par MICHAUX Lun 18 Aoû 2008 - 10:17
POURQUOI ANTSIRANANA ET NON ANTSERANANA ?
Un petit descriptif de l'origine du nom Malagasy de Diégo et surtout des restes importants sur la maniére d'établir un compte rendu ou une note style administration Française par la voie hiérarchique :cheers:
Farafangana, le 16 Mai 1978
RAZANABAHOAKA Victor, Géomètre du Service Topographique à FARAFANGANA
à Monsieur LE MINISTRE DE L’INFORMATION,
DE L’ORIENTATION IDEOLOGIQUE
ET DES RELATIONS AVEC LES INST°
à ANTANANARIVO
(VOIE HIERARCHIQUE)
Monsieur le Ministre,
J'ai l'honneur de vous adresser la présente afin de contribuer à redresser une erreur, quoique la décision qui lui a été prise est officielle.
Avant tout, je vous rends entièrement respects en me présentant comme étant originaire de Diégo-Suarez ville. Quand les Anglais ont procédé au débarquement militaire de 1942, je l'ai vécu dans cette ville même, déjà à l'âge de la compréhension.
Cet avant propos est nécessaire Monsieur le Ministre pour vous dire que j’ai l'avantage de connaître parfaitement Diégo-Suarez depuis le temps colonial Et par dessus tout cela, je me permets de déclarer la connaître du temps précolonial par l’apport de mon grand' père, un centenaire décédé seulement en 1961.
Les spécialistes de l'information parlée et écrite, par notre noble optique de tout rendre malagasy, disent de Diégo-Suarez:
ANTSERANANA.
Je ne sais pas de quelle source cela a-t-il été soutiré? Mais ce que je sais, parce que je viens de quitter seulement cette ville le 21 Avril 1978 pour une affectation administrative à Farafangana, ce que je sais, c'est que les spécialistes s'y étaient rendus et voulurent y imposer ANTOMBOKA comme nom malagasy de notre ville. Cet acte a été repoussé vivement. En fin de compte, juste aux environs du nouvel an, je ne me rappelle plus de la date exacte, lors de la présentation officielle des élus locaux à la population antsiranaise, Monsieur MARO Raymond (CSP), en présence de l'autorité locale et des membres du Gouvernement venus l'accompagner pour la circonstance, en fin de discours dit: « Notre ville s'appellera désormais en malagas ANTSIRANANA ; et pour relater la réalité, il a dit « ANTSIRAGNANA » avec sa grosse langue côtière. Il n'a pas dit ANTSERANANA. Car s'il a prononcé Antseranana, nous aurions tout de suite réagi en lui demandant une audience afin de rectifier le tir. Néanmoins, au grand étonnement du public antsiranais, lorsque la presse malagasy raconta les faits et cela jusqu'à ce jour, on parle d'Antseranana.
Ces intelligences d'Antananarivo partent du fait que cette Ville est un port et par conséquent, du mot « seranana » se déduit ANTSERANANA. Et c’est de là que vient l'erreur.
La réalité pourtant est que ce nom vient de « SIRA » et « ANANA », d'où ANTSIRANANA.
Si nous nous référons aux anciennes cartes géographiques coloniales, sous Diégo-Suarez en gros caractères, nous lisons toujours en manuscrit Antsirane.
Cela a des raisons que la raison doit connaître Monsieur le Ministre.
Preuve, l'ancien Président de la République Malgache s'appelait défunt TSIRANANA et nous savons tous son histoire prénatale.
Ce nom ancestral Antsiranana s'explique parce qu'à Diégo-S. tout autour de la baie, poussaient les années d'antan à l'état naturel, plusieurs sortes de brèdes. Je me rappelle encore y avoir trouvé à mon jeune âge, des anamamy, des anambario, des anapatsika, des anatarika, des anasaonjo, etc. pour ne citer que ceux-là. Et ce qui étonnait, c'est qu'aux pieds de ces différentes sortes de brèdes, s'amoncelaient en miniature des poudres de sel, encore une fois à l'état naturel. Tous les anciens Antsiranais se souviennent encore de chercher du sel dans les creux des rochers maritimes pour le besoin familial chaque samedi quand la classe vaquait.
Je voulais vous faire croire Monsieur le Ministre que la densité de sel est très forte dans la rade de Diégo-Suarez, parce qu'il ne s'y déverse aucun fleuve. Les seules petites rivières qui dirigent leur lit vers la baie, sèchent dès le mois de Mai de chaque année.
Pour en finir, notre province natale s'appelle ANTSIRANANA mais non Antseranana.
Profitant de cette occasion, je vous serais tres reconnaissant Monsieur le Ministre de bien vouloir procéder de la même auprès des services responsables pour le PAIN DE SUCRE de Diégo-Suarez.
Les géographes, les photographes des cartes postales écrivent Pain de Sucre et en dessous, « Nosilongo ». C'est faux, car il s'agit de « NOSILONJO » (Nosy et lonjo)… Lonjo veut dire conique. C'est un mot rarement employé sauf dans des cas particuliers.
Exemple: « Ento any iny 1oha lonjo ratsy-nao iny »- Un père grondant son fils.
Je croyais agir de telle manière Monsieur le Ministre parce que , le Président RATSIRAKA lui-même dans son livre rouge écrit que nous devons tous faire l'histoire mais nous ne devons plus la subir.
Dans l'espoir que ma lettre trouve auprès de vous la suite qu'elle mérite, je vous prie de recevoir 1' expression de ma sincérité respectueuse.
Signé : RAZANABAHOAKA Victor.
REPOBLIKA DEMOKRATIKA MALAGASY
Tanindrazana - Tolom-piavotana – Fehafahana
MINISTERE DES FINANCES ET DU PLAN
Direction Générale des Finances
Direction des services Fonciers
SERVICE TOPOGPAPHIQUE
Division de Farafangana
N° 94/MFP/DGF.4/DI TOPO/F2
V U E T T R A N S M I S
à Monsieur LE CHEF DU SERVICE PROVINCIAL TOPOGPAPHIQUE DE FIANARANTSOA
« Pour destination hiérarchique »
Farafangana le 16 Mai 1978
Le Chef de la Division Topograph.
Signé : RAZANABAHOAKA Victor
Géomètre.