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DERNIERS SUJETS
REAO, l'écho d'un lointain lagon.
jean-claude BAUD- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 83
- Message n°501
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
André, , on s'y croirait...C'est comme si on regardait une vidéo...Talentueux conteur Paumotu..
Que de souvenirs...
Que de souvenirs...
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"Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
[James Dean]
marsouin- MATELOT D' HONNEUR
- Age : 70
- Message n°502
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Kia ora !
Un vrai "kaina" le major !
Moi aussi j'ai mangé du "uri" ! Pas à la "sauce chien" mais façon "tinito"...
A quand des salons littéraires pour la signature de l'ouvrage ?
"Parahi oe e faa'itoito" !
Marsouin Perenato
Un vrai "kaina" le major !
Moi aussi j'ai mangé du "uri" ! Pas à la "sauce chien" mais façon "tinito"...
A quand des salons littéraires pour la signature de l'ouvrage ?
"Parahi oe e faa'itoito" !
Marsouin Perenato
† CYBAL Jacques- PREMIER MAÎTRE
- Message n°503
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Beau récit André...
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°504
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Magnifique condensé d'éthnologie ce récit emporte tout sur son passage. J'espère que des autorités culturelles Polynésiennes veillent et pourront profiter de ce témoignage criant de vérité et de sincérité. Et particulièrement heureux de constater que des notres puissent exprimer avec tant de talent et d'amour, des sentiments souvent incompréhensibles au commun, et pourtant, bien des lieux communs avec d'autres coutûmes locales, y compris chez nous.
Encore !
Merci
TUR2
Encore !
Merci
TUR2
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Ia orana ite matahiti api
† JANPITRE- MATELOT D' HONNEUR
- Age : 92
- Message n°505
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Bravo André, je suis de retour à Hao...
Maururu roa ia oe.
Tomanah Jean-Pierre.
Maururu roa ia oe.
Tomanah Jean-Pierre.
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EMA57, MRK58E, HAO77/78.
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
[Charles Baudelaire]
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°506
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Le tamaaraa (suite 5)
)Maintenant, le soleil est bien bas et tout proche de l'horizon ; dans quelques minutes, il va plonger dans l'océan, enflammant tout l'Ouest, en créant comme chaque jour son effet de rayon vert. Pour tous, la récréation est terminée et ils repassent le récif après avoir attendu la vague favorable. Ils s'en retournent lentement et pour continuer le tamaaraa interrompu. Quelques-uns ont même récupéré le morceau de viande avec lequel ils étaient venus ici, qu'ils avaient placé sur un rocher en attente, et poursuivent leur repas. Ils vont reprendre leur place autour des tables momentanément délaissées et près desquelles seules, quelques personnes âgées sont demeurées, surveillant les chiens, les empêchant de chaparder les aliments.
- Afin de rentrer sans risquer de nous blesser, lui explique Eritapeta en nageant lentement sur le côté, nous allons passer là, entre ces deux grosses pierres grises, qu'elle lui montre de la main. Au moment où je verrai arriver la bonne vague qui nous portera vers ce passage, nous nagerons très vite, il ne faut pas qu'elle nous rattrape surtout. Aussitôt que nous serons arrivés dans les faibles fonds, il faudra se mettre de suite et vite debout pour éviter d'être attirés par le reflux, puis d'être repris par la vague suivante qui nous roulerait sur les rochers.
Louis est déjà allé deux fois dans l’océan, devant le poste, accompagné par Mahera Arakino et son frère Tugarue. Il s’est rendu compte qu’il faut prendre des précautions pour rentrer et fait son profit de ce que lui enseigne la fille. Et tout se passa très bien, la mer étant belle.
- Tu ne crois pas que c'est une anomalie, Eritapeta, lui demande-t-il une fois sortis tous deux de l'océan et grimpés sur les rochers ; dis-moi, tu ne crois pas que c'est une anomalie que ce bébé baleine pour sa naissance présente la partie postérieure de son corps ? Il me semble que tous les petits mammifères sortent normalement du ventre de leur mère la tête la première.
- Non, il n'y a rien d'anormal, les mammifères marins arrivent ainsi en ce monde, la queue la première, s'ils sortaient la tête en avant, et bien ils se noieraient. La nature a bien fait les choses. Je pense que ce fut une des principales conditions de l'adaption à la vie maritime de leurs ancêtres.
- Il faut aussi que tu me parles des requins de Reao, je sais qu'il y en a devant le village et nous n'en avons vu aucun aujourd'hui, pourquoi ?
- Peut-être ont ils été effarouchés par les baleines, je ne le sais pas, mais ce dont je suis bien sûr, c'est qu'ils ont peur des hommes, et comme tous les villageois ou presque étaient à l'eau...
- Et pour quel raison ont-ils peur des hommes ?
- Jadis, les habitants de notre île les chassaient pour leur nourriture et leurs nombreux besoins, lui répond-elle. Leurs dents servaient à confectionner des outils coupants : scies et couteaux permettant de travailler le bois ; les peaux rugueuses étaient employées comme râpe à bois et servaient dans la construction des pirogues, elles étaient aussi transformées en outres qui permettaient de conserver l'eau de pluie recueillie. La chair était consommée, principalement celle des jeunes qui n'a pas le fort goût d'ammoniaque qu’ont les vieux. Ainsi, les requins ont été tellement chassés que la peur de l'homme est gravée dans le cerveau des descendants de ceux qui ont su l'éviter ; exactement comme chez votre gibier de France qui est toujours en alerte, et pour l’homme difficile à approcher.
Tout en devisant, alors que la nuit tropicale commence à tomber, ils se dirigent lentement vers les lieux de la fête et, comme ils ne se sont pas pressés du tout, apparemment, ils sont les derniers sur le chemin qui y conduit.
- Pour chasser les requins, reprend-elle, les Reao ne les harponnaient pas, le sang coulé aurait de suite attiré tous les autres et aussi ceux du grand large qui sont réputés dangereux. Ils pêchaient au narcotique, employant un système que l'on ne connaît plus. Il parait que la sève d'une plante cultivée ici pour les besoins de cette opération était répandue dans la mer. Tous les poissons, à une certaine distance à la ronde et pendant quelque temps se trouvaient taero, comme ivres et plus ou moins inconscients. Tous ceux que vous appelez les primitifs ont su pêcher de cette manière ; des communautés mexicaines et amazoniennes pratiquent encore ainsi.
- Mais il n'y a pas tellement d'espèces végétales sur un atoll, remarque Louis, je n'en compte guère plus d'une vingtaine, et elles n'ont pas l'air si violentes que cela.
- C'est bien vrai ; je sais que l'on avait acclimaté ici une plante tahitienne que l'on employait aussi sur la grande île, c'est mon grand-père qui me l'a dit peu avant sa mort, ainsi que Tearo, un vieux navigateur, disparu lui aussi. Je n'en ai aucune preuve, à part leurs dires que l'on peut prendre en considération, car si le savoir des Polynésiens anciens n'était pas écrit, il était transmis de vive voix ; ces deux hommes avaient été aux écoles des tahunga et avaient énormément de connaissances. Cette technique a disparu à l'arrivée des Européens qui provoquèrent l'écroulement de notre civilisation. Sur ce plan-là, la découverte pour les Océaniens des hameçons métalliques fut une révolution. Il existe encore, parait-il, quelques vieillards qui pêchent au narcotique à Tahiti, dans la presqu'île et en bordure du rivage, ils emploieraient pour cela la noix de hutu. Ici, à Reao, la plante narcotique employée a disparu dans le cyclone meurtrier de 1903, la majeure partie de la végétation ayant été détruite, brûlée par le sel ou déracinée.
Lorsque les mago, les requins, avaient leur dose, et qu'ils commençaient à s'agiter de manière désordonnée, les pêcheurs immergés les guidaient vers le rivage, se plaçant sur leur arrière et nageant de concert ; sur le récif, un partenaire attendait avec un gros bâton que le poisson soit à sa portée pour l'assommer, ainsi pas une goutte de sang n'était versée dans la mer.
Tout en conversant, ils sont de retour au faré Tetai Moeava, sur les lieux de la fête, où chacun s'est recalé à sa place et où le tamaaraa a repris ses droits. Les aliments se sont refroidis, ce n'est pas bien grave, on leur fait honneur de la même façon qu'auparavant et ce bain de fin d'après-midi a plutôt réouvert les appétits. L'orchestre qui a repris un tamouré endiablé incite l'assistance - excepté les adolescentes - à venir se déhancher et s'agiter à qui mieux mieux. Les danseurs arrivent en piste et bientôt, tous échauffés, adoptent des postures indécentes scandées de « han-han » gutturaux, accompagnés de gestes inconvenants et même obscènes. Les enfants, gamins et gamines, imitent en tout les grands, et on pourrait croire en les regardant, qu'en dépit de leur âge, que l'érotisme et la licence leur sont des plus familiers. A Reao, les adolescentes n'ont pas le droit de participer aux danses ; s'inspirant des directives d'en haut, le katekita l'interdit et surtout pour ce qui est du tamouré. Alors, elles regardent et s'ennuient car elles savent faire ; le tamouré, danse religieusement hors-la-loi, elles l'ont appris dans leur enfance et certaines d'entre elles s'en vont dans l'ombre et en cachette, derrière la citerne neuve ou les bâtiments tout proche, en suivant la musique, s'entraîner un court instant au mouvement de rotation du bassin, spécificité de cette danse proscrite par les premiers missionnaires dès leur arrivée à Tahiti. D'autres, et surtout les fillettes avec leur voix de tête, reprennent en chœur le refrain bien connu : Tamouré, tamouré, etc... dans lequel la suite des paroles nous laisse entendre que l'on est parti sans payer, après avoir consommé... amoureusement. Il est remarquable qu'à chaque fois qu'une grossièreté ou une obscénité apparaît dans une conversation, ces gamines sont les plus promptes à reprendre les expressions que leurs petites sœurs métropolitaines appellent les « gros mots ».
Maintenant, il fait nuit noire. Il n'y a pas encore d'électricité au village, nous le savons, et seule, la station météorologique possède des groupes électrogènes. Alors, des femmes sont allées quérir à leur domicile des lampes Coleman à gaz, les morigaz ; une dizaine de ces lampes qui éclairent fortement sont accrochées aux boiseries hautes du bâtiment, c'est le même éclairage que celui qui fonctionnait dans le faré lors de l'accouchement de Mareta, il y a environ deux mois et don certains ont pu lire la relation dans ce post. Il est presque aussi puissant que celui que fourniraient les moteurs. La fête va pouvoir continuer toute la soirée et toute la nuit, il le faut puisqu'il y a toujours à manger et à boire ; du reste, les filles apportent encore de la nourriture sur les tables.
Mais une fois la lumière faite, il est remarquable que les rangs sont clairsemés, un bon nombre, l'alcool aidant, s'en sont allé faire un petit somme. Ne nous chagrinons pas, ils auront vite récupéré et seront bientôt de retour sur les lieux pour remettre çà.
Et puis, voici une famille qui passe dans la zone éclairée ; tout à l'heure ces personnes se trouvaient là, attablées ; maintenant elles viennent de leur faré et s'en vont vers la maison commune en direction du cimetière. C'est Evarito, le tamuta, celui qui a construit le bâtiment pour les besoins de la fête, il est accompagné de sa femme et de leurs trois enfants, ils emportent avec eux des couvertures et des oreillers.
- Mais où vont-ils donc ? demande Louis à Katalina qui se trouvait juste près de lui.
- Ils vont dormir au menema ; tu sais que le papa de Evarito est higa, mort, la semaine dernière, alors, comme beaucoup de Paumotu, ils vont dormir sur la tombe, au cimetière. C'est une façon de marquer le deuil pendant un certain temps suivant la disparition d'un membre de la famille.
- Mais, reprend-il, il n'ont pas peur comme Eritapea et comme toi, sans doute, des tupapaku ? le menema doit en être rempli ?
- Si, ils en ont une grande peur mais il faut y aller quand même, la proximité du village les rassure un peu. Ces jours derniers, ils partaient avant la chute du jour afin de ne pas les rencontrer. Quand la nuit tombait, couchés sur la tombe, ils fermaient déjà les yeux.
- Ce soir, comment vont-ils faire ?
- Ils connaissent bien quelles sont les tombes qui lâchent des tupapaku, répond Katalina, ils vont les contourner à distance sans les regarder, en baissant la tête et les yeux fixant le sol. Aussitôt arrivés sur la leur, ils étendront les nattes, et s'allongeront pour dormir, tout en fermant les yeux. Ils prieront les yeux fermés, ils ne les verront pas et s'endormiront rapidement.
- Mais presque toutes les nuits passent quelques averses rapides, ils peuvent être trempés ?
- Tu iras voir au cimetière, tu remarqueras qu'au-dessus de cette tombe, Evarito a construit un petit abri en tôle qui les protégera de ces pluies passagères, mais qui savent parfois être fortes. Quand ils seront endormis, ils y seront jusqu'à demain matin, qu'il pleuve ou qu'il vente.
Une heure environ se passe en rires, musiques et chants et les serveuses apportent le dessert : une friandise locale appelée poe. Cette gourmandise est à base d'amidon mélangé à la papaye broyée, le tout bien malaxé formant une pâte gluante de couleur orangée. C'est un met estimé et qui ne coûte pas cher.
Les popaa, afin de bien prendre part à cette soirée, sont allé à la météo chercher une dizaine de caisses de bière bien fraîche, ce qui mettra une touche d'animation supplémentaire à la danse et à la soirée. Les bouteilles sont distribuées dans le moment même et l'orchestre est gratifié d'une caisse pour son propre compte. Considérant l'ampleur du ventre de certains membres du groupe musical, il est clair qu'elle ne durera guère ; en quelques secondes, ils en ont vidé deux bouteilles chacun. Ils en sont très heureux et avant de reprendre les danses, ils se consultent et improvisent un air laudatif, repris au bout d'un instant par toute l'assemblée et où l'on distingue : maitai te mau tagata météo, il est bon, il est excellent, le personnel de la météo.
Ceux qui s'étaient absentés pour aller dormir un peu reviennent petit à petit retrouver leurs amis et reprennent les places délaissées. Ils recommencent comme s'ils étaient à jeun, les voilà repartis pour un second repas : poisson cru, langoustes, viandes froides etc... en débutant, bien sûr, par deux ou trois grands verres de sangria. Teragi, qui a aujourd'hui l'autorisation de boire de l'alcool puisque son contrat à la Croix Bleue vient de se terminer, expirant ce matin même, ne s'en est pas privé. Il est absent depuis longtemps, parti cuver sa première cuite depuis six mois, il n'a pas perdu de temps, il n'était pas présent lors du passage des baleines. Le voici précisément qui revient avec un énorme mal au crâne, se tenant la tête à deux mains, il dit et répète :
- E mauiui pepenu ! E mauiui pepenu o vau ! comme j'ai grand mal à la tête ; ce qui ne l'empêche pas de se remettre à table comme les autres en s'empressant de refaire honneur au vin sucré ; il croit bien qu'il va se retrouver en forme par la suite.
- Afin de rentrer sans risquer de nous blesser, lui explique Eritapeta en nageant lentement sur le côté, nous allons passer là, entre ces deux grosses pierres grises, qu'elle lui montre de la main. Au moment où je verrai arriver la bonne vague qui nous portera vers ce passage, nous nagerons très vite, il ne faut pas qu'elle nous rattrape surtout. Aussitôt que nous serons arrivés dans les faibles fonds, il faudra se mettre de suite et vite debout pour éviter d'être attirés par le reflux, puis d'être repris par la vague suivante qui nous roulerait sur les rochers.
Louis est déjà allé deux fois dans l’océan, devant le poste, accompagné par Mahera Arakino et son frère Tugarue. Il s’est rendu compte qu’il faut prendre des précautions pour rentrer et fait son profit de ce que lui enseigne la fille. Et tout se passa très bien, la mer étant belle.
- Tu ne crois pas que c'est une anomalie, Eritapeta, lui demande-t-il une fois sortis tous deux de l'océan et grimpés sur les rochers ; dis-moi, tu ne crois pas que c'est une anomalie que ce bébé baleine pour sa naissance présente la partie postérieure de son corps ? Il me semble que tous les petits mammifères sortent normalement du ventre de leur mère la tête la première.
- Non, il n'y a rien d'anormal, les mammifères marins arrivent ainsi en ce monde, la queue la première, s'ils sortaient la tête en avant, et bien ils se noieraient. La nature a bien fait les choses. Je pense que ce fut une des principales conditions de l'adaption à la vie maritime de leurs ancêtres.
- Il faut aussi que tu me parles des requins de Reao, je sais qu'il y en a devant le village et nous n'en avons vu aucun aujourd'hui, pourquoi ?
- Peut-être ont ils été effarouchés par les baleines, je ne le sais pas, mais ce dont je suis bien sûr, c'est qu'ils ont peur des hommes, et comme tous les villageois ou presque étaient à l'eau...
- Et pour quel raison ont-ils peur des hommes ?
- Jadis, les habitants de notre île les chassaient pour leur nourriture et leurs nombreux besoins, lui répond-elle. Leurs dents servaient à confectionner des outils coupants : scies et couteaux permettant de travailler le bois ; les peaux rugueuses étaient employées comme râpe à bois et servaient dans la construction des pirogues, elles étaient aussi transformées en outres qui permettaient de conserver l'eau de pluie recueillie. La chair était consommée, principalement celle des jeunes qui n'a pas le fort goût d'ammoniaque qu’ont les vieux. Ainsi, les requins ont été tellement chassés que la peur de l'homme est gravée dans le cerveau des descendants de ceux qui ont su l'éviter ; exactement comme chez votre gibier de France qui est toujours en alerte, et pour l’homme difficile à approcher.
Tout en devisant, alors que la nuit tropicale commence à tomber, ils se dirigent lentement vers les lieux de la fête et, comme ils ne se sont pas pressés du tout, apparemment, ils sont les derniers sur le chemin qui y conduit.
- Pour chasser les requins, reprend-elle, les Reao ne les harponnaient pas, le sang coulé aurait de suite attiré tous les autres et aussi ceux du grand large qui sont réputés dangereux. Ils pêchaient au narcotique, employant un système que l'on ne connaît plus. Il parait que la sève d'une plante cultivée ici pour les besoins de cette opération était répandue dans la mer. Tous les poissons, à une certaine distance à la ronde et pendant quelque temps se trouvaient taero, comme ivres et plus ou moins inconscients. Tous ceux que vous appelez les primitifs ont su pêcher de cette manière ; des communautés mexicaines et amazoniennes pratiquent encore ainsi.
- Mais il n'y a pas tellement d'espèces végétales sur un atoll, remarque Louis, je n'en compte guère plus d'une vingtaine, et elles n'ont pas l'air si violentes que cela.
- C'est bien vrai ; je sais que l'on avait acclimaté ici une plante tahitienne que l'on employait aussi sur la grande île, c'est mon grand-père qui me l'a dit peu avant sa mort, ainsi que Tearo, un vieux navigateur, disparu lui aussi. Je n'en ai aucune preuve, à part leurs dires que l'on peut prendre en considération, car si le savoir des Polynésiens anciens n'était pas écrit, il était transmis de vive voix ; ces deux hommes avaient été aux écoles des tahunga et avaient énormément de connaissances. Cette technique a disparu à l'arrivée des Européens qui provoquèrent l'écroulement de notre civilisation. Sur ce plan-là, la découverte pour les Océaniens des hameçons métalliques fut une révolution. Il existe encore, parait-il, quelques vieillards qui pêchent au narcotique à Tahiti, dans la presqu'île et en bordure du rivage, ils emploieraient pour cela la noix de hutu. Ici, à Reao, la plante narcotique employée a disparu dans le cyclone meurtrier de 1903, la majeure partie de la végétation ayant été détruite, brûlée par le sel ou déracinée.
Lorsque les mago, les requins, avaient leur dose, et qu'ils commençaient à s'agiter de manière désordonnée, les pêcheurs immergés les guidaient vers le rivage, se plaçant sur leur arrière et nageant de concert ; sur le récif, un partenaire attendait avec un gros bâton que le poisson soit à sa portée pour l'assommer, ainsi pas une goutte de sang n'était versée dans la mer.
Tout en conversant, ils sont de retour au faré Tetai Moeava, sur les lieux de la fête, où chacun s'est recalé à sa place et où le tamaaraa a repris ses droits. Les aliments se sont refroidis, ce n'est pas bien grave, on leur fait honneur de la même façon qu'auparavant et ce bain de fin d'après-midi a plutôt réouvert les appétits. L'orchestre qui a repris un tamouré endiablé incite l'assistance - excepté les adolescentes - à venir se déhancher et s'agiter à qui mieux mieux. Les danseurs arrivent en piste et bientôt, tous échauffés, adoptent des postures indécentes scandées de « han-han » gutturaux, accompagnés de gestes inconvenants et même obscènes. Les enfants, gamins et gamines, imitent en tout les grands, et on pourrait croire en les regardant, qu'en dépit de leur âge, que l'érotisme et la licence leur sont des plus familiers. A Reao, les adolescentes n'ont pas le droit de participer aux danses ; s'inspirant des directives d'en haut, le katekita l'interdit et surtout pour ce qui est du tamouré. Alors, elles regardent et s'ennuient car elles savent faire ; le tamouré, danse religieusement hors-la-loi, elles l'ont appris dans leur enfance et certaines d'entre elles s'en vont dans l'ombre et en cachette, derrière la citerne neuve ou les bâtiments tout proche, en suivant la musique, s'entraîner un court instant au mouvement de rotation du bassin, spécificité de cette danse proscrite par les premiers missionnaires dès leur arrivée à Tahiti. D'autres, et surtout les fillettes avec leur voix de tête, reprennent en chœur le refrain bien connu : Tamouré, tamouré, etc... dans lequel la suite des paroles nous laisse entendre que l'on est parti sans payer, après avoir consommé... amoureusement. Il est remarquable qu'à chaque fois qu'une grossièreté ou une obscénité apparaît dans une conversation, ces gamines sont les plus promptes à reprendre les expressions que leurs petites sœurs métropolitaines appellent les « gros mots ».
Maintenant, il fait nuit noire. Il n'y a pas encore d'électricité au village, nous le savons, et seule, la station météorologique possède des groupes électrogènes. Alors, des femmes sont allées quérir à leur domicile des lampes Coleman à gaz, les morigaz ; une dizaine de ces lampes qui éclairent fortement sont accrochées aux boiseries hautes du bâtiment, c'est le même éclairage que celui qui fonctionnait dans le faré lors de l'accouchement de Mareta, il y a environ deux mois et don certains ont pu lire la relation dans ce post. Il est presque aussi puissant que celui que fourniraient les moteurs. La fête va pouvoir continuer toute la soirée et toute la nuit, il le faut puisqu'il y a toujours à manger et à boire ; du reste, les filles apportent encore de la nourriture sur les tables.
Mais une fois la lumière faite, il est remarquable que les rangs sont clairsemés, un bon nombre, l'alcool aidant, s'en sont allé faire un petit somme. Ne nous chagrinons pas, ils auront vite récupéré et seront bientôt de retour sur les lieux pour remettre çà.
Et puis, voici une famille qui passe dans la zone éclairée ; tout à l'heure ces personnes se trouvaient là, attablées ; maintenant elles viennent de leur faré et s'en vont vers la maison commune en direction du cimetière. C'est Evarito, le tamuta, celui qui a construit le bâtiment pour les besoins de la fête, il est accompagné de sa femme et de leurs trois enfants, ils emportent avec eux des couvertures et des oreillers.
- Mais où vont-ils donc ? demande Louis à Katalina qui se trouvait juste près de lui.
- Ils vont dormir au menema ; tu sais que le papa de Evarito est higa, mort, la semaine dernière, alors, comme beaucoup de Paumotu, ils vont dormir sur la tombe, au cimetière. C'est une façon de marquer le deuil pendant un certain temps suivant la disparition d'un membre de la famille.
- Mais, reprend-il, il n'ont pas peur comme Eritapea et comme toi, sans doute, des tupapaku ? le menema doit en être rempli ?
- Si, ils en ont une grande peur mais il faut y aller quand même, la proximité du village les rassure un peu. Ces jours derniers, ils partaient avant la chute du jour afin de ne pas les rencontrer. Quand la nuit tombait, couchés sur la tombe, ils fermaient déjà les yeux.
- Ce soir, comment vont-ils faire ?
- Ils connaissent bien quelles sont les tombes qui lâchent des tupapaku, répond Katalina, ils vont les contourner à distance sans les regarder, en baissant la tête et les yeux fixant le sol. Aussitôt arrivés sur la leur, ils étendront les nattes, et s'allongeront pour dormir, tout en fermant les yeux. Ils prieront les yeux fermés, ils ne les verront pas et s'endormiront rapidement.
- Mais presque toutes les nuits passent quelques averses rapides, ils peuvent être trempés ?
- Tu iras voir au cimetière, tu remarqueras qu'au-dessus de cette tombe, Evarito a construit un petit abri en tôle qui les protégera de ces pluies passagères, mais qui savent parfois être fortes. Quand ils seront endormis, ils y seront jusqu'à demain matin, qu'il pleuve ou qu'il vente.
Une heure environ se passe en rires, musiques et chants et les serveuses apportent le dessert : une friandise locale appelée poe. Cette gourmandise est à base d'amidon mélangé à la papaye broyée, le tout bien malaxé formant une pâte gluante de couleur orangée. C'est un met estimé et qui ne coûte pas cher.
Les popaa, afin de bien prendre part à cette soirée, sont allé à la météo chercher une dizaine de caisses de bière bien fraîche, ce qui mettra une touche d'animation supplémentaire à la danse et à la soirée. Les bouteilles sont distribuées dans le moment même et l'orchestre est gratifié d'une caisse pour son propre compte. Considérant l'ampleur du ventre de certains membres du groupe musical, il est clair qu'elle ne durera guère ; en quelques secondes, ils en ont vidé deux bouteilles chacun. Ils en sont très heureux et avant de reprendre les danses, ils se consultent et improvisent un air laudatif, repris au bout d'un instant par toute l'assemblée et où l'on distingue : maitai te mau tagata météo, il est bon, il est excellent, le personnel de la météo.
Ceux qui s'étaient absentés pour aller dormir un peu reviennent petit à petit retrouver leurs amis et reprennent les places délaissées. Ils recommencent comme s'ils étaient à jeun, les voilà repartis pour un second repas : poisson cru, langoustes, viandes froides etc... en débutant, bien sûr, par deux ou trois grands verres de sangria. Teragi, qui a aujourd'hui l'autorisation de boire de l'alcool puisque son contrat à la Croix Bleue vient de se terminer, expirant ce matin même, ne s'en est pas privé. Il est absent depuis longtemps, parti cuver sa première cuite depuis six mois, il n'a pas perdu de temps, il n'était pas présent lors du passage des baleines. Le voici précisément qui revient avec un énorme mal au crâne, se tenant la tête à deux mains, il dit et répète :
- E mauiui pepenu ! E mauiui pepenu o vau ! comme j'ai grand mal à la tête ; ce qui ne l'empêche pas de se remettre à table comme les autres en s'empressant de refaire honneur au vin sucré ; il croit bien qu'il va se retrouver en forme par la suite.
A suivre
André Pilon
Dernière édition par PILON le Ven 23 Avr 2010 - 11:46, édité 1 fois
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"... Rompre avec toutes ses habitudes et s'en aller, errer, d'île en île, au pays de lumière."
Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°507
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
le tamaaraa (dernière page, 6)
C'est alors que survient une alerte, et encore une fois du côté de l'océan, quelqu'un crie par là :
- Onu ! onu ! une tortue !
Eritapeta part en courant comme beaucoup d'autres vers les lieux où se font entendre ces appels. Viens, dit-elle à Louis, passant près de lui, tu vas voir une tortue occupée à sa ponte dans le sable.
Mais voici qu'arrive à travers la cocoteraie et les rattrapant, Teragi sur son scooter. Toujours parfaitement ivre, il a pris son engin pour arriver plus vite. Il roule comme un fou entre les arbres et en dehors de tout chemin dans une zone très sableuse ; soudain, à pleine vitesse, il dérape sur le sable et est projeté à terre. Le scooter continuant sur sa lancée s'en va se fracasser contre un cocotier. L'avant désarticulé, il reste là, les roues en l'air, le moteur accéléré à fond et tournant follement à vide, projetant du sable et des cailloutis dans toutes les directions, le phare braqué au plus haut des arbres et éclairant un magnifique régime de noix vertes. Teragi qui est tombé dans un coin ensablé, par chance n'est pas blessé ; il se relève de lui même tenant toujours dans ses mains sa tête alcoolisée. Une vingtaine de personnes qui se sont approchées font cercle autour de lui, éclairant la scène de leur moripata et riant aux éclats - et Eritapeta est de ceux-là - comme devant un film comique, et sans s'inquiéter le moins du monde de la santé de l’accidenté.
Et lui, voyant le burlesque de son scooter toujours emballé et stimulé par les rires de l'assistance, éclate bruyamment à son tour. Au bout d'un instant, il annonce tout simplement à l’assistance, bombant le torse et en prenant Louis à témoin :
- Ananahi, o vau, signer Croix Bleue oe matahiti ! demain, je signe à la croix bleue pour une année.
C'est une réelle solution de sagesse, ce ne sera pas un serment d'ivrogne.
Alors tous ensemble rallient le rivage pour admirer la prise que vient de faire Ruita Pepenu, Louise à la grosse tête. Bien qu'un peu éméchée, elle aussi, par la boisson ingurgitée au cours de l'après-midi, elle est venue, comme on sait le faire ici, à la recherche d'une éventuelle tortue marine ; elle a donc gagné le gros lot !
Les tortues femelles viennent pondre dans la zone sableuse qui borde la partie extérieure de la forêt, entre celle-ci et les roches du récif. Elles abordent l'île à la marée montante, portées par les eaux qui se déversent sur le platier. Le chasseur parcourt le rivage à la recherche des profondes traces qu'elles laissent tout bêtement sur le sable avec ses pattes et le dessous de sa carapace ; une fois découvert l'un de ces tracés, on arrive sur la bête au bout de quelques dizaines de mètres au plus. Il suffit alors de la retourner sur le dos, de caler sa carapace avec trois ou quatre grosses pierres. Il ne reste pus qu’à appeler à l’aide et c'est ce que vient de faire Ruita. Une tortue adulte pèse lourd, il est impossible à une personne de l'apporter seule au village.
Cette femme vient de capturer une énorme femelle, elle mesure un mètre trente de longueur et près d'un mètre de largeur. La pauvre bête, qui git le ventre en l'air, était en pleine ponte, elle est toujours dans ses douleurs et de temps à autre un œuf blanc, rond et mou sort encore de ses entrailles, tombe sur le sable d'où il est ramassé. Elle a de la bave qui lui coule de la gueule, qui s'en va se mélanger aux larmes de ses yeux, semblant implorer humainement ses bourreaux. Ils seront sans pitié, elle est bien destinée à rallier le village et à finir au four. A deux mètres de là se trouve le trou qu'elle a creusé, dans lequel elle a eu le temps de déposer une cinquantaine d’œufs.
De la tortue qui vient d'être capturée, son poids sera évalué par curiosité, le lendemain, à l'aide d'un espar amarré en son milieu à une branche d'arbre ; elle équilibrera cent trente litres d'eau de mer, plus le poids du bidon à essence les contenant. Elle sera tuée dans la journée, Ruita en donnera à toute sa famille ; à leur charge de lui rendre la pareille lors d'une prochaine prise identique. Elle en portera un beau morceau au personnel de la météo pour les remercier d'être allé la récupérer avec le camion.
Le malheur dans cette affaire, qui est assurément une aubaine pour les habitants de l'atoll pour ce qui est de leur alimentation, c'est que dans ce genre de chasse, ce sont toujours les femelles qui en font les frais. Les mâles ne viennent pas à terre ou très rarement. On ne peut donc les capturer que dans l'océan où ils sont mille fois moins vulnérables que les femelles obligées de venir à la côte pour y déposer et enterrer leurs œufs.
Il existe un règlement émanant de Tahiti qui interdit de prélever les femelles, mais à Reao on est bien loin du pouvoir central. A Tahiti où les textes officiels sont rédigés, chacun mange convenablement, et de la viande à tous les repas s'il le désire. Ici, c'est bien différent, la faune d'un atoll est des plus réduites : cochon, chien, nous l'avons vu. On peut-être assuré qu'une directive interdisant la capture des femelles, lue à la porte de l'église par Tetua Moeava après la messe, restera lettre morte, et même pour lui, le donneur d'ordres.
Peu de temps après le retour des chasseurs de tortue, voici qu'une dispute éclate à l'une des tables, ce sont deux vahinés d'un quintal chacune qui se jettent au visage toutes sortes de noms d'oiseaux paumotu. Dans ce flot de parole, Rohi distingue des mots qui reviennent de temps à autre : vahiné keia piripou ! voleuse de culotte ; en réponse il comprend : vahiné keia puha, voleuse de coprah ! Sachant qu'il n'y a pas de voleurs ici, toute l'assistance a bien compris qu'il n'est question que d'emprunts illégaux. Elles ne vont pas tarder à en arriver à la prise de cheveux, dans lesquels il leur sera très facile de s'accrocher, vu leur longueur et leur solidité, pour l'une comme pour l'autre.
Autour des vahinés enflammées se forment deux équipes de partisans, hommes femmes et enfants. Ils discutent à qui mieux mieux du bien fondé de la réclamation de leur championne, les mots clés : culotte et coprah, reviennent avec véhémence. On a bien l'impression que l'on frôle la bataille générale.
Mais lorsque l'une des deux harpies traite l'autre de : vahiné ouri taata, de guenon, un animal qu'elles n'ont vu qu'au cinéma à la météo, c'est la ruée. Solidement agrippées l'une et l'autre par leur chevelure, elles s'écroulent en vrac au sol, déséquilibrées autant par le choc de l'assaut que par l'ivresse. Leurs supporters s'approchent pour les séparer et les spectateurs font cercle. Et voila que l’on l’on remarque dans ces actions brutales et désordonnées deux paires de cuisses bien potelées sous les paréos qui se relèvent jusqu'au piripou. Bientôt, c’est un épais sein bien ferme sortant d'un chemisier déchiré ; et puis, à suivre, plus de chemisier du tout sur l'une d'entre elles. Tous les enfants, parmi lesquels se trouvent les leurs, se mettent alors à pousser des cris, et bientôt des hurlements.
Enfin, on arrive à faire lâcher prise aux combattantes, et dans la seconde, à les séparer, le match étant probablement nul. Le calme revenu, elles se regardent toutes deux, éclatent en sanglots, s'asseyent sur les cailloux et tombent dans les bras l'une de l'autre en pleurant à chaudes larmes se cajolant et s'embrassant. Une partie de l'assistance, leurs supporters, qui sont des membres de leurs familles respectives, se met à pleurer à son tour. Et puis ils se réconcilient franchement et avec forces embrassades. De la pure comédie paumotu ! à l'étonnement des popaa présents.
Tavana Martial qui connaît bien ses administrés n'est pas intervenu, il a assisté à l'algarade et n'a rien dit, il savait bien que ce conflit de femmes devait se terminer ainsi. La boisson leur donne le verbe haut, la parole et les larmes faciles.
Les musiciens qui avaient cessé de jouer au plus fort de la bataille, jouissant eux aussi du spectacle, entament un tamouré bien connu. Les deux matrones pugilistes qui sont les premières à se déhancher sur la piste sont d'emblée suivies et imitées par tous. L'affaire est bien terminée.
Teragi, après voir brisé son scooter, est revenu comme tous les autres, à pied du bord de la mer. Toujours aussi ivre, il se plaint maintenant d'un grand mal au dos et demande à Eritapeta qui possède quelques connaissances pour cela, de lui faire un massage. La jeune fille acceptant, ce sera un surprenant massage des îles auquel nous allons assister.
Notre accidenté enlève sa chemise et se place, à plat ventre au sol, sur un peue, après avoir quelque peu égalisé le terrain à la main. La demoiselle se prépare pour ce massage tout simplement... en se mettant nu-pieds. Puis, posant une main sur l'épaule d'une camarade toute proche afin d'y prendre appui et de garder son équilibre, elle monte sur le dos du patient, avec légèreté et très lentement. Ainsi juchée et gardant toujours une main sur l'épaule de sa voisine, elle se déplace à très petits pas sur le torse de l'homme allongé, depuis les épaules jusqu'à la ceinture. On entend les craquements du cartilage de la cage thoracique du patient, sous le poids des soixante-cinq kilos de « l'infirmière ». Elle fait ainsi plusieurs passages sur le dos de Teragi qui gémit ; ses gémissements sont ponctués de « maitai » de satisfaction. Ce massage stupéfiant, que Louis aura l'occasion de revoir plusieurs fois à Reao, dure environ cinq minutes. Il est visible que le patient est parfaitement soulagé, la raideur qu'il affichait il y a quelques minutes a disparu. Eritapeta a parfait la séance en lui enduisant le torse de monoi, cette huile à tout faire de sa fabrication. Ragaillardi, l'homme s'en retourne vers une table et, avant de se remettre à manger, il se sert un grand verre de sangria ; c'est vrai, il peut, il en a encore le droit, puisqu'il a dit qu'il signerait demain, il ne va donc pas s'en priver.
Il commence à se faire tard et certains ont disposé des peue au sol ; ils vont dormir ici même ; les enfants et leurs petits chiens sont déjà assoupis et enchevêtrés dans un coin. Les parents s'y allongeront ; c'est bien pratique car au cours de la nuit, s'ils ont faim ou soif, ils n'auront qu'un pas à faire pour se servir.
Vers minuit, la musique s'arrête, les musiciens s'asseyent à table pour y prendre un copieux repas. L'un d'eux a quitté le groupe il y a un moment afin de faire réchauffer quelques aliments. C'est leur tour, ils l'ont bien gagné, et puis la fête s'essouffle, mais quand même, quelques indéracinables viennent se joindre à eux, ils se mettent à rire et à chanter tous ensemble. A portée de la main, les guitares reprennent bientôt du service. Ceux-là, on peut être sûr qu'au lever du soleil ils seront encore à la même place.
A un bout de table se trouvent placées deux personnes qui semblent increvables ; ce sont Titatapopo, l'infirmier-instituteur, et Itu, un gros et grand bonhomme de type asiatique et au gros ventre. Tous deux, voici bientôt huit heures qu'ils mangent, boivent, discutent, rotent et urinent. On ne sait même plus combien de fois ils se sont éloignés de quelques mètres sous les cocotiers pour cette dernière action. Rien n'aura pu les troubler : ni les baleines, ni la tortue, pas plus que la bagarre ou les tamourés.
Il y a belle lurette que le komo puaka est terminé, les bouteilles de whisky offertes par Teariki n'ont vraiment pas fait long feu. Seules les bassines de vin sucré ont encore de la ressource. Sur ces récipients on a posé une étoffe paréo, car d'énormes kakararu, des cafards volants gros comme un doigt humain, volent en tout sens ; lourdauds ils se cognent un peu partout, ils butent dans les morigaz où ils se brûlent les ailes et se retrouvent impotents au sol.
Le lendemain matin, le soleil levant et l'alizé trouvera une partie de ce monde encore là, certains à moitié endormis, et d’autres toujours chantant au son des guitares inépuisables.
Trois ou quatre autres personnes qui ont déjà cuvé une ou plusieurs bonnes cuites sont revenues s'asseoir à table et mâchouillent, plus ou moins endormis, des viandes froides qui demeurent sur les tables. Titatapopo et son compère Itu sont toujours à leur bout de table ; très en verve comme il se doit en Polynésie, ils parlent tour à tour, alternativement orateur ou unique auditeur, une exubérance inépuisable est de mise chez l’un comme chez l’autre, prenant à chacun son tour le Ciel à témoin du bien fondé de l’affirmation que l’autre conteste. Des comédiens !
Et comme il est coutume de prendre à Reao un repas vers neuf heures, selon l'éducation anglaise que reçurent les Polynésiens au début de l'évangélisation, au matin, Tetai Moeava s'est levé à cinq heures pour se rendre à la pêche malgré une gueule de bois des plus sèches, il s'en revient d'un hoa qu’il savait trouver très poissonneux, avec une énorme et lourde filoche de poissons accrochée au guidon de sa mobylette, suivi par tous ses chiens. Comme Tetai vahiné, qui est une grosse dormeuse, est sans doute encore ivre, c'est Katalina, de la maison d’à côté, déjà debout, et opérant comme chez elle, qui s'affaire à les préparer pour la cuisson à l'eau, tandis qu'une Maria bénévole, venue d'une autre maisonnée, ayant déniché de la farine dans un coffre, fabrique les boules de ipo.
Dans un moment, ces deux plats arriveront bien fumants sur la table, chacune des personnes présentes s'empressera d'y faire honneur, en laissant toutefois les six enfants adoptifs du maître de céans, pour qui il est allé à la pêche, se servir les premiers.
Fin- Onu ! onu ! une tortue !
Eritapeta part en courant comme beaucoup d'autres vers les lieux où se font entendre ces appels. Viens, dit-elle à Louis, passant près de lui, tu vas voir une tortue occupée à sa ponte dans le sable.
Mais voici qu'arrive à travers la cocoteraie et les rattrapant, Teragi sur son scooter. Toujours parfaitement ivre, il a pris son engin pour arriver plus vite. Il roule comme un fou entre les arbres et en dehors de tout chemin dans une zone très sableuse ; soudain, à pleine vitesse, il dérape sur le sable et est projeté à terre. Le scooter continuant sur sa lancée s'en va se fracasser contre un cocotier. L'avant désarticulé, il reste là, les roues en l'air, le moteur accéléré à fond et tournant follement à vide, projetant du sable et des cailloutis dans toutes les directions, le phare braqué au plus haut des arbres et éclairant un magnifique régime de noix vertes. Teragi qui est tombé dans un coin ensablé, par chance n'est pas blessé ; il se relève de lui même tenant toujours dans ses mains sa tête alcoolisée. Une vingtaine de personnes qui se sont approchées font cercle autour de lui, éclairant la scène de leur moripata et riant aux éclats - et Eritapeta est de ceux-là - comme devant un film comique, et sans s'inquiéter le moins du monde de la santé de l’accidenté.
Et lui, voyant le burlesque de son scooter toujours emballé et stimulé par les rires de l'assistance, éclate bruyamment à son tour. Au bout d'un instant, il annonce tout simplement à l’assistance, bombant le torse et en prenant Louis à témoin :
- Ananahi, o vau, signer Croix Bleue oe matahiti ! demain, je signe à la croix bleue pour une année.
C'est une réelle solution de sagesse, ce ne sera pas un serment d'ivrogne.
Alors tous ensemble rallient le rivage pour admirer la prise que vient de faire Ruita Pepenu, Louise à la grosse tête. Bien qu'un peu éméchée, elle aussi, par la boisson ingurgitée au cours de l'après-midi, elle est venue, comme on sait le faire ici, à la recherche d'une éventuelle tortue marine ; elle a donc gagné le gros lot !
Les tortues femelles viennent pondre dans la zone sableuse qui borde la partie extérieure de la forêt, entre celle-ci et les roches du récif. Elles abordent l'île à la marée montante, portées par les eaux qui se déversent sur le platier. Le chasseur parcourt le rivage à la recherche des profondes traces qu'elles laissent tout bêtement sur le sable avec ses pattes et le dessous de sa carapace ; une fois découvert l'un de ces tracés, on arrive sur la bête au bout de quelques dizaines de mètres au plus. Il suffit alors de la retourner sur le dos, de caler sa carapace avec trois ou quatre grosses pierres. Il ne reste pus qu’à appeler à l’aide et c'est ce que vient de faire Ruita. Une tortue adulte pèse lourd, il est impossible à une personne de l'apporter seule au village.
Cette femme vient de capturer une énorme femelle, elle mesure un mètre trente de longueur et près d'un mètre de largeur. La pauvre bête, qui git le ventre en l'air, était en pleine ponte, elle est toujours dans ses douleurs et de temps à autre un œuf blanc, rond et mou sort encore de ses entrailles, tombe sur le sable d'où il est ramassé. Elle a de la bave qui lui coule de la gueule, qui s'en va se mélanger aux larmes de ses yeux, semblant implorer humainement ses bourreaux. Ils seront sans pitié, elle est bien destinée à rallier le village et à finir au four. A deux mètres de là se trouve le trou qu'elle a creusé, dans lequel elle a eu le temps de déposer une cinquantaine d’œufs.
De la tortue qui vient d'être capturée, son poids sera évalué par curiosité, le lendemain, à l'aide d'un espar amarré en son milieu à une branche d'arbre ; elle équilibrera cent trente litres d'eau de mer, plus le poids du bidon à essence les contenant. Elle sera tuée dans la journée, Ruita en donnera à toute sa famille ; à leur charge de lui rendre la pareille lors d'une prochaine prise identique. Elle en portera un beau morceau au personnel de la météo pour les remercier d'être allé la récupérer avec le camion.
Le malheur dans cette affaire, qui est assurément une aubaine pour les habitants de l'atoll pour ce qui est de leur alimentation, c'est que dans ce genre de chasse, ce sont toujours les femelles qui en font les frais. Les mâles ne viennent pas à terre ou très rarement. On ne peut donc les capturer que dans l'océan où ils sont mille fois moins vulnérables que les femelles obligées de venir à la côte pour y déposer et enterrer leurs œufs.
Il existe un règlement émanant de Tahiti qui interdit de prélever les femelles, mais à Reao on est bien loin du pouvoir central. A Tahiti où les textes officiels sont rédigés, chacun mange convenablement, et de la viande à tous les repas s'il le désire. Ici, c'est bien différent, la faune d'un atoll est des plus réduites : cochon, chien, nous l'avons vu. On peut-être assuré qu'une directive interdisant la capture des femelles, lue à la porte de l'église par Tetua Moeava après la messe, restera lettre morte, et même pour lui, le donneur d'ordres.
Peu de temps après le retour des chasseurs de tortue, voici qu'une dispute éclate à l'une des tables, ce sont deux vahinés d'un quintal chacune qui se jettent au visage toutes sortes de noms d'oiseaux paumotu. Dans ce flot de parole, Rohi distingue des mots qui reviennent de temps à autre : vahiné keia piripou ! voleuse de culotte ; en réponse il comprend : vahiné keia puha, voleuse de coprah ! Sachant qu'il n'y a pas de voleurs ici, toute l'assistance a bien compris qu'il n'est question que d'emprunts illégaux. Elles ne vont pas tarder à en arriver à la prise de cheveux, dans lesquels il leur sera très facile de s'accrocher, vu leur longueur et leur solidité, pour l'une comme pour l'autre.
Autour des vahinés enflammées se forment deux équipes de partisans, hommes femmes et enfants. Ils discutent à qui mieux mieux du bien fondé de la réclamation de leur championne, les mots clés : culotte et coprah, reviennent avec véhémence. On a bien l'impression que l'on frôle la bataille générale.
Mais lorsque l'une des deux harpies traite l'autre de : vahiné ouri taata, de guenon, un animal qu'elles n'ont vu qu'au cinéma à la météo, c'est la ruée. Solidement agrippées l'une et l'autre par leur chevelure, elles s'écroulent en vrac au sol, déséquilibrées autant par le choc de l'assaut que par l'ivresse. Leurs supporters s'approchent pour les séparer et les spectateurs font cercle. Et voila que l’on l’on remarque dans ces actions brutales et désordonnées deux paires de cuisses bien potelées sous les paréos qui se relèvent jusqu'au piripou. Bientôt, c’est un épais sein bien ferme sortant d'un chemisier déchiré ; et puis, à suivre, plus de chemisier du tout sur l'une d'entre elles. Tous les enfants, parmi lesquels se trouvent les leurs, se mettent alors à pousser des cris, et bientôt des hurlements.
Enfin, on arrive à faire lâcher prise aux combattantes, et dans la seconde, à les séparer, le match étant probablement nul. Le calme revenu, elles se regardent toutes deux, éclatent en sanglots, s'asseyent sur les cailloux et tombent dans les bras l'une de l'autre en pleurant à chaudes larmes se cajolant et s'embrassant. Une partie de l'assistance, leurs supporters, qui sont des membres de leurs familles respectives, se met à pleurer à son tour. Et puis ils se réconcilient franchement et avec forces embrassades. De la pure comédie paumotu ! à l'étonnement des popaa présents.
Tavana Martial qui connaît bien ses administrés n'est pas intervenu, il a assisté à l'algarade et n'a rien dit, il savait bien que ce conflit de femmes devait se terminer ainsi. La boisson leur donne le verbe haut, la parole et les larmes faciles.
Les musiciens qui avaient cessé de jouer au plus fort de la bataille, jouissant eux aussi du spectacle, entament un tamouré bien connu. Les deux matrones pugilistes qui sont les premières à se déhancher sur la piste sont d'emblée suivies et imitées par tous. L'affaire est bien terminée.
Teragi, après voir brisé son scooter, est revenu comme tous les autres, à pied du bord de la mer. Toujours aussi ivre, il se plaint maintenant d'un grand mal au dos et demande à Eritapeta qui possède quelques connaissances pour cela, de lui faire un massage. La jeune fille acceptant, ce sera un surprenant massage des îles auquel nous allons assister.
Notre accidenté enlève sa chemise et se place, à plat ventre au sol, sur un peue, après avoir quelque peu égalisé le terrain à la main. La demoiselle se prépare pour ce massage tout simplement... en se mettant nu-pieds. Puis, posant une main sur l'épaule d'une camarade toute proche afin d'y prendre appui et de garder son équilibre, elle monte sur le dos du patient, avec légèreté et très lentement. Ainsi juchée et gardant toujours une main sur l'épaule de sa voisine, elle se déplace à très petits pas sur le torse de l'homme allongé, depuis les épaules jusqu'à la ceinture. On entend les craquements du cartilage de la cage thoracique du patient, sous le poids des soixante-cinq kilos de « l'infirmière ». Elle fait ainsi plusieurs passages sur le dos de Teragi qui gémit ; ses gémissements sont ponctués de « maitai » de satisfaction. Ce massage stupéfiant, que Louis aura l'occasion de revoir plusieurs fois à Reao, dure environ cinq minutes. Il est visible que le patient est parfaitement soulagé, la raideur qu'il affichait il y a quelques minutes a disparu. Eritapeta a parfait la séance en lui enduisant le torse de monoi, cette huile à tout faire de sa fabrication. Ragaillardi, l'homme s'en retourne vers une table et, avant de se remettre à manger, il se sert un grand verre de sangria ; c'est vrai, il peut, il en a encore le droit, puisqu'il a dit qu'il signerait demain, il ne va donc pas s'en priver.
Il commence à se faire tard et certains ont disposé des peue au sol ; ils vont dormir ici même ; les enfants et leurs petits chiens sont déjà assoupis et enchevêtrés dans un coin. Les parents s'y allongeront ; c'est bien pratique car au cours de la nuit, s'ils ont faim ou soif, ils n'auront qu'un pas à faire pour se servir.
Vers minuit, la musique s'arrête, les musiciens s'asseyent à table pour y prendre un copieux repas. L'un d'eux a quitté le groupe il y a un moment afin de faire réchauffer quelques aliments. C'est leur tour, ils l'ont bien gagné, et puis la fête s'essouffle, mais quand même, quelques indéracinables viennent se joindre à eux, ils se mettent à rire et à chanter tous ensemble. A portée de la main, les guitares reprennent bientôt du service. Ceux-là, on peut être sûr qu'au lever du soleil ils seront encore à la même place.
A un bout de table se trouvent placées deux personnes qui semblent increvables ; ce sont Titatapopo, l'infirmier-instituteur, et Itu, un gros et grand bonhomme de type asiatique et au gros ventre. Tous deux, voici bientôt huit heures qu'ils mangent, boivent, discutent, rotent et urinent. On ne sait même plus combien de fois ils se sont éloignés de quelques mètres sous les cocotiers pour cette dernière action. Rien n'aura pu les troubler : ni les baleines, ni la tortue, pas plus que la bagarre ou les tamourés.
Il y a belle lurette que le komo puaka est terminé, les bouteilles de whisky offertes par Teariki n'ont vraiment pas fait long feu. Seules les bassines de vin sucré ont encore de la ressource. Sur ces récipients on a posé une étoffe paréo, car d'énormes kakararu, des cafards volants gros comme un doigt humain, volent en tout sens ; lourdauds ils se cognent un peu partout, ils butent dans les morigaz où ils se brûlent les ailes et se retrouvent impotents au sol.
Le lendemain matin, le soleil levant et l'alizé trouvera une partie de ce monde encore là, certains à moitié endormis, et d’autres toujours chantant au son des guitares inépuisables.
Trois ou quatre autres personnes qui ont déjà cuvé une ou plusieurs bonnes cuites sont revenues s'asseoir à table et mâchouillent, plus ou moins endormis, des viandes froides qui demeurent sur les tables. Titatapopo et son compère Itu sont toujours à leur bout de table ; très en verve comme il se doit en Polynésie, ils parlent tour à tour, alternativement orateur ou unique auditeur, une exubérance inépuisable est de mise chez l’un comme chez l’autre, prenant à chacun son tour le Ciel à témoin du bien fondé de l’affirmation que l’autre conteste. Des comédiens !
Et comme il est coutume de prendre à Reao un repas vers neuf heures, selon l'éducation anglaise que reçurent les Polynésiens au début de l'évangélisation, au matin, Tetai Moeava s'est levé à cinq heures pour se rendre à la pêche malgré une gueule de bois des plus sèches, il s'en revient d'un hoa qu’il savait trouver très poissonneux, avec une énorme et lourde filoche de poissons accrochée au guidon de sa mobylette, suivi par tous ses chiens. Comme Tetai vahiné, qui est une grosse dormeuse, est sans doute encore ivre, c'est Katalina, de la maison d’à côté, déjà debout, et opérant comme chez elle, qui s'affaire à les préparer pour la cuisson à l'eau, tandis qu'une Maria bénévole, venue d'une autre maisonnée, ayant déniché de la farine dans un coffre, fabrique les boules de ipo.
Dans un moment, ces deux plats arriveront bien fumants sur la table, chacune des personnes présentes s'empressera d'y faire honneur, en laissant toutefois les six enfants adoptifs du maître de céans, pour qui il est allé à la pêche, se servir les premiers.
André Pilon
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"... Rompre avec toutes ses habitudes et s'en aller, errer, d'île en île, au pays de lumière."
Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°508
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Eh bien ! En terme de ripailles pantagruéliques, ils s'y entendent nos amis Paumotus ! L'ami Antoine, globe-flotteur, comme il dit, avait déja décrit la "gloutonnerie" de la population d'une ile du Pacifique , je crois me rappeler qu'il s'agissait, si mes souvenirs sont bons, des "kapingamarangis". Impressionnant, je ne fais pas le poids... Vite, saints citrate de bétaïne, et oxyboldine, priez pour nous !
Amicalement TUR2
Amicalement TUR2
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Ia orana ite matahiti api
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°509
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
J’ai eu l’occasion de feuilleter, en librairie sans doute, une relation d’Antoine en escale à Kapingamarangi, un atoll où il a peut-être fait escale plusieurs fois.
Ce qui est sûr, c’est que sur cet atoll, qui est peuplé par des Polynésiens, on parle un dialecte polynésien, alors qu’il est, étrangement, situé dans l’aire micronésienne (du reste dans le nom de l’atoll : Rangi, qu’il faudrait écrire Ragi, veut dire le ciel).
Et bien, je suis persuadé qu’un tamaaraa à Kapingamarangi sera aussi fourni en victuailles et aussi animé qu’un tamaaraa à Reao.
André Pilon
Ce qui est sûr, c’est que sur cet atoll, qui est peuplé par des Polynésiens, on parle un dialecte polynésien, alors qu’il est, étrangement, situé dans l’aire micronésienne (du reste dans le nom de l’atoll : Rangi, qu’il faudrait écrire Ragi, veut dire le ciel).
Et bien, je suis persuadé qu’un tamaaraa à Kapingamarangi sera aussi fourni en victuailles et aussi animé qu’un tamaaraa à Reao.
André Pilon
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marsouin- MATELOT D' HONNEUR
- Age : 70
- Message n°510
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Heureusement que ces tamaaraa ne sont plus élaborés qu'avec des "puaka" et des "uri"...
Lire à ce propos un petit livre illustré paru en 2006 à la Société des Etudes Océaniennes, "Naufrage à Okaro", qui conte l'épopée tragique de la corvette "Alcmène" au XIXe siècle, en Nlle-Calédonie puis en Nlle-Zélande.
A quand la publication des souvenirs paumotus du major ?
Marsouin
Lire à ce propos un petit livre illustré paru en 2006 à la Société des Etudes Océaniennes, "Naufrage à Okaro", qui conte l'épopée tragique de la corvette "Alcmène" au XIXe siècle, en Nlle-Calédonie puis en Nlle-Zélande.
A quand la publication des souvenirs paumotus du major ?
Marsouin
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°511
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
C'est en cours, Marsouin,mais c'est dur, c'est long, c'est tuant.
Et, puis, on n'a jamais fini de lire, de relire, de gommer, de regretter ce que l'on a rayé, de le remettre etc...
mon premier ouvrage, il m'a fallu dix ans ! et maintenant je me dis que j'aurais pu faire mieux.
Et puis, plus on écrit, plus on apprend à écrire, donc tu vois pourquoi ce n'est jamais bien.
A Pilon
Et, puis, on n'a jamais fini de lire, de relire, de gommer, de regretter ce que l'on a rayé, de le remettre etc...
mon premier ouvrage, il m'a fallu dix ans ! et maintenant je me dis que j'aurais pu faire mieux.
Et puis, plus on écrit, plus on apprend à écrire, donc tu vois pourquoi ce n'est jamais bien.
A Pilon
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marsouin- MATELOT D' HONNEUR
- Age : 70
- Message n°512
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Trop perfectionniste sans doute ! (Dé)formation professionnelle ?...
Comme tu as une bonne plume, ta prose est vivante et descriptive. Il arrive qu'à trop vouloir s'améliorer on déforme le rythme du récit originel et cela risque de distraire un peu le lecteur de son plaisir.
L'important dans la finalité, c'est la relecture orthographique et typographique que négligent nombre d'éditeurs...
Bon courage pour la suite et @ de prochaines aventures maritimes et ultramarines !
Marsouin
Comme tu as une bonne plume, ta prose est vivante et descriptive. Il arrive qu'à trop vouloir s'améliorer on déforme le rythme du récit originel et cela risque de distraire un peu le lecteur de son plaisir.
L'important dans la finalité, c'est la relecture orthographique et typographique que négligent nombre d'éditeurs...
Bon courage pour la suite et @ de prochaines aventures maritimes et ultramarines !
Marsouin
jean-claude BAUD- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 83
- Message n°513
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
André, j'ai pris au moins deux kilos en participant à ton kaikai...
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"Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
[James Dean]
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°514
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Excellente remarque Jean-claude.
Je suis persuadé que deux kilos, entre le manger et le boire, pour certains des plus corpulents c'est un peu faible, mais bien trois.
A Puka Puka, Panapa, notre fabricant d'hydrogène, à table chez lui, alors que son entourage avait mangé chacun deux ou trois kaveka, lui, en avait avalé une dizaine. Toujours à PK PK, je n'ai pas vu à table le nommé Mohina, qui portait trois sacs de coprah de presque 7O kgs chacun, en trottinant, je crois qu'il ne fallait pas simplement lui en promettre.
A P
Je suis persuadé que deux kilos, entre le manger et le boire, pour certains des plus corpulents c'est un peu faible, mais bien trois.
A Puka Puka, Panapa, notre fabricant d'hydrogène, à table chez lui, alors que son entourage avait mangé chacun deux ou trois kaveka, lui, en avait avalé une dizaine. Toujours à PK PK, je n'ai pas vu à table le nommé Mohina, qui portait trois sacs de coprah de presque 7O kgs chacun, en trottinant, je crois qu'il ne fallait pas simplement lui en promettre.
A P
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"... Rompre avec toutes ses habitudes et s'en aller, errer, d'île en île, au pays de lumière."
Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
jean-claude le coq- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 77
- Message n°515
Evocation du
Merci, encore Monsieur Pilon , la vie de Réao est si bien décrite que je n'en retiendrai
volontairement que le côté "bon enfant" pour penser que le jardin d'Eden expurgé de bondieuseries,et bien ça ne devrait pas être si différent du quotidien de cette communauté
presque enviable, même dans ses travers si humains?..Avec le tamara,je n'ai pu m'empêcher de penser aux orgies un peu "Gauloises" lors des "batteries" ou de "la tuerie du cochon" jusqu'aux années cinquante-avant l'électricité , l'eau courante et le "remembrement"-dévastateur- dans nos fermes familiales..en plus de l'entraide spontanée aux travaux de force,l'ambiance était souvent entretenue à coup de plaisanteries grivoises,ripailles et libations qui faisaient que coquineries,crêpages de chignons et horions étaient souvent à redouter de ceux qui avaient "la tête près du bonnet" ou "l'alcool mauvais".Encore cinquante ans plutôt et Gaston Couté évoquait
presque à l'identique notre vie campagnarde sans doute bien proche de celle de nos ancêtres
Gaulois ou de nos amis Paumotus?..Le temps n'est sûrement pas ce que nous croyons-si il existe?..
Encore merci pour ces pages mémorables,relatant des évènements que peu d'entre nous ont eu la la chance de toucher de si près...
Toutes mes amitiés et bonne nuit à tous
J-Claude
volontairement que le côté "bon enfant" pour penser que le jardin d'Eden expurgé de bondieuseries,et bien ça ne devrait pas être si différent du quotidien de cette communauté
presque enviable, même dans ses travers si humains?..Avec le tamara,je n'ai pu m'empêcher de penser aux orgies un peu "Gauloises" lors des "batteries" ou de "la tuerie du cochon" jusqu'aux années cinquante-avant l'électricité , l'eau courante et le "remembrement"-dévastateur- dans nos fermes familiales..en plus de l'entraide spontanée aux travaux de force,l'ambiance était souvent entretenue à coup de plaisanteries grivoises,ripailles et libations qui faisaient que coquineries,crêpages de chignons et horions étaient souvent à redouter de ceux qui avaient "la tête près du bonnet" ou "l'alcool mauvais".Encore cinquante ans plutôt et Gaston Couté évoquait
presque à l'identique notre vie campagnarde sans doute bien proche de celle de nos ancêtres
Gaulois ou de nos amis Paumotus?..Le temps n'est sûrement pas ce que nous croyons-si il existe?..
Encore merci pour ces pages mémorables,relatant des évènements que peu d'entre nous ont eu la la chance de toucher de si près...
Toutes mes amitiés et bonne nuit à tous
J-Claude
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°516
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Bonjour Jean Claude L.C.
Comme tu le sais, moi aussi je suis de la campagne et je peux mettre en parallèle, les choses de la mer en moins, tout ce que je décris pour Reao avec ce qui se passait dans mon entourage paysan lors de larges « baffreries, » telles que celle que tu cites : abattage du cochon : une grillage, deux grillades débordant de l’assiette, et finir celle du gamin qui avait eu les yeux plus grands que le ventre. Les mariages, les battages. Non, ce n’était pas triste et presque toujours, et même aux mariages, il pouvait y avoir des horions quand la fête tirait à sa fin. On connaissait les virulents après boire, les teigneux, les rancuniers pour de vieilles affaires lointaines et dont le pourquoi était parfois à moitié oublié. On y veillait, on devançait leur action mauvaise. Sur les atolls, des teigneux, il y en a aussi et on en a vu sortir le fusil de pêche. A Reao précisément, un Pomotu de mes jeunes amis de 1967, devenu adulte et à l’alcool mauvais sans doute (je n’étais pas présent) a fléché sa femme, un jour. Là, au tamaaraa, j’ai décrit une bagarre de femme bon enfant, comme elles existent aussi. J’en avais vu une à Rapa pour un « emprunt » de culotte, et l’autre à Tureia.
Amicalement
A P
Comme tu le sais, moi aussi je suis de la campagne et je peux mettre en parallèle, les choses de la mer en moins, tout ce que je décris pour Reao avec ce qui se passait dans mon entourage paysan lors de larges « baffreries, » telles que celle que tu cites : abattage du cochon : une grillage, deux grillades débordant de l’assiette, et finir celle du gamin qui avait eu les yeux plus grands que le ventre. Les mariages, les battages. Non, ce n’était pas triste et presque toujours, et même aux mariages, il pouvait y avoir des horions quand la fête tirait à sa fin. On connaissait les virulents après boire, les teigneux, les rancuniers pour de vieilles affaires lointaines et dont le pourquoi était parfois à moitié oublié. On y veillait, on devançait leur action mauvaise. Sur les atolls, des teigneux, il y en a aussi et on en a vu sortir le fusil de pêche. A Reao précisément, un Pomotu de mes jeunes amis de 1967, devenu adulte et à l’alcool mauvais sans doute (je n’étais pas présent) a fléché sa femme, un jour. Là, au tamaaraa, j’ai décrit une bagarre de femme bon enfant, comme elles existent aussi. J’en avais vu une à Rapa pour un « emprunt » de culotte, et l’autre à Tureia.
Amicalement
A P
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Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
TUR2- SECOND MAITRE 1ère CLASSE
- Age : 67
- Message n°517
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Bonjour,
Vos derniers posts rejoignent mon commentaire sur des similitudes de comportement entre le tamaraa de Reao et des manifestations de nos campagnes. A ceci près , l'influence de l'église et de ses carcans. Mais cela n'est-il pas un mal nécessaire pour fixer certaines limites ? Quoique... Je crois me souvenir lorsque j'étais à Tahiti que dans une ile Paumautu, avait éclatée une vilaine affaire, entre religieux, sectaire , en tout cas de manipulation. Un "gourou" avait étendu son influence sur un village, ses délires avaient conduit à des scènes de tortures et peut être pire. Je ne me rappelle plus des détails. En tout cas la vie en vase clot peut conduire à toute sorte d'excès, aussi, peut être la présence de la religion remplaçant les tapus anciens fixe-t-lle des limites ce que l'on peut faire ou ne pas faire, surtout lorque l'ancien système de fonctionnement de ces sociétés a été détruit. Les exemples de communautés qui ont mal tournées sont fréquentes. Ile de Pâques, les tentatives sur Clipperton et autres... En tout cas la sociologie des iles rejoint un peu celle des vallées et autres espaces clots, comme, par exemple un bateau(quoique dans ce cas, c'est l'autorité et la hierarchie qui y pallient, mais néanmoins des mutineries..), dans lesquels le spirituel prend toute son importance quand chacun sait tout de ses voisins.
Cordialement TUR2
Vos derniers posts rejoignent mon commentaire sur des similitudes de comportement entre le tamaraa de Reao et des manifestations de nos campagnes. A ceci près , l'influence de l'église et de ses carcans. Mais cela n'est-il pas un mal nécessaire pour fixer certaines limites ? Quoique... Je crois me souvenir lorsque j'étais à Tahiti que dans une ile Paumautu, avait éclatée une vilaine affaire, entre religieux, sectaire , en tout cas de manipulation. Un "gourou" avait étendu son influence sur un village, ses délires avaient conduit à des scènes de tortures et peut être pire. Je ne me rappelle plus des détails. En tout cas la vie en vase clot peut conduire à toute sorte d'excès, aussi, peut être la présence de la religion remplaçant les tapus anciens fixe-t-lle des limites ce que l'on peut faire ou ne pas faire, surtout lorque l'ancien système de fonctionnement de ces sociétés a été détruit. Les exemples de communautés qui ont mal tournées sont fréquentes. Ile de Pâques, les tentatives sur Clipperton et autres... En tout cas la sociologie des iles rejoint un peu celle des vallées et autres espaces clots, comme, par exemple un bateau(quoique dans ce cas, c'est l'autorité et la hierarchie qui y pallient, mais néanmoins des mutineries..), dans lesquels le spirituel prend toute son importance quand chacun sait tout de ses voisins.
Cordialement TUR2
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Ia orana ite matahiti api
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°518
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Voici, à Reao, un Pomotu local dans la cocoteraie
Il s’appelle, c’est indiqué par la légende de la photo : Kehauri Teano. Ceux qui connaissent le pays savent bien que sa couleur de peau est celle de ceux qui ont passé la semaine au coprah dans les cocotiers.
Sa charrette est faite de matériaux de récupération : roue de mobylette dont on voit encore les pignons et du bois de caisses assemblé.
La cocoteraie est visible en arrière-plan et on se rend compte qu’aligner ces arbres ça n’a pas été leur fort en tous lieux.
Comme le soleil tape dur, il s’est fait une couronne de feuillage de cocotier pour s’en protéger. De ce feuillage, il en rapporte chez lui pour faire un ou plusieurs paniers ou pour orner sa maison ou bien encore décorer l’église… on se sert beaucoup de feuillage pour décorer à Reao, la matière première est bien peu variée.
Il est remarquable que son paréo est agencé en forme de short.
Sa charrette est faite de matériaux de récupération : roue de mobylette dont on voit encore les pignons et du bois de caisses assemblé.
La cocoteraie est visible en arrière-plan et on se rend compte qu’aligner ces arbres ça n’a pas été leur fort en tous lieux.
Comme le soleil tape dur, il s’est fait une couronne de feuillage de cocotier pour s’en protéger. De ce feuillage, il en rapporte chez lui pour faire un ou plusieurs paniers ou pour orner sa maison ou bien encore décorer l’église… on se sert beaucoup de feuillage pour décorer à Reao, la matière première est bien peu variée.
Il est remarquable que son paréo est agencé en forme de short.
Photo Bruno Tetaria
André Pilon
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Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
jean-claude BAUD- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 83
- Message n°519
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Très belle photo..
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"Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
[James Dean]
jean-claude BAUD- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 83
- Message n°520
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Voici un excellent livre bilingue illustré de merveilleuses photos à chaque page , relatant l'importance vitale du cocotier pour les Tuamotu...
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Ce livre m'a été gracieusement offert par notre regretté Papou ..
Éditions HAERE PO.
BP1958-
98713 Papeete-TAHITI-Polynésie Française.
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"Puisqu'on ne peut changer la direction du vent, il faut apprendre à orienter les voiles".
[James Dean]
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°521
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
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"... Rompre avec toutes ses habitudes et s'en aller, errer, d'île en île, au pays de lumière."
Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
jean-claude BAUD- MAÎTRE PRINCIPAL
- Age : 83
- Message n°522
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
André, je crois que ta lampe est une PÉTROMAX...
J'ai plus souvent utilisé la lampe COLEMAN.
Le changement et la mise à feu du manchon de la "mori gas" demandait un certain doigté..
ALLUME LE MANCHON: A'TUTU'I TE 'UITI..(mes souvenirs sont-ils bons?)
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J'ai plus souvent utilisé la lampe COLEMAN.
Le changement et la mise à feu du manchon de la "mori gas" demandait un certain doigté..
ALLUME LE MANCHON: A'TUTU'I TE 'UITI..(mes souvenirs sont-ils bons?)
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[James Dean]
† MARECHAL- PREMIER MAÎTRE
- Age : 81
- Message n°523
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Bien sure que j'ai utilisé la fameuse "mori gas" , notamment à Taku. Sa lumière, l'odeur de la combustion du gaz, donnaient une ambiance particulière dans le faré. Souvenirs et nostalgie!...
† PILON- MAJOR
- Age : 94
- Message n°524
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Jean Claude
André Pilon
La lampe à pétrole présentée est bien une Pétromax. Moi, je n’ai toujours vu que des Coleman aux Tuamotu et, jusqu’à ce jour, je croyais qu’il n’y avait que ce genre-là. Du reste on ne disait jamais : lampe à pétrole, mais lampe Coleman
Dans nos îl, les Pomotu s’en servaient pour s’éclairer, un peu, et beaucoup pour aller à la pêche nocturne
Avant l’installation du CEP, du pétrole, il n’y en avait guère sur un atoll et il était cher et il n’y avait pas beaucoup d’argent. Les popaa, arrivant avec leurs stations météo et des fûts de gas-oil pour les groupes, des fûts d’essence pour les véhicules, plusieurs fûts de pétrole pour alimenter nos lampes coleman, qu’il y eut, à la station au début de cette période, ce fut une période assez faste pour certains habitants, selon le bon vouloir du chef de poste.
L’arrivée des lampes à pétrole ordinaire (mori tei tei) fut une bonne chose pour ces populations à partir de la fin du dix-huitième siècle. Probablement apportées par les missionnaires, elles permettaient un éclairage nocturne qui remplaçait les lampes à huile (graisses d’animaux marins, en faible quantité). Cet éclairage nouveau chassait les Tupapaku, leurs fantômes.
C’était plus utile que des lits métalliques, des machines à coudre ou des pots de chambre ou des fers à repasser (n’oublions pas que les traficants vendaient ces objets à des gens qui étaient nus, ou qui dormaient à terre)
On nous dit que la lampe à pression fut mise au point vers 1910. Je suppose qu’elle déboula bien vite dans le Grand Océan. Mais il fallut que le pétrole suive. Ce fut une bonne chose principalement pour la pêche. En effet comme l’éclairage attire les poisons, avec cette puissante lumière, ce fut l’opulence.
Tout le personnel des stations météos est allé à la pêche avec cet éclairage, n’est-ce pas ? Personnellement, je tenais ainsi d’une main la lampe, de l’autre le tipi-rahi, (grand couteau) le coupe coupe :
Passant mon bras gauche dans l’anse de la lampe, par en haut, je fais venir ma main vers le bas pour la prendre par dessous le réservoir, ainsi elle est bien calée et on ne risque pas de se brûler avec le verre qui peut occasionner de fortes brûlures si l’on n’y prend garde (j’en garde une marque au mollet). Marchant sur le récif ainsi bien éclairé, de la main droite disponible, je tiens le coupe coupe et je tranche tous les poissons qui passent à ma portée. Un aide, muni d’un autre tipi rahi et d’un sac, équipé de gants, les ramasse et les fourre dans le sac.
Le matin, ( en 67- 70 et je présume que c’est encore pareil) les Pomotu se rendent à l’église alors qu’il fait encore nuit et l’on s’y rend avec trois ou quatre lampes coleman pour éclairer l’église et les livres de prière et de chants. Je n’ai pas approfondi, mais je crois qu’il y a un tour de lampes, ce n’est pas l’église qui paye le pétrole. Tout comme à cette époque, il y a un tour pour nourrir le prêtre itinérant.
L’éclairage aux Coleman est largement dispensé le samedi soir, le jour de mahana maa. Comme demain, tapati, il n’y a pas à aller à la pêche, il est interdit de travailler le dimanche, on va veiller jusqu’à deux ou trois heures du matin en se groupant par familles ou amis, en buvant du komo puaka, de la sangria, s’il y en a bien sûr, en perçant des pipis avec une alène pour en faire des colliers, en tressant de fins cordages avec la bourre de l’enveloppe de la noix de coco, et aussi en fumant l’affreux tabac bison dont les femmes roulent les cigarettes, qu’elles placent dans la bouche de leurs hommes après en avoir tiré une ou deux goulée. Les guitaristes sortent aussi leurs instruments, apportant un peu de distraction. Ils s’activent, et c’est vite fait, à reproduire les airs nouveaux qu’il ont entendus à l’émission tahitienne « allo les îles ». Et puis on s’exerce à les chanter. Trouver les tierces, les quartes et les quintes chez certains, c’est quelque chose d’inné, et même des neuvièmes. Les Polynésiens sont nés musiciens. En 1970, Tahiti est le pays, où, proportionnellement au nombre d’habitants, la production musicale est la plus importante au monde. A tel point que, se sentant grugés par la Sacem, ils ont fait sécession et créé la Spacem : Société Polynésienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.
La photo jointe vous montre un faré où deux lampes coleman à gaz sont encore accrochées aux boiseries de l’auvent qui devance le faré de construction missionnaire. C’est que l’on a veillé ici, hier, samedi soir, assis sur le soubassement du bâtiment. Il est bientôt midi, la jeune femme qui revient de la messe dominicale est entrain d’enlever sa robe de cérémonie tout en surveillant les enfants de la maison, avant de faire le ménage et ranger ces lampes.
Dans nos îl, les Pomotu s’en servaient pour s’éclairer, un peu, et beaucoup pour aller à la pêche nocturne
Avant l’installation du CEP, du pétrole, il n’y en avait guère sur un atoll et il était cher et il n’y avait pas beaucoup d’argent. Les popaa, arrivant avec leurs stations météo et des fûts de gas-oil pour les groupes, des fûts d’essence pour les véhicules, plusieurs fûts de pétrole pour alimenter nos lampes coleman, qu’il y eut, à la station au début de cette période, ce fut une période assez faste pour certains habitants, selon le bon vouloir du chef de poste.
L’arrivée des lampes à pétrole ordinaire (mori tei tei) fut une bonne chose pour ces populations à partir de la fin du dix-huitième siècle. Probablement apportées par les missionnaires, elles permettaient un éclairage nocturne qui remplaçait les lampes à huile (graisses d’animaux marins, en faible quantité). Cet éclairage nouveau chassait les Tupapaku, leurs fantômes.
C’était plus utile que des lits métalliques, des machines à coudre ou des pots de chambre ou des fers à repasser (n’oublions pas que les traficants vendaient ces objets à des gens qui étaient nus, ou qui dormaient à terre)
On nous dit que la lampe à pression fut mise au point vers 1910. Je suppose qu’elle déboula bien vite dans le Grand Océan. Mais il fallut que le pétrole suive. Ce fut une bonne chose principalement pour la pêche. En effet comme l’éclairage attire les poisons, avec cette puissante lumière, ce fut l’opulence.
Tout le personnel des stations météos est allé à la pêche avec cet éclairage, n’est-ce pas ? Personnellement, je tenais ainsi d’une main la lampe, de l’autre le tipi-rahi, (grand couteau) le coupe coupe :
Passant mon bras gauche dans l’anse de la lampe, par en haut, je fais venir ma main vers le bas pour la prendre par dessous le réservoir, ainsi elle est bien calée et on ne risque pas de se brûler avec le verre qui peut occasionner de fortes brûlures si l’on n’y prend garde (j’en garde une marque au mollet). Marchant sur le récif ainsi bien éclairé, de la main droite disponible, je tiens le coupe coupe et je tranche tous les poissons qui passent à ma portée. Un aide, muni d’un autre tipi rahi et d’un sac, équipé de gants, les ramasse et les fourre dans le sac.
Le matin, ( en 67- 70 et je présume que c’est encore pareil) les Pomotu se rendent à l’église alors qu’il fait encore nuit et l’on s’y rend avec trois ou quatre lampes coleman pour éclairer l’église et les livres de prière et de chants. Je n’ai pas approfondi, mais je crois qu’il y a un tour de lampes, ce n’est pas l’église qui paye le pétrole. Tout comme à cette époque, il y a un tour pour nourrir le prêtre itinérant.
L’éclairage aux Coleman est largement dispensé le samedi soir, le jour de mahana maa. Comme demain, tapati, il n’y a pas à aller à la pêche, il est interdit de travailler le dimanche, on va veiller jusqu’à deux ou trois heures du matin en se groupant par familles ou amis, en buvant du komo puaka, de la sangria, s’il y en a bien sûr, en perçant des pipis avec une alène pour en faire des colliers, en tressant de fins cordages avec la bourre de l’enveloppe de la noix de coco, et aussi en fumant l’affreux tabac bison dont les femmes roulent les cigarettes, qu’elles placent dans la bouche de leurs hommes après en avoir tiré une ou deux goulée. Les guitaristes sortent aussi leurs instruments, apportant un peu de distraction. Ils s’activent, et c’est vite fait, à reproduire les airs nouveaux qu’il ont entendus à l’émission tahitienne « allo les îles ». Et puis on s’exerce à les chanter. Trouver les tierces, les quartes et les quintes chez certains, c’est quelque chose d’inné, et même des neuvièmes. Les Polynésiens sont nés musiciens. En 1970, Tahiti est le pays, où, proportionnellement au nombre d’habitants, la production musicale est la plus importante au monde. A tel point que, se sentant grugés par la Sacem, ils ont fait sécession et créé la Spacem : Société Polynésienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.
La photo jointe vous montre un faré où deux lampes coleman à gaz sont encore accrochées aux boiseries de l’auvent qui devance le faré de construction missionnaire. C’est que l’on a veillé ici, hier, samedi soir, assis sur le soubassement du bâtiment. Il est bientôt midi, la jeune femme qui revient de la messe dominicale est entrain d’enlever sa robe de cérémonie tout en surveillant les enfants de la maison, avant de faire le ménage et ranger ces lampes.
André Pilon
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Charmian Kitteredge London, la femme de Jack London.
† CYBAL Jacques- PREMIER MAÎTRE
- Message n°525
Re: REAO, l'écho d'un lointain lagon.
Salut à tous,
Il est vrai comme le dit André, j'ai toujours connu l'appellation "coleman" pour toutes les lampes de Réao, et que de km parcourus la nuit sur le platier grâce à cette lumière divine...
Il est vrai comme le dit André, j'ai toujours connu l'appellation "coleman" pour toutes les lampes de Réao, et que de km parcourus la nuit sur le platier grâce à cette lumière divine...