... Croisière des Salins.
"L'équipage aux postes d'appareillage !"
Je me rends, avec les DSM et les torpilleurs, à notre poste de bande, pendant que les boscos et autres manoeuvriers s'affairent à nous affranchir de nos amarres.
On cule un peu, et puis, en avance lente vers la sortie de la rade.
"Rompez les postes d'appareillage !"
Ca y est, c'est parti ; youpie !
Pas le temps de jeter un petit coup d'oeil à la BAN de St Mandrier, à tribord, car déjà nous devons rejoindre le PC ASM.
"Branlebas de combat !" ; mon premier...
Mon Chouf me demande de le suivre, car il faut descendre le dôme sonar, dès que nous aurons passé la jetée et gagné les eaux profondes.
La prochaine fois, il faudra que je procède tout seul à cette opération.
Mon Dieu ! quelle corvée.
Il nous faut vraiment pénétrer au plus profond des entrailles du navire.
Le poste n° 2 d'abord, puis ensuite, la chambre froide pleine de carcasses de boeufs, de veaux et de moutons figés dans leur sang depuis 1956 (étiquette faisant foi) et, pour finir, le local sonar, en dessous.
Maintenant, nous sommes vraiment à fond de cale, entre les couples qui forment de petites cuvettes dans lesquelles une eau croupie clapote doucement, alors que seule la tôle de la coque nous sépare de l'élément liquide.
Entre l'odeur qui se dégage ici et celle qui nous a assaillis dans la chambre froide ; mon Dieu ! il faut avoir le coeur bien accroché.
Heureusement qu'aujourd'hui la mer est plutôt calme ; mais, par la suite, ce ne sera pas toujours le cas, hélas...
Je comprends alors, pourquoi c'est toujours au "bleu" (je le suis) qu'il appartient d'effectuer cette têche peu ragoûtante.
Mais au fait, en quoi consiste donc cette opération ?
Et bien, tout simplement à appuyer sur un bouton, à surveiller que la descente du dôme se passe bien et, à la fin, de donner un coup de manivelle pour bien appliquer le tout et assurer l'étanchéité coque/dôme.
Mon Chouf insiste : surtout, ne pas oublier de donner le coup de manivelle et, auparavant, bien débrayer le moteur pour éviter tout "retour de manivelle" intempestif.
Ouf, c'est fini ! et nous remontons 4 à 4 les barreaux des 2 échelles (sans oublier de refermer les panneaux étanches, au passage) pour retrouver l'air pur, au plus vite.
Et dire que ce soir, il me faudra effectuer la manoeuvre inverse.
Nous regagnons le PC ASM où je suis prié de m'installer en face de l'écran du sonar de veille (DUBV) et de coiffer le casque audio.
Bip-bip !, bip-bip ! bip-bip !...
Cette fois, mon gars, tu es dans le bain ; montre-toi à la hauteur...
Heureusement, tout ce que j'ai appris au centre écoute, pendant mon séjour à l'EASM, me revient à point nommé, et puis, je me sens rassuré par la présence amicale et attentive de ma mère poule (mon Chouf), juste derrière moi.
En fait, je me retrouve dans les mêmes conditions de travail que lors de mon passage sur le "Brestois", le jour de l'examen pratique.
Le branlebas de combat se termine, mais comme je suis du tiers de veille, je reste à mon poste, pendant que ceux des autres tiers rejoignent les postes de lavage ou d'entretien.
Bip ! bip ! bip ! Tiens, mon équipier du sonar d'attaque (DUBA) a un contact et moi je n'ai rien entendu.
La prochaine fois, il faudra que je sois plus vigilant.
Mon Chouf m'aide à me caler sur l'écho pendant que le klaxon d'alerte sous-marine résonne ; tout au long de la procédure, il sera là pour me seconder et il ne sera pas de trop...
En un instant, toute l'équipe ASM est à son poste et notre officier, accouru lui aussi, prend la direction des ops.
Au bout d'une demi-heure, l'alerte est terminée (nous sommes coulés) et l'équipe se disperse à nouveau.
Il y aura plusieurs CASEX, pendant la matinée, et, chaque fois, se déroulera le même scénario.
Enfin, c'est midi et la fin de mon quart ; je vais pouvoir aller prendre un peu l'air et la lumière du jour, et surtout, contempler un peu les iles du Levant et la côte varoise.
Tiens ! Mais quelle surprise.
Je suis à peine arrivé sur le pont, que là, juste devant moi, le sous-marin fait surface et s'ébroue à une centaine de mètres de nous.
Instants inoubliables...
L'après-midi sera bien rempli par les divers exercices d'alerte avions, surface, sécurité, incendie, etc...
Cependant, pour nous les DSM, même si nous devrons nous précipiter chaque fois au PC ASM et reprendre nos postes, il n'y aura plus de CASEX aujourd'hui.
La journée touche à sa fin et, avant que nous ne retournions à Toulon, je trouve le temps de prendre une petite photo de la passerelle.
Des photos, il y en aura d'autres ; mais ce sera pour la prochaine fois, car...
... Ah, mais oui, c'est vrai !
Avant toute chose, ne faut-il pas que je songe à redescendre au local sonar ?
XM