Il est prévu se rendre dans une baie de la côte nord de l’île, la baie de Angairo.
Il parait que c’est dans cette région que les bovins sont les plus nombreux et que le terrain se prête le mieux pour les capturer.
Propulsée par des moteurs hors-bord de 70 chevaux, nantis de nourrices de secours, les deux embarcations partent sur les onze heures.
La première photo montre celle dans laquelle j’ai embarqué, cap à l’est, parée à franchir l’entrée de la large ouverture qui communique avec l’océan.
Juste sur l’arrière, dans le lointain, on devine le village principal : Haurei ; Area le second village se trouve pour le moment, à notre gauche.
Nous casserons la croûte en arrivant sur les lieux ; au fond des barcasses, on ne le voit pas, mais il a été embarqué de quoi manger une fois rendu, et puis une touque de rouge et des bières.
Sans oublier le pain, le faraoa popaa, dont les Rapanais sont très friands, pour ne pas dire gourmands ; on ne s’est pas embarqué sans biscuit, comme on dit.
La traversée se déroule parfaitement et sitôt arrivé sur la petite plage de sable noir mêlé de petits galets, on prépare « la table ».
Un pêcheur se met à l’eau et au bout de quelques minutes il ramène deux magnifiques poissons, à croire qu’ils avaient rendez-vous avec le chasseur sous-marin.
Vite écaillés et mis à cuire sur une tôle rangée quelqu’un part et qui sert en d’autres occasions identiques.
Quelques enfants qui prennent part à l’expédition ayant reçu l’ordre de ramasser du bois mort.
On va manger rapidement car nous sommes venus pour attraper un bœuf donc ne pas perdre de temps afin de rentrer avant la nuit.
En fait, et comme nous le verrons, l’affaire sera très vite réglée.
Les poissons que je mange et dont je ne connais pas le nom sont délicieux, je m’en gave.
Il est clair que les Rapas, eux qui, de part leur culture sont astreints à en manger tous les jours, préfèrent les boites de sardines et principalement celles à l’huile et à la tomate, ainsi que les boîtes de pâté.
Nous somme trois popaa, pour nous, c’est le poisson frais qui a la cote.
Après le repas on prépare le piège.
Il s’agit de déposer dans le passage du troupeau un vulgaire collet comme pour attraper un lapin de garenne.
Mais ce collet sera d’une autre mesure, ce sera une petite aussière à trois torons, de calibre d’environ 20 m/m.
Nous nous déplaçons sans faire trop de bruit afin de ne pas effaroucher et faire fuir les animaux qui sont probablement dans le coin car on a repéré dans le tracé quelques bouses fraîches.
Et puis, nous remontons presque jusqu’au niveau des crêtes qui sont recouvertes de fougères comme elles le sont toutes à Rapa.
De là, on inspecte le paysage et on peut apercevoir où se trouve l’un des troupeaux.
Nous n’avons plus qu’à faire un boucan d’enfer, en criant principalement, en commençant à dévaler afin d’effrayer les animaux qui démarrent, un peu affolés, vers la facilité, c’est-à-dire en descendant.
On les entend piétiner, il se dirigent vers le piège et nous continuons notre tintamarre du diable.
En quelques minutes nous sommes arrivés sur les lieux du traquenard qui n’a pas fonctionné, aucune bête ne s’y est prise.
Nous descendons à fond la caisse en courant dans ce chemin, car selon les Rapa, on doit trouver des animaus d’engluer dans une toradière qui se trouve au débouché.
Effectivement plusieurs d’entre eux sont bien enlisés et ne peuvent plus du tout ni courir ni se déplacer rapidement et le chef d’équipe désigne alors la bête qui sera sacrifiée.
On l’aide à la sortir de la gadoue, on lui masque les yeux, on l’enchaîne avec l’aussière et on la porte dans une baleinière, ce qui ne fut pas des plus facile.
La chasse a été rapide et fructueuse et nous sommes de retour au village avant la nuit.
L’animal qui doit pas mal être ankylosé est attaché au bout de l’aussière sur le terrain de foot, en bordure des tarodières, où il attendra en broutant l’herbe, son rendez-vous proche avec le boucher local.
Le taureau sur le stade, au bout de son aussière.
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