Au cours de la traversée Diego Suarez - Mahé des Seychelles, au départ d’une campagne d’océanographie, qui devait nous conduire de Bombay à Karachi, Barhein, Aden, Djibouti, Mogadiscio, Nossi Bé… le Robert Giraud s’était échoué sur la barrière de corail d’une des îles de l’archipel des Farquhar au nord de Madagascar.
Je ne me rappelle plus de la date exacte, ce devait être les premiers mois de 1961, pas plus que de l’heure, mais j’avais pris le quart depuis peu et la nuit était tombée.
Une légère secousse, impression de rebondissement, mais surtout, les vibrations et le bruit anormal des moteurs avant le stop en urgence de la passerelle, avaient été les seuls signes de l’échouage.
Le arrière toute demandé par la passerelle n’avait eu aucun effet pour sortir le bateau de sa fâcheuse position.
L’équipage avait été réuni sur la plage arrière, le bateau du fait de la marée descendante, avait commencé à prendre de la gîte, et les brassières de sauvetage avaient été sorties.
Les embarcations avaient été mise à l’eau, vedette, canot et le LCVP, le seul embarqué pour ce voyage.
Bien qu’ayant l’habitude de dormir sur le pont hamac a plat sur ce bateau, cette gîte avait rendu la position inconfortable pour le sommeil. (Voir la photo sur a l’Abordache)
Le lendemain matin, un nouvel essai avait été tenté, sans succès.
Au cours de la journée, les ancres et les chaînes misent à l’eau, tirées sur l’arrière, ainsi que le déballastage de l’eau douce, (une cinquantaine de tonnes) avaient permis d’alléger le bateau.
Le gouverneur Anglais de l’archipel, venu à bord, avait signalé une ou deux épaves aux alentours, et avait été très pessimiste quand à la sortie de notre position.
Le remorqueur de haute mer Malabar faisait route, ainsi que LCT 9065 pour tenter de nous sortir de notre fâcheuse situation.
Les coefficients de marée allant décroître, il était impératif de sortir de là rapidement.
Le soir à pleine mer, de quart à nouveau de service à la machine avant, les quatre MAN de 2300 CV chacun , au maximum de leur puissance avaient fait du bon travail nous avaient sorti des coraux.
Le moteur Gray Marine du LCVP avait je crois lui aussi été sollicité pour des poussées latérales sur la coque.
Après avoir récupéré les mouillages, le retour à Diego, s’était terminé par un passage en cale sèche pour un contrôle, qui avait nécessité une reprise du rivetage de la coque au niveau des soutes à munitions.
Les gaïacs avaient aussi été remplacés pour leur jeu, suite sans doute des vibrations dues au brassage des hélices par petits fonds
Cet ex tender d’aviation, de robuste construction avait ensuite repris le cours normal de sa campagne, ralliant directement Bombay, l’escale de Mahé ayant été programmée pour le retour.
Ma mémoire a peut être des lacunes, je serais heureux de retrouver quelques uns de mes anciens camarades qui participaient eux aussi à cette opération, et corrigeront ou complèteront peut être ce témoignage.
Je possède un film de 8mm pris de la vedette, du Robert Giraud dans sa fâcheuse posture
Amitiés Daniel Guimond