par phirou Sam 5 Nov 2022 - 13:04
A travers ses romans, Loti raconte la condition du marin, et s'il y a une grande part d'imagination, tout ce qui tient aux détails de la vie quotidienne est exact. Il ne donne pas de chiffres, mais nous montre comment l'avancement permet d'améliorer l'existence des familles. Le matelot est pauvre, mais il peut acquérir un peu plus d'aisance en montant en grade. On voit que la retraite d'un premier maître (la nouvelle Un vieux) permet de vivre modestement, mais décemment.
J'ai retrouvé dans le livre "La Marine", de Maurice Loir (1893) le montant des soldes.
Un capitaine de vaisseau gagne 9800 F par an, un capitaine de frégate 8033 F un Lieutenant de vaisseau 4168 F (le grade de capitaine de corvette n’existe pas). L’Enseigne gagne 3031 F, l’aspirant de 1ere classe 1818 F, de 2e classe 985 F.
La retraite d’un CV va de 4500 à 6000 F.
La rémunération des matelots et QM et de la maistrance est donnée par jour.
La solde d’un matelot va de 0,80 à 1,20 F /jour, soit 432 F / an.
Le QM2 gagne 1,60 F/jour, le QM1 1,70.
Un SM2 gagne 2,60 F/jour, un SM1 2,90 , un PM2 3,60, un PM1 3,90.
La solde d’un PM1 est donc de 1404 F/an.
Les mécaniciens bénéficient de soldes nettement plus importantes, justifiées par la pénibilité, mais aussi par la technicité : il faut retenir des personnels qui pourraient partir vers l’industrie.
Un PM 2 gagne 7,95 par jour, un PM1 8,70 . Le SM 2 gagne 7,75 F, le SM1 5,75. Les QM gagnent respectivement 3,20 F (1ere classe) et 2,90 F (2e classe). Le matelot gagne entre 1,75 et 1,95 F. Cependant, ces chiffres ne valent qu’en mer. À terre, la solde est réduite car il n’y a ni chauffe ni conduite de machine.
La solde d’un PM1 mécanicien en mer atteint 3162 F/an.
Mais Pierre Loti ne nous parle pas du personnel machine, car même s'il les respecte et reconnaît la pénibilité de leurs tâches, il les connaît mal. Il est beaucoup plus familier des gabiers et manoeuvriers.
Par comparaison, à la même époque, un employé de ministère (au grade de début) gagne 1500 F/an en début de carrière, et termine à un peu plus de 2000 F.
On constate qu’il existe dans les années 1880, entre les traitements des employés de ministère et les soldes des officier, un rapport assez comparable à celui que l’on peut constater aujourd’hui. En revanche, la situation de l’équipage et de la maistrance est nettement plus défavorable, sauf dans la filière machine.