2.1.- Un groupe d'officiers-élèves de la "Jeanne d'Arc" avait appareillé d'ORAN à bord du "Bois-Belleau" pour exécuter des vols d'entraînement sur les TBM de la 9F.

2.2.- Les vols au 25 Avril devaient commencer a 10 30 A.
I'utilisation de la catapulte H4 était prévue, mais par suite d'une indisponibilité momentanée de la H4 il fut décidé que les catapultages se feraient sur la H2.

2.3,- Le premier appareil à catapulter de la journée était le 9F.17 (TBM 53). Son équipage occupait les postes suivants ;
- pilote : E.V.1 JUPONT (9.F)
- poste 2 : E.V.2 MAGUEUR ("JEANNE D'ARC")
- poste 2 : E.V.2 GRISON ("JEANNE D'ARC")
- poste 4 : S.M. radio volant LE MAY (9.F)
L'avion faisait partie d'une patrouille de 2 appareils devant exécuter une mission ASM sur zone de 1 H 30.
Il était au poids de 14200 livres (pleins complets, pas de belly-tank, pas d ' armement, pas de bouées sonores),

2.4.- L'avion est présenté correctement sur la catapulte.
Elingue et hold-back sont raidis normalement jusqu'à ce que la gorge circulaire au piston du hold-back soit en regard de son repère, le moteur de l'avion étant au ralenti. Le starter (IM1 DECUGIS, chef du S.1.A) fait le signal "un doigt". Le pilote affiche 30" à l'admission puis jette un rapide coup d'oeil à ses instruments.

A cet instant précis, l'anneau cassant du hold-back cède, et l'avion part. Le patin de catapulte n'ayant pas bougé, l'élingue mollit et décapelle des crocs,

2.5.- Au moment de la rupture de l'anneau, la situation est donc la suivante :
- starter continuant à faire le signal "un doigt",
- pilote vérifiant le cockpit, n'ayant pas encore fait le signal "pouce en l'air",
- moteur à 30" à l'admission,
- contrôleur de catapulte attendant les ordres et n'ayant encore effectué aucune manœuvre (en particulier le verrou de catapulte est encore en place, et y restera).

2.6.- Au départ de l'avion, le pilote ressent un choc net. Surpris il lève les yeux, et voyant l'avion s'avancer droit, il croit à un catapultage intempestif et "mou". Il s ' imagine donc entraîné par le patin, et met pleins gaz.

2.7.- L'avion suit l'axe de la catapulte et franchit l'extrémité du pont à une vitesse estimée à 50 ou 60 noeuds. Il s'enfonce horizontalement, puis, le pilote tirant sur le manche, décroche à gauche, percute l'eau de l'aile, se retourne sur le dos. L'impact n'est pas très brutal. L'avion défile à bâbord du Bois Belleau, qui a mis à droite toute pour l'éviter, puis manœuvre pour envoyer une baleinière sur les lieux.

2.8.- L'évacuation de l'appareil, flottant sur le dos et s'emplissant rapidement est difficile. Parviennent à se dégager le pilote, le passager au poste 2 bien que ce poste soit étroit et incommode, et le radio du poste 4 qui a ouvert sa porte par la manœuvre habituelle, et non par la manoeuvre de secours dont il n'a pu trouver la commande.

Arrivés en surface, les trois hommes voient disparaître l'avion, l'empennage en dernier. L'occupant du poste 3 ne s'est pas dégagé et disparaît avec l'appareil (il est à noter que l'évacuation du T.B.M. est plus facile au poste 3 qu'aux autres postes).

2.9.- L'hélicoptère HUP.2 (23 S 6) était en position de sauvetage à tribord avant du Bois Belleau, avec un équipage normal : pilote, treuilliste et plongeur.
Il voit l'accident, se porte aussitôt sur l'épave et met son plongeur à l'eau.
Il recueille le pilote et, ayant quelques difficultés à tenir le vol stationnaire (appareil lourd en début de mission, vent nul, mirage), préfère aller déposer le premier rescapé sur le Bois Belleau. Il repart et peut recueillir, simultanément cette fois, les deux autres survivants. Le plongeur est repris par la baleinière du bâtiment.

L'horaire du sauvetage a été le suivant ;
10 24 : Accident
10 26 : Pilote déposé à bord ,
10 32 : Radio et passager du poste 2 déposés à bord.

Les trois rescapés étaient indemnes, très peu choqués. Le pilote a été volontaire pour apponter de nuit le soir même (mais les vols de nuit ont été annulés pour brume), et a volé normalement le lendemain matin.

Cause probable de l'accident :
3.1.- La cause de l'accident est la rupture intempestive de l'anneau cassant du hold-back.