Le cimetière de Reao.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Crédit photo : Jean-Louis Piette
Et voici le cimetière de Reao qui est situé en bordure ouest du village et que l’on distingue bien avec Google Earth.
On n’a pas planté de noix de coco dans ce carré, mais il y pousse quelques petits pandanus et tohunu, on ne les laisse pas grandir.
Au chevet de la tombe de gauche, il semble bien que l’on y voit un petit papayer.
Au fond, en arrière-plan, on remarque le mur qui l’entoure d’environ un mètre de hauteur ; il n’y qu’une entrée sans porte en 1967/70, côté est, face à la porte de l’église.
Il y a, à Reao, deux cimetières, celui-ci donc, et le cimetière de l’ancienne léproserie, sur la station météo, il est à l’abandon maintenant, visible lui aussi par satellite.
Bien entendu à Reao où toute la population est des plus croyantes, éduquées dans la religion catholique et vraiment pratiquante, quand survient un décès, tout le monde est présent à la cérémonie à l’église et tous également accompagne ce défunt au cimetière avec des larmes non feintes.
Mais alors que j’avais quelques jours de présence sur cet atoll en 1967, j’ai assisté à un curieux spectacle (si l’on peut dire).
Tout d’abord le mort fut transporté à bras, comme les autres, (il n’y a pas de corbillard à Reao en ce temps-là) directement de sa maison à sa fosse.
Mais ce jour-là personne ne passa par la porte, le corps fut hissé par-dessus le mur, et tous les assistants, en riant à qui mieux mieux sautèrent également par dessus à sa suite.
Par la suite, on m’expliqua que ce vieux était un étene, un sauvage, un païen ; qu’il n’allait pas à l’église, et donc le catéchiste, comme le curé n’était pas là, lui avait appliqué le traitement réservé dans ce cas-là.
Et moi j’ajoute, si vous permettez : la porte du menema, comme on appelle le cimetière dans ce dialecte polynésien, étant consacrée, selon les consignes permanentes édictées par le curé qui était le père Victor, mais sur une autre atoll pour le moment, ce païen n’avait pas le droit de passer par cette porte.
André Pilon