Les Héros de Reao.
Sur ce post, au mois de mai, en page 13, j’avais parlé de deux héros locaux de Reao, qui sont en effigie, l’un à droite, l’autre à gauche, sur le portail face à la cour de l’hôtel de ville et donnant sur la rue qui va de l’église au cimetière.
Mais je n’avais pas de photo sous la main pour illustrer.
Voilà que j’en ai une aujourd’hui et qui m’a été fournie par
Eric Roussel, ayant été tirée en 200.
Un peu plus loin Jean-Paul Péréa qui était passé à Reao confirmait que ces statues historiques étaient toujours « à poste ».
Je rappelle un point d’histoire de cette île, plus ou moins légendaire, puisque l’on écrivait rien jadis à Reao qui est resté à l’Âge de la Pierre polie jusqu’en 1865.
Reao : Histoire ancienne.
Relevé dans Tahiti aux temps anciens de Teuira Henry, ouvrage numéro un de la société des Océanistes, 1968, Musée de l’Homme .
L’île de Re-Ao (joyau du monde) ou Clermont-Tonnerre, 14 milles sur 5 milles, était autrefois luxuriante, riche en taro et ape (arums), et habitée par une population paisible n’ayant aucune connaissance dans l’art de la guerre.
Mais un jour, des guerriers arrivèrent conduits par Te-o marama (jardin de la lune) et Ra Vera (soleil brûlant) et venant de Tata Koto (battement qui résonne) 11 milles sur un mille, et de Nukutavake (flotte qui avance), toutes deux des îles florissantes.
Dans de grandes pirogues de guerre, les guerriers armés de lances débarquèrent, accueilles sans méfiance par les habitants de Re-Ao.
Bientôt les visiteurs choisirent un emplacement pour y camper et s’installèrent dans l’île sans en demander la permission, vivant aux dépens des habitants.
Enfin, s’imaginant qu’il leur serait facile de s’emparer de l’île et de transformer ses habitants en esclaves, ils commencèrent à faire preuve d’une certaine hostilité.
Heureusement cette situation fit apparaître un chef, un géant nommé Tai-huka (mer qui limite) connu pour son énorme tête et son attitude intrépide.
Celui-ci rassembla une troupe d’hommes décidés qui fabriquèrent des lances en bois de fer et s’adaptèrent si bien aux tactiques de combat pratiquées par leurs ennemis qu’ils leur infligèrent une cuisantes défaite et les obligèrent à sauter en hâte dans leurs pirogues pour rentrer chez eux.
Après cette victoire, le géant Tai-huka vécut heureux au milieu de son peuple pendant de longues années, un chef nommé Te-hono-keha (envoyé à se lamenter) lui succéda comme guerrier et maintint la dignité de son peuple en faisant des croisières dans les îles, accompagnés d’une troupe redoutable dans des pirogues de guerre.
Ils atterrirent une fois à Puka-rua (pointe émoussée) ou île Serle, 9 milles sur 4 milles, qui fit maintenant partie de l’archipel des Gambier, et là, ayant défait les habitants, ils y demeurèrent plusieurs mois, puis ayant un vif désir de rentrer chez eux, ils quittèrent l’île laissant les habitants reprendre leur bien.
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En 1967, devant la mairie école de Reao, donnant sur la rue, il y avait une sorte de portique surmonté de deux têtes, le tout en ciment.
Ce portique existe peut-être toujours ?
Selon un habitant de l’atoll, ces deux effigies représentaient Tai-huka et Te-hono-keha.
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Le texte présenté est traduit de l’Anglais par Bertrand Jaunez (car Teuira Henry était la petite fille du révérend Orsmond, missionnaire anglais qui établit ce manuscrit), et je pense que c’est une erreur de traduction ou erreur géographique de la part du rédacteur, qui fait mettre Puka rua dans les lointaines îles Gambier, alors que c'est juste "en face" de Reao.
Voici, ci-dessous, ce portique avec les deux têtes de Tai-Huka et de Te Hono Keha.
Mais je ne sais pas qui est à droite, qui est à gauche
Sous le portique,
Mr Eric Roussel en voyage à Reao, et madame le maire adjoint.
En arrière plan l’entrée de la maison commune telle que nous l’avons connue pendant nos séjours sur cet atoll au temps de la station météo.
Quant à la date inscrite sur ce portique qui est bien entretenu : 1874, je ne sais pas ce qu’elle veut dire.
A cette date-là, il y avait juste 8 ans que le père Roussel avait commencé l’évangélisation de Reao.
Je pense que l’autorité civile n’était pas encore arrivée jusqu’ici.
A voir aux archives du territoire.
Il y avait un autre portique, mais sans statue, devant l’entrée de la cour de la maison de l’épicier, mutoi, tinito, Karito.
En 1967, avec le 4X4, un matelot qui tournait sur la route l’a fichu par terre en reculant.
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Crédit photo Eric Roussel.André Pilon