La base d’Agadir est commandée par le CC Jalabert et divisée en deux zones.
La zone américaine est occupée par l’U.S. Navy avec un groupe de transport et la flottille 6FE avec encore sept Catalina et équipée d’une douzaine de Lockheed PV-1 Ventura provenant du squadron U.S. VB-132 dissous, dont le personnel est rentré au bercail pour formation sur appareil de type plus récent.
- Spoiler:
- La 6FE est commandée par le LV Decaix.
Sur le plan opérationnel et logistique elle est sous commandement américain et rattachée au FAW-15 dont le QG est à Port-Lyautey (Kenitra) près du détroit de Gibraltar.
La zone française est occupée par les services : servitudes, casernement, ravitaillement, entretien des avions, avec peu de moyens.
Nous avons accès à tous les services de la base américaine : mess, cantine, bar, foyer, cinéma, PX (coopérative).
Par rapport à ma précédente affectation, c’est le Pérou !
L’entente avec les officiers mariniers et les marins américains du service de maintenance est très bonne et les compétences et le ton paternel de l’IMP Arnoud, très appréciés par son homologue américain, y sont pour beaucoup.
Les officiers logent en zone française dans un bâtiment neuf ; certains d’entre eux ont préféré un bâtiment ancien du style colonial, mieux adapté au climat.
Ils sont installés d’une façon très confortable : piscine, cuisine, carré, et accès au mess en zone américaine.
Une vieille ferme rénovée sert de logement à nos Marinettes employées au secrétariat du commandant, au bureau administratif et à la tour de contrôle.
Depuis le débarquement en Normandie le 6 juin 44, il n’y a pratiquement plus d’U-boote en Atlantique ; ceux qui restent tentent de pénétrer par le détroit de Gibraltar en Méditerranée où le trafic maritime est intense depuis le débarquement de Provence du 15 août 1944.
La zone de recherche, centrée sur Gibraltar s’étend de la pointe sud du Portugal au Maroc espagnol jusqu’à la Corse et la côte varoise.
Fin décembre, une dizaine de Ventura quittent Agadir pour Port-Lyautey situé à 80 nq de Gibraltar afin d’assurer plus efficacement les patrouilles ASM et la surveillance maritime en Méditerranée.
Le 8 mai 1945 dans l’après-midi la sirène d’alerte retentit, tout le monde sort et les regards interrogatifs sont tournés vers la tour de contrôle.
Le son lugubre persiste…
Tout à coup, une nuée de jeeps roule dans tous les sens, les passagers gesticulent … Soudain on comprend, une clameur s’élève : le Reich à l’agonie s’est effondré !
Avec les équipages et les pistards américains, on organise spontanément une immense bringue avec BBQ.
Le carré des officiers nous offre le champagne, la cantine U.S. délivre les victuailles à profusion, les officiers mariniers et marins américains nous abreuvent en bières et whisky…
Que la fête commence !
Des mécanos ont « emprunté » au lot de bord des Catalina des fusées éclairantes…
En fin de soirée, c’est du délire, un splendide feu d’artifice éclaire la base.
C’est l’apothéose !
A cette euphorie va succéder des jours plus sombres : les réservistes, dont 80 % des pilotes, quittent la flottille pour rejoindre le civil et retrouver leurs familles que certains n’ont pas revues depuis cinq ans.
Fin mai, les appareils partent pour la France ; il reste trois Ventura et deux Catalina avec cinq officiers et une vingtaine d’officiers mariniers et marins sur la base.
Pour la 6FE FNFL c’est fini.