église, dont le clocher domine les rizières.
    - C’est là-dedans qu’on s’installe ?
    Le quartier-maître Gilbert Charlotte grimace, Il n’aime pas cela. Pour lui, Martiniquais, catholique fervent, les églises ne sont pas faites pour habiter, encore moins lorsque l’on est des soldats en campagne. Cela sent un peu le sacrilège. Comment pourra-t-on éviter que les conversations de chambrée, le chahut et les propos grivois ne troublent la sérénité, la sainteté du lieu :
    - T’en fais pas, lui lance Yng, son voltigeur de pointe : il y a longtemps que le Bon Dieu a déserté le coin. Tout ce qu’il a pu entendre depuis des années c’était des propos de Viêts...

    L’arrivée du commando n’a pas échappé aux guetteurs ennemis. Dans la nuit, l’État-Major de la division (Dai Doan) 308 a rendu compte au général en chef. Pour respecter le timing qu’il a imposé à ses troupes, Giap ordonne d’avancer de vingt-quatre heures l’attaque initiale : l’anéantissement du commando ne sera qu’une formalité. Tout devra être terminé le 29 mai à l’aube.

    En fin d’après-midi, les commandos se sont installés dans l’église. Les lit picot des officiers-mariniers et des personnels équipage sont disposés de chaque côté de l’allée centrale. Les officiers seront dans le chœur.

    À l’extérieur, sur l’arrière, quelques bâtiments semblent encore en état. Ils sont convertis en cuisines et réfectoires.
    - Briot, appelle le “Pacha” Labbens, installe les postes radios dans le clocher.

    Le radio salue et commence à hisser le 694 et le 300. Le premier est calé sur la fréquence du secteur de Nam Dinh. Le second, d’une portée moindre assure la liaison phonie avec le poste des partisans, installés sur la “ bonne ” rive au sud du Day.
    - Bonne rive, c’est vite dit, grommelle Czarnecki ; ce n’est pas parce que les partisans ne sont pas du côté des Viêts qu’ils risquent moins que nous.
    - En tout cas, assure Garofaro, un petit brun de l’équipe d’assaut, nous sommes réellement en pays Viêt : tu ne sais pas ce que les supplétifs m’ont appris ? Que toutes les provisions que nous achèterons dans le coin devront être payées en piastres Hô Chi Minh ! Il agite la main au bout de laquelle tremblent quelques rectangles de mauvais papier à l’effigie du leader communiste :
    - J’en ai pour cinq cents piastres, de quoi acheter un kilo de riz.
    - Si ça se trouve, on devra aller au marché avec des valises pleines de billets...


    Le lieutenant de vaisseau Labbens a fait, avec ses officiers, le tour des bâtiments. Il grimace.
    - Mauvais coin : de la rizière tout autour, et jusqu’ici, le billard. Il faudra envisager quelques emplacements de protection.
    - Avec nos armes automatiques,
    objecte l’enseigne Le Gouvello il faudrait un esprit suicidaire aux Viêts pour se lancer à l’assaut.
    - Nous verrons demain : je ferai entamer une tranchée de protection. On ne sait jamais.

    Labbens inspecte l’horizon, bas et brumeux et conclut :
    - Du reste, je ne pense pas que nous risquions grand-chose : les ordres reçus me prescrivent d’effectuer des patrouilles de reconnaissance. C’est donc de la routine...

    Avant de quitter Nam-Dinh, tout en réglant les vacations radio, Labbens avait signalé que la phonie n’était pas suffisante. Le lieutenant de vaisseau Blot, accompagné du lieutenant Sieffert, commandant la 205ème Compagnie Légère Supplétive Marine (205ème C.L.S.M.), basée à Nam-Dinh, avait prévu de livrer un poste radio graphie avec manipulateur le 29 mai. Un imprévu bousculera le calendrier…

    Ils reviennent jusqu’au parvis. Trois commandos entourent un Tonkinois maigre, à l’œil affolé, mains jointes, qui lance au hasard des sourires serviles.
    - D’où vient ce type ?
    - Il nous a remis ce papier,
    explique Le Huédé en rigolant : il est inoffensif...
    Labbens cueille la feuille maculée sur laquelle, d’une écriture fleurie, ont été tracés ces mots : “ Cet homme est sourd-muet. Il est le gardien de l’église. ”
    - Et c’est signé Mgr Le Huu Thu, évêque de Phat Diem, achève-t-il. Je n’ai pas envie d’avoir d’ennuis, fichez-lui la paix...
    - Mgr Le Huu Thu ? Je le connais, déclare la voix bourrue de Poullelaouen qui s’est approché : c’est un faux jeton. En 1946, il a pactisé avec Hô Chi Minh. À mon avis, vaut pas un coup de cidre...
    Poullelaouen a la rancune tenace et une excellente mémoire. Il ne se trompe guère. L’évêque de Phat Diem, tout comme son voisin et complice d’intérêt Mgr Chi, évêque du Bui Chu, sont avant tout des nationalistes convaincus. Francophobes militants, ils ont été contraints au ralliement par calcul politique et sens des réalités plutôt que par conversion. C’est ainsi que Mgr Frère Marie-Anselme Thade Le Huu Thu, maître absolu des âmes, des corps et surtout des biens des fidèles du diocèse de Phat Diêm, se fait nommer conseiller religieux de Hô Chi Minh en 1946. Le général de Lattre de Tassigny dira de lui “que sa crosse est du bois dont on fait les matraques !” Graham Greene le décrivait ainsi : “Un homme très austère, avec une tête de singe triste et méditatif.”
    - Possible, tranche Labbens, mais je ne veux pas d’incidents. Laissez ce gardien faire son travail.
    Poullelaouen bausse les épaules et s’en va. Tout en se promettant d’avoir l’œil sur ce “ sourd-muet ” dont la fonction ne lui semble pas claire.
    - Je me demande ce qu’il peut bien garder, confie-t-il à son ami le second maître Marceau Simon, une sorte d’Hercule paisible au regard clair, au visage avenant curieusement bosselé comme celui d’un rugbyman. Simon plisse les lèvres et embrasse du regard le décor de l’église délabrée :
    - Si c’est lui qui a muré les fenêtres, observe-t-il, il a bien travaillé. Cette église me fait plus penser à une cave qu’à un sanctuaire.

    Simon a traduit l’impression généralement ressentie. Hormis les ogives du transept, toutes les ouvertures ont été obturées par des cloisons de briques, jusqu’au portail d’entrée qui permet à peine le passage d’un homme seul, Le tonneau de vin –la ration réglementaire du commando pour la semaine– n’a pu être introduit dans la nef, et les commandos l’ont abandonné sur le parvis.
    - M’est avis que nous devrons ouvrir l’œil, conclut Poullelaouen en s’éloignant pour donner ses ordres.


    Dernière édition par BONNERUE Daniel le Mer 30 Avr 2008 - 22:07, édité 2 fois



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    Message par BONNERUE Daniel Mer 30 Avr 2008 - 16:27

    Suite de la bataille du Day :

    Quatre jours ont passé. Déjà c’est presque de la routine. Conformément aux ordres reçus du PC de Nam Dinh, chaque matin, à tour de rôle, les sections partent des patrouilles aux alentours, jusqu’aux villages de rizière qui enserrent la ville. Des villages du Delta, lacis de pistes serpentant au milieu des cagnas, bordés de haies vives, creusés de mares où s’ébattent les canards parmi les roseaux et les liserons aquatiques. Des villages, comme Phuc Thanh à l’est de la R.C. 1, paisibles en apparence, étonnamment peuplés de vieux, de femmes et de nhôs.
    - C’est curieux, confie Marceau Simon à Poullelaouen : on dirait qu’une épidémie a décimé la population mâle. Jamais je n’ai pu rencontrer le moindre hommes adulte.

    Cet état de choses ne contribue pas à dissiper le malaise qui règne au sein du commando. Sans exactement définir la raison de leur sourde angoisse, les hommes pressentent la présence d’un danger imminent. Cela tient au silence pesant qui stagne sur la rizière, comme avant un orage, à cette campagne désertée où jamais ne se profile la silhouette d’un homme ou même d’un buffle. Autour d’eux, il y a comme un grand vide. Le paysage est morne, immobile. Mort.

    Pourtant, de temps à autre, de petits incidents insolites semblent être comme de brèves lueurs d’alarme. Le 28 mai, Pivin, qui, en opération fait fonction de second radio, monte la garde auprès du poste.
    - Rends compte au “Pacha”, dit la voix de l’enseigne Le Gouvello : j’aperçois, à deux kilomètres, une file de nha-qués qui abandonnent leur village. Ils sont chargés de couffins et de balanciers.
    Aussitôt prévenu, Labbens convoque le second maître Marceau Simon :
    - Prenez votre groupe et allez voir ce qui se passe...

    Marceau Simon rameute ses hommes. Ils sont dix jeunes, ardents, à l’image de leur chef. Caroff, un Breton de Roscoff, une montagne de muscles et d’os, aussi solide et efficace qu’un bulldozer dont il a l’opiniâtreté massive ; Blattman et Héritier, fonceurs et vifs comme l’aiguille ; Biette et Barloy, deux baroudeurs astucieux et énergiques ; Merle enfin le “ bleu ” du groupe “ D ” dont c’est la première grande opération.

    Au moment du départ, Pivin demande à les accompagner :
    - Je m’ennuie dans mon perchoir, dit-il.

    Son groupe sur ses talons, Marceau Simon fonce dans la direction de l’objectif. Trois kilomètres les en séparent qu’ils franchissent presque au pas de course, coupant à travers les haies, s’égaillant dans la rizière, au plus court.

    Et puis, soudain, Marceau Simon plisse les yeux, tous ses sens en alerte. Quelque chose le tracasse sans qu’il puisse exactement le préciser. Ce village lui apparaît, vide et mort, trop vide, et trop mort. Du bras, il stoppe l’élan de ses commandos :
    - Distances, Bon Dieu, hurle-t-il. Et manœuvrez en souplesse ! Barloy, avec ton F.M. mets-toi en protection face à la piste. Les autres, à droite et à gauche, à vérifier les cagnas !
    Biette et Merle débordent à gauche, tandis que Caroff et Blattman commencent à contrôler les paillotes, en face. Simon aperçoit la grande carcasse de son voltigeur qui se courbe en franchissant une porte, l’arme à la hanche, prêt à tout. Puis il le voit ressortir, en agitant le bras :
    - Chef, chef ! Venez ! Il y a plein de types dans cette paillote-là...
    Simon se précipite et, incrédule, s’aperçoit que la cagna, vide les jours précédents, recèle maintenant une dizaine d’hommes allongés sur les bat-flanc, qui le fixent sans expression.
    - Ils ont invité tous les cousins, bougonne Simon.
    - Regardez, dit Caroff, le troisième type a été blessé à la cuisse... Il se penche et complète :
    - En plus, c’est une balle qui a fait ça. De drôles de cousins, oui !
    Simon interroge le Tonkinois blessé, mais celui-ci roule des yeux affolés : il ne comprend pas les questions.

    Simon souhaiterait obtenir des détails, mais les commandos l’appellent, au-dehors. Leur fouille confirme la découverte de Caroff : tous les habitants ordinaires –femmes, vieillards et enfants– sont partis. Seuls les hommes sont là, répartis par groupes de huit ou dix, tous apparemment hébétés, abrutis de fatigue et qui se bornent à opposer à toutes les questions la même réponse :
    - Không biêt, không biêt ! Je ne comprends pas...
    - On rentre, décide Simon, et on rend compte, nous ne faisons pas le poids s’il s’agit d’autre chose que de nha-qués, ça sent le piège à plein nez.

    Le groupe va reprendre le chemin du retour. Des cris le stoppent. Biette, l’éclaireur de pointe, a poussé sa reconnaissance jusqu’au bout du village et à sa grande stupéfaction il a découvert un étrange mausolée :
    - Un monument aux morts Viêt, dit-il. En bambou et en terre, avec une liste de noms, tout comme dans mon village et, tout en haut, le drapeau rouge... Il frappe la poche de son sac : j’en ai même pris une photo, avec les copains.

    Pour Simon, une seule conclusion s’impose. Pour avoir eu l’audace d’édifier un tel monument dans ce village, il faut que l’ennemi s’y sente chez lui, à l’abri des incursions. Et il éprouve, pour la première fois depuis qu’il se bat en Indochine, l’impression curieuse et désagréable de s’être fourvoyé dans un pays étranger, hostile. Que faire ? Ils sont six à peine, une poussière. Il leur faut rentrer au plus tôt ; tout à l’heure, demain au plus tard, il faudra engager la totalité du commando pour opérer la fouille d’une façon sérieuse et approfondie.

    La réaction du “Pacha” le déconcerte. Elle montre à quel point personne, en haut lieu, ne l’a informé de la situation exacte :
    - Le retour des hommes dans leur village est un signe encourageant, répond-il à Simon : cela prouve que les population reprennent confiance. Elles ont fui à notre arrivée, mais elles commencent à comprendre que nous ne sommes pas venus leur faire la guerre...
    Simon ne réplique pas. Dans la Marine, on ne réplique pas au “Pacha”. Il n’en pense pas moins. Il s’éloigne et, bougonnant, passe sa mauvaise humeur sur les hommes de son groupe.

    Sur le parvis, quelques commandos de la section de garde attendent, assis sur les marches. Installé dans un coin, le “ sourd-muet ” entouré de deux gosses, s’affaire à couper les cheveux de quelques audacieux volontaires. Le Tonkinois a ainsi réussi à se faire adopter et, en quelques jours est devenu un familier du décor.

    Sa présence insistante achève de mettre Simon hors de lui :
    - Ce type ne me plaît pas, dit-il. Mgr Le Huu Thu ou pas, je vais l’éjecter : il a une sale gueule d’espion.
    Impavide, le “coiffeur” poursuit son office et achève de tailler une “brosse” au grand Pihan qui se laisse faire, profitant surtout du soleil qui rougit son torse nu. Arrive alors un partisan, hors d’haleine, venu s’acquitter d’une liaison auprès du commando. Au passage, Simon le hèle :
    - Préviens ce faux jeton qu’il doit disparaître. Je ne veux plus le voir traîner dans nos jambes.
    Le partisan traduit. Aussitôt le Tonkinois ramasse ses outils et s’en va, suivi des gosses.

    Curieux, note Simon. Pour un sourd-muet, il a compris du premier coup les paroles du partisan... Pensif, il le regarde s’éloigner. Puis il fronce les sourcils : l’homme ne se dirige pas vers le poste où il était censé loger, mais vers les ruines de Ninh Binh et disparaît entre deux pagodons.
    - L’essentiel, grogne le second maître Mahé qui partage la méfiance de son camarade, c’est qu’on ne le voie plus dans le coin...

    Les deux officiers mariniers rentrent dans l’église. L’après-midi s’étire occupée aux travaux d’aménagement, aux corvées de cuisine, à l’entretien des armes. La routine. La soirée commence. L’ambiance est inexplicablement tendue, morose, en dépit des jeunes qui ont profité d’un riz au chocolat particulièrement raté par un cuistot de fortune pour se livrer à une gigantesque bataille de boulettes de riz en vidant les gamelles pleines de la bouillie infâme.
    - Moi, a déclaré Poullelaouen, d’un ton sinistre, je me demande ce que nous ferons, si les Viêts attaquent, cette église est absolument indéfendable, avec cette unique porte minuscule.
    - Parle pas de malheur
    , dit Henry qui est rentré dans l’après–midi d’une liaison avec Nam Dinh, et qui vient de rapporter des vivres frais.
    - Je suis pourtant de l’avis de Poullelaouen. Et je considère que l’absence de certains justifie toutes les craintes.
    Simon a dit sa conviction sans sourire. C’est un signe de plus. Depuis quelques mois en effet, ils ont remarqué qu’avec un flair étonnant, certains commandos s’arrangeaient pour se faire exempter des opération qui risquaient de se terminer par un coup dur.

    Le quartier-maître Gilbert Charlotte est assis auprès d’eux. Il lève un bras, montrant le ciel :
    - Il y a de mauvais présages, murmure-t-il ; regardez les charognards qui tournent autour du clocher de l’église...
    Mahé se lève :
    - Vous me flanquez le cafard, je vais prendre l’air...
    Il s’éloigne, pousse une exclamation puis revient.
    - J’ai vu deux types, affirme-t-il, là-bas sur le remblai de la voie ferrée. Deux gus qui se sont planqués quand ils se sont aperçus que je les avais repérés. Aucun doute, ce sont des espions, ou des guetteurs.

    La nuit est maintenant complètement tombée. Un à un, les commandos rentrent dans l’église. Certains lisent à la lueur d’une bougie. D’autres parlent, à voix basse.
    Simon serre la main de ses camarades Poullelaouen et Mahé :
    - Moi, dit-il, je vais dormir tout habillé. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que la nuit sera longue...



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