par † J-C Laffrat Sam 26 Oct 2019 - 11:57
Bonjours à tous et en particulier à Pele70 pour son dernier message.
J'ai connu la plupart des techniques de brasage que Gérard explique fort bien, opérations qu'il a connues à partir de 1967 c'abord chez Férisol puis à la Thomson, c'est à dire la pose des composants discrets à l'ancienne dont les queues traversaient les plaquettes isolantes et étaient rabattues de l'autre côté pour être soudés sur des pastilles étamées. Et les évolutions qui conduiront aux composants "CMS" soudés en surface . Qui constituaient de grands progrès par rapport aux liaisons par fils des anciens appareils radio soudés sur des cosses comme en électricité.Ensuite on a eu les circuits multicouches à trous métallises qui supprimaient les straps pour faire communiquer les pistes. J'ai connu des circuits multicouches en verre epoxy comprenant jusqu"à six couches de liaisons internes ...Ceci avant l'avènement des circuits céramiques à couches minces et des puces à mille pattes ...
Plus âgé que l'ami Gérard Pele, c'est en 1962 que j'ai été embauché au CEREL de Marcel Dassault (Centre d'Etudes et de Recherches Electroniques) non comme technicien de labo mais au service Moyens d'essais extérieurs, pour suivre et assurer les besoins des techniciens détachés sur bases ou dans les centres d'essais.
C'était l'époque où le Centre avait obtenu un contrat pour la fourniture de la tête de guidage électronique du missile air-air MATRA 530 destiné au Mirage III . C'était le premier missile antiaérien français non filaire équivalent aux missiles américains.
Le CEREL, devenu entre temps la société EMD, Electronique Marcel Dassault, donna à son autodirecteur le nom d'AD 26 pour R 530 . C'était un AD semi-actif, en bande X, à scanning mécanique, pesant 20 kg. Son étude avait commencé au début de 1959 ; il fallait réaliser une tête gyroscopique pour la navigation proportionnelle avec l’antenne fixée sur la toupie, une rotule hyperfréquence, un radôme en alumine et une électronique transistorisée préférée par EMD.
- février 1960 : premiers essais en vol au CEV ;
- janvier 1961 : premiers tirs de missiles équipés avec l’AD 26 et réussite de tirs en attaque arrière et en attaque frontale (tirs d’avion de servitude du CEV, avec radar Cyrano prototype)
- début 1964 : premières livraison de missiles en série. 1 500 AD ont été produits.
La technologie de l'époque bien que transistorisée était hybride et faisait appel à des composants discrets encore volumineux comme certains condensateurs de filtrage et des relais ...
Car le principe de guidage consistait en plusieurs circuits électroniques ou "platines" placées entre la tête chercheuse hyperfréquence et un signal sonore électrique basse tension qui parvenait au pilote quand l'AD était accroché sur la cible, indiquant à ce dernier qu'il pouvait appuyer sur le bouton mise à feu.
On avait donc besoin d’interrupteurs dans toute la chaîne de traitement, qui quand tout était OK laissaient passer le signal . C’étaient les relais qui assuraient cette fonction. La caractéristique de ces relais était d'être excités par la tension fournie par l’émetteur d'un transistor, mais le relais était obligé d'avoir une impédance élevée pour déclencher le collage des contacts sous un courant de l'ordre de 0,5 milliampère.... Un seul fabricant français était capable de fabriquer des bobines de de fils isolés très fin pour le solénoïde, de tels relais dits de précision étaient réalisés par la société Hugon. Marque évidemment disparue aujourd’hui.
Les années suivantes ces relais furent remplacés par des transistors de puissance coupe circuit On/Off et après ça, dès qu'elles furent disponibles par les bascules CMOS encapsulées dans ce qu'on appelle depuis un circuit intégré .... Avec à la clé, meilleur temps de réponse, gain de poids, et de consommation électrique ....
Les circuits des têtes chercheuse des missiles d'aujourd’hui font appel à seulement quelques circuits intégrés à mille pattes ..le tout encapsulé sous forme modulaire. Rendant facile la maintenance par substitution bloc par bloc.